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21.4.2022

Maison&Objet : une édition de transition

Décalé du 24 au 28 mars pour cause de pandémie, Maison&Objet s’est déroulé dans un bon climat d’affaires, qui a vu notamment un retour remarqué des acheteurs étrangers, laissant augurer d’un retour prochain à la normale. L’ouverture le jeudi ou lieu du vendredi, qui a donné lieu à deux premiers jours très animés, a été saluée par l’ensemble des exposants, et sera reconduite pour la prochaine édition, programmée du 8 au 12 septembre 2022.

La pandémie a tellement bousculé nos habitudes, qu’on n’est presque plus surpris par rien… comme de voir se tenir Maison&Objet à la fin mars, ce qui n’est probablement jamais arrivé ! À ce jeu-là, l’édition qui vient de fermer ses portes était forcément atypique à tous les points de vue, mais elle a néanmoins joué son rôle de grand rendez-vous de la décoration internationale. Bien sûr, l’offre n’était pas identique à celle que l’on retrouve normalement à la session de janvier, qui est traditionnellement riche en exposants du meuble. En raison d’une pandémie encore active dans certaines régions du globe – en particulier la Chine – et des difficultés traversées actuellement par tout le monde de la fabrication – confronté à une tension sur les matières premières et sur les composants d’importations lointaines, cette édition a attiré environ 1 600 exposants contre 2 600 en temps normal, c’est-à-dire pas loin des deux tiers. L’organisateur fait état de 1 800 marques représentées, alors qu’elles ont habituellement 3 000. On peut logiquement penser que beaucoup d’entreprises, qui ont à la fois du mal à s’approvisionner et des carnets de commande bien remplis, et par conséquent du mal à livrer dans des délais corrects, ont considéré que leur présence en tant qu’exposant n’avait pas beaucoup de sens.

Du côté des visiteurs, les quotas habituels ne sont pas atteints non plus, avec le chiffre de 51 656 entrées communiqué par l’organisateur, alors qu’on se situe plutôt pour une session normale en janvier autour de 80 000 – nous sommes donc aussi à environ deux tiers du visitorat normal. Un déficit qui peut s’expliquer en partie par la saisonnalité, puisque beaucoup de retailers ont déjà effectués leurs achats de la saison en mars. Cependant, la bonne surprise vient du retour des étrangers, représentant un tiers de ce total – 18 674 exactement – un pourcentage en hausse de 36,7 % par rapport à l’édition de septembre 2021, qui laisse augurer un retour prochain à la normale, à mesure que les restrictions s’effacent et que les déplacements retrouvent leur fluidité. Parmi ceux-ci, on note la présence de 1 800 acheteurs Anglais – qui étaient confinés en septembre dernier – de 850 Nord-Américains, ou encore de 1 100 Moyen-Orientaux. Les prescripteurs – 34 % du visitorat – ont été au rendez-vous, de même que le secteur des CHR, avec environ 2 500 professionnels.

Livin’Up (Home Spirit) – le courrier du meuble et de lhabitat

Des exposants fidèles au rendez-vous

Un certain nombre d’exposants traditionnellement présents en janvier ont fait le choix d’être présent, et ne l’ont pas regretté. « La fréquentation a été très bonne les deux premiers jours, jeudi et vendredi, ce qui est une surprise, ensuite il y a eu moins de monde, mais des contacts qualitatifs, déclare Eric Delpierre, directeur commercial de Home Spirit. Autre surprise, nous avons vu beaucoup d’étrangers, d’Allemagne, Italie, Autriche, Espagne et Portugal, et même d’Amérique du Sud. » Le fabricant de canapés joue la carte du made in France, en mettant en avant son label Origine France Garantie, et son fonctionnement en circuit court, puisque 80 % de ses matières premières viennent de moins de 100 km autour de son usine principale, située près de Lille. Il a cependant lancé une nouvelle marque, Livin’Up, correspondant à une nouvelle collection plus haut de gamme – avec design exclusif, capitonnage, têtière amovible, pieds métal… – qui est fabriquée dans sa deuxième usine, située en Pologne, spécialisée notamment dans la coupe couture. Cette marque s’adresse aux magasins de meubles indépendants, situés sur le moyen et haut de gamme. Autre exposant fidèle, Resistub fait état d’un salon correct, mais sans plus : « C’est une bonne idée de démarrer le salon le jeudi, puisque les deux premiers jours ont été pros, explique son directeur Clément Bernagou. Le week-end en revanche a été moins dynamique, avec peu d’architectes mais il est vrai qu’ils sont actuellement débordés. » Le fabricant français de mobilier métallique, qui a mis en évidence ses deux marques Resistub productions pour le retail, et Résistub Contract, relève aussi une lisibilité de l’offre mise à mal par l’absence de certains exposants, et plaide pour le retour d’un « pôle mobilier clair et consistant regroupé dans le hall 6 ».

De son côté, le fabricant basque Alki confirme aussi une « fréquentation de bonne qualité le week-end, et un peu plus calme par la suite, en soulignant un nombre élevé de nouveaux contacts, et beaucoup d’architectes d’intérieur ». Sur un stand orienté vers les espaces contract et tertiaires, ce salon lui a permis de lancer le nouveau siège Pottolo, signé du duo de designers Iratzoki et Lizaso, une assise enveloppante et confort déclinée dans de nombreuses combinaisons avec revêtement en tissu ou cuir, et piétement bois ou métal. Les savoir-faire maison sont aussi mobilisés pour une autre nouveauté, le système d’aménagement Zuzulu, qui permet de cloisonner des postes de travail ou des espaces de façon modulaire, avec des matériaux sélectifs comme le chêne ou le feutre. Dans le registre du mobilier outdoor, Sifas a profité de ce rendez-vous pour affirmer sa stratégie, depuis sa récente reprise par Jérôme Armaroli, désormais seul à la barre, qui annonce l’arrivée de son fils Julien pour piloter le développement commercial de cette entreprise familiale créée en 1964 à Mougins. « Notre persistance dans la qualité et notre approche du design ont permis à Sifas de se développer en France comme à l’international, aussi bien chez les particuliers que dans les plus beaux hôtels, restaurants, yacht ­ le contract représentant aujourd’hui 18 % de notre chiffre d’affaires, déclare Jérôme Armaroli. Nous visons une croissance de nos ventes de 30 % d’ici 2 ans en nous concentrant sur 4 axes stratégiques majeurs ». Ces axes sont le développement du réseau de distribution, l’accroissement de la notoriété et des ventes à l’international, la communication digitale et le design. Après une collaboration réussie avec Döppel Studio, qui a donné la collection Big Roll, ce dernier axe est confirmé par la nouvelle et très élégante collection lancée sur le salon, Outline, signée Samuel Accoceberry.

Des nouveaux profils d’exposants

Ce contexte particulier permet aussi à des marques ou collections nouvelles de trouver de l’espace dans les allées du salon. C’est ainsi que le groupe TerraBell s’est associée avec le designer Erwan Péron pour élaborer et lancer la collection Eko, fabriquée exclusivement avec des bois français dans les usines de l’entreprise basées en Europe (Portugal), et distribuée par la société Plaisance. Avec cette nouvelle collection, déclinée en commode, enfilade, chiffonnier ou encore meuble TV et bureau, le designer a voulu signer un produit qui est une ode à la nature, où le matériau bois est mis en valeur dans un mobilier à la fois robuste, conçu pour durer, et dans un style intemporel, pour répondre aux attentes actuelles en termes de développement durable. Fabriqué en Europe, ce mobilier répond aux impératifs des circuits courts, et peut être livré dans des délais très réactifs. Une redistribution des cartes qui profitent aux marques françaises, puisque cette édition en accueilli 762, une quantité jamais atteinte jusqu’à présent, avec de nombreux acteurs qui ne se contentent pas de fabriquer, mais répondent aussi à un ensemble de valeurs sociétales. On peut le vérifier avec le stand collectif qui réunissait les jeunes maisons d’éditions françaises dans le hall 7 (Signature), Noma, Red Editions, la Chaise française ou encore Lonaeh. « Notre conviction est que le meuble de demain sera à la fois créatif, luxueux et responsable, déclare Bruce Ribay, l’un des co-fondateurs de Noma Editions avec Guillaume Galloy. Pour y parvenir, nous concevons des meubles qui mettent en œuvre en moyenne 83 % de matériaux recyclés, fabriqués à 75 % en France et 25 % dans les pays limitrophes, pour minimiser l’impact carbone du transport. » Une approche qui ne se fait pas au détriment de l’esthétique des produits, puisque l’éditeur travaille avec des designers de grand talent, comme le montre le produit emblématique de la marque, le fauteuil Art 77,5, un chiffre qui correspond à son taux de matériaux recyclés. Mais la collection est aujourd’hui beaucoup plus large, avec le fauteuil Laime 42 de la même créatrice, en tube de métal recyclé et drap de laine française, ou encore la table – bureau Nii, créée par Ateliers 2/3/4, qui se caractérise par son double plateau en hêtre massif, qui permet à la fois de travailler, prendre ses repas, jouer… en faisant disparaître des objets dans l’espace intermédiaire. Un profil d’exposants orientés développement durable qui est appelé à gagner de plus en plus de présence dans les prochaines éditions du salon.

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[Zoom]

Triss, fabricant indépendant et pilier du salon

Marque de mobilier haut de gamme, Triss a exposé sur Maison&Objet pour la 33ème fois sur un stand de plus de 300 m² situé à l’entrée du hall 6. « Nous sommes à la fois éditeurs pour la partie canapés de notre offre, dont nous assurons la création en France et la fabrication en Italie du Nord, et fabricants pour la partie mobilier, qui est réalisée dans nos ateliers situés à proximité du Mans », explique Michel Gross, le directeur général de cette entreprise qui existe depuis 1992. Tous les produits de la marque se caractérisent par des matériaux sélectionnés, et une qualité de fabrication qui répond aux attentes du négoce indépendant haut de gamme, et des architectes décorateurs. Privée de salon depuis deux ans de salon, l’équipe de Triss s’est déclarée ravie de pouvoir à nouveau échanger avec ses clients, et souligne le retour en force des visiteurs export, dont elle attend de nombreuses retombées.

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