Après avoir fait du made in France l’un de ses chevaux de bataille, le distributeur devenu aussi éditeur avance ses pions dans l’éco-responsabilité en développant des produits issus de l’économie circulaire, et en arrêtant le référencement de produits fabriqués hors Union européenne. Des initiatives fortes qui nourrissent son statut d’entreprise à mission.
Dénominateur commun aux nouveaux éditeurs émergeants, sujet de webinaires, fil conducteur de salons – jusqu’à Maison&Objet de cette rentrée, qui a choisi pour thème « développement désirable » – le développement durable et ses corollaires le recyclage et l’éco-responsabilité sont sur toutes les lèvres. Si on n’en parlait déjà auparavant, il semble que la crise de la Covid-19 et l’accélération du changement climatique ont provoqué un électrochoc dans le public, qui veut désormais savoir de quoi se composent les produits qu’il achète, où ils ont été fabriqués, et quel est l’impact des matériaux utilisés et de leur transport sur l’environnement. Une accélération qui valide la stratégie des fabricants et distributeurs qui avaient déjà choisi l’option de l’éco-responsabilité, et qui ont de ce fait une longueur d’avance. C’est le cas de la Camif qui, sous la houlette de son repreneur Émery Jacquillat, a créé dès 2017 son activité édition – Camif Édition – avec plusieurs engagements : celui de l’économie locale et de l’emploi sur nos territoires, en faisant travailler des fabricants français ; celui de la solidarité sociale, en faisant appel pour certains produits à des Établissements spécialisés d’aide par le travail (ESAT) qui emploient des travailleurs handicapés ; celui d’utiliser des matériaux peu impactants pour l’environnement ; celui de la transparence, en indiquant le lieu de fabrication, et le kilométrage parcouru par les produits depuis l’usine. Ajoutons aussi le choix de l’innovation, en incluant une démarche de design qui rend les produits désirables, et celui de la santé, puisque l’éditeur utilise des panneaux de particules et du MDF à faible émission de COV, et des produits de finition à l’eau, pour garantir une bonne qualité de l’air intérieur.

Canapé Olivier (collection Camif Éditions 2021) Copyright Garnier Studios
Plus loin dans l’économie circulaire
Lancée en mars dernier, la collection 2021 de Camif Éditions répond à toutes ces exigences. Elle comprend notamment la ligne Basile en bois massif et chêne, qui décline buffet, commode, table rectangulaire et lit, ou encore les canapés Celian et Olivier, qui sont garnis d’une mousse haute résilience développée à partir de matières premières renouvelables. De façon générale, les matières naturelles occupent une place croissante, à l’image de la laine recyclée ou du lin lavé qui fait son grand retour pour le linge de maison. Mais l’éditeur intègre aussi à ses productions en série des matériaux issus de la valorisation de déchets industriels, ce qui permet d’économiser des ressources naturelles, une étape supplémentaire dans l’économie circulaire, vers l’objectif global d’une industrie « zéro déchet ». C’est ainsi qu’il a développé les lignes de plaids et coussin Charles et Charlotte, qui sont réalisés avec des fils de chaussettes recyclés, et que les assises des canapés Celian et Olivier sont recouvertes avec un tissu polyester issu du recyclage de bouteilles plastiques. Autres exemples, la ligne Emy – table basse, bout de canapé, console – se compose d’un piétement en métal et d’un plateau en Wasterial, à savoir un matériau à base de sable de fonderie recyclé, tandis que la lampe à poser et le vase haut Blandine sont réalisés avec du verre de barre-brise recyclé. Grâce à une démarche qui inclut le design, ces meubles et objets associent désormais une esthétique valorisante et des matériaux issus de la valorisation de déchets.

Buffet Basile (collection Camif Éditions 2021) Copyright Garnier Studios
En finir avec le sourcing lointain
Dernière initiative en date, la Camif a annoncé fin août qu’elle a achevé la suppression des produits non-européens dans son référencement, même si elle doit pour cela arrêter certains produits comme les micro-ondes. Il s’agit de la dernière étape d’une démarche pour parvenir à un modèle vertueux, basé sur la proximité avec les fournisseurs, engagée par Émery Jacquillat dès son arrivée à la tête de l’entreprise : « En 2009, il y avait seulement 45 % d’articles made in France et 25 % de produits asiatiques. Peu à peu, j’ai décidé de bannir ces derniers, soit en les remplaçant par des équivalents avec un important travail de sourcing, soit en faisant le choix radical de ne plus les proposer », explique-t-il. Une décision dont font les frais certains secteurs comme le jardin – mobilier, parasols, luminaires extérieurs – et l’électroménager – réfrigérateurs, micro-ondes… – ainsi que certains articles de linge de maison d’entrée de gamme d’importation lointaine. La Camif fait ainsi figure de pionnière dans la suppression du sourcing lointain, et revendique désormais une offre composée à 78 % de produits made in France et à 22 % de produits fabriqués dans l’Union européenne, essentiellement dans des pays limitrophes.
Ces initiatives s’inscrivent dans son statut d’entreprise à mission, qu’elle a été la première à obtenir sur le marché de l’ameublement et de la maison. Les entreprises qui adoptent ce statut, issu de la loi PACTE de 2019, font le choix de ne plus être seulement des acteurs économiques, mais aussi de porter un ensemble de valeurs qui donnent un sens à son activité au bénéfice de la société et de l’environnement.
[F. S.]