L’équipementier spécialisé dans les vérins électriques pour le meuble franchit une étape supplémentaire dans sa stratégie de développement durable, en lançant la première télécommande pour literie de relaxation en matériau composite bois et plastique. Son aspect, son toucher et sa couleur évoquent le vrai bois, ce qui répond à l’objectif d’écoresponsabilité du marché, et aux attentes marketing des fabricants de literie. Retour sur ce défi technique.
Pas à pas, mais de manière inexorable, les matériaux bio-sourcés – ceux qui sont produits entièrement ou en partie avec des matériaux biologiques et donc renouvelables, dont l’impact sur l’environnement est réduit – font leur entrée dans l’habitat. Dans ce contexte, le fabricant de vérins électriques danois Linak fait figure de pionnier avec la mise au point de la télécommande HC10 Eco pour ses mécanismes dédiés à la literie de relaxation, dont la coque est moulée dans un matériau composite qui comprend 50 % de bois et 50 % de polypropylène. « Ce matériau existait déjà, mais je ne pense pas qu’il ait déjà été utilisé pour encapsuler des composants électroniques, déclare Markus Hofmann, ingénieur chez Linak, qui a pris en charge son développement. Il y a une raison à cela, c’est qu’il est difficile de l’utiliser de cette façon. Mais nos clients fabricants de literie sont très enthousiastes à propos de ce produit, car il est conforme à l’objectif général de l’industrie du meuble de devenir plus durable. Cela valait la peine de développer tout ce processus de mise au point. »

Télécommande HC10 Eco, Linak (Copyright Bjørn Sørensen)
Innover en utilisant les moules existants
Le jeune ingénieur, présent depuis un an seulement dans l’entreprise, s’est vu confier la mission d’évaluer le potentiel de cette coque de télécommande innovante et plus respectueuse de l’environnement. Il s’agissait aussi de répondre à une équation complexe, à savoir obtenir une coque en matériau bio-sourcé, répondant aux exigences techniques, et apte à intégrer l’électronique de contrôle existante de Linak, tout en utilisant les moules existants pour fabriquer les télécommandes dans des matériaux conventionnels. C’est ce dernier paramètre était le plus ardu : « Les types de plastique traditionnels sont bien décrits, mais ce n’est pas le cas pour le bioplastique, le plastique de recyclage et le plastique produit à partir du bois, explique-t-il. Cela signifie donc qu’il faut procéder à des essais pour déterminer, par exemple, dans quelle mesure le matériau se contracte après le moulage. » Quand, de plus, le producteur du matériau est en Allemagne et que l’atelier de production se trouve en Chine, le projet inclut aussi un vrai défi logistique.
Trois coques différentes au choix des clients
Après une collecte d’informations auprès des différents fournisseurs de matériaux plastiques durables, l’idée s’est imposée de fabriquer trois coques de télécommande différentes, et de les présenter à un panel de clients, fabricants de literie de relaxation, et de leur demander d’afficher leur préférence. Les différentes coques étaient soit en bioplastique, soit en plastique recyclé, soit en matériau composite constitué de bois et de plastique. « J’étais convaincu que le gagnant serait le bioplastique polyamide (EcoPaXX), parce qu’il s’agit d’une matière robuste, et parce qu’il se compose à 68 % de composants biologiques, ce qui correspond très bien au souhait des clients de pouvoir disposer d’un produit au profil plus écoresponsable, raconte Markus Hofmann. De plus, le modèle devenait éligible au label scandinave «Svane », tout en étant ignifuge, ce qui permettait d’éviter l’ajout d’additifs ignifugés traditionnels, qui ne sont pas particulièrement écologiques. » Mais contrairement à ce qui était attendu, cette option qui avait un coût un peu plus élevé, mais donnait un produit facile à fabriquer et ininflammable, n’est pas celle qui a été retenue par la sélection de clients.

Télécommande HC10 Eco, Linak (Copyright Bjørn Sørensen)
Envoyer le bon message marketing
Si le panel de fabricants de literie de relaxation a bien pris en compte tous ces arguments techniques et environnementaux, ils n’ont pas retenu le modèle en bioplastique, pour la bonne raison « qu’il ressemblait à s’y méprendre aux coques de télécommande en plastique traditionnel PC+ABS. En d’autres termes, cette coque ne diffusait pas le bon message auprès des clients soucieux des enjeux environnementaux. » Ils ont au contraire retenu le modèle en matériau composite constitué de bois et de plastique, en raison de son aspect, de son toucher, et de son odeur qui le rapprochent beaucoup plus du bois ! Ce qui n’était pas sans poser de nouvelles questions techniques : « Ce type de matériau avait été utilisé jusque-là pour le moulage de grands éléments de formes simples, ajoute l’ingénieur. Or, quand on mélange du bois et du plastique, certaines parties deviennent fragiles, et nous avons constaté un risque accru de casse. Heureusement, il y avait beaucoup d’espace dans la coque du boîtier, et nous avons solutionné le problème en ajustant le moule afin que les rainures soient plus grandes, et le matériau plus résistant. »
A l’issue de tests finaux convaincants, la nouvelle télécommande en bois composite HC10 Eco a fait l’objet de commandes par des clients clés du fournisseur, qui confirment la pertinence de cette innovation. La prochaine étape consistera à la lancer, dès la rentrée de septembre, sur l’ensemble du marché européen. « C’est une grande satisfaction d’avoir relevé un tel défi après un an seulement d’ancienneté chez Linak, conclut Markus Hofmann. Certains clients nous aussi demandé de donner un profil plus écologique à d’autres pièces de nos mécanismes, comme les carters de nos moteurs. Étant donné qu’elles devront résister à des charges mécaniques beaucoup plus importantes, cela donnera une nouvelle chance à mon matériau favori, le bioplastique. » Le rendez-vous est pris pour de nouvelles innovations à venir.
[F. S.]