[Mise à jour du 10 juillet]
Le ministère de l’Economie et des finances a confirmé que Bruno Le Maire avait signé deux arrêtés accordant, aux partenaires bancaires de la société Conforama France SA, la garantie de l’Etat pour des prêts de 100 M€ et de 200 M€. “Le gouvernement, qui accompagne Conforama depuis la fin de l’année 2017, se félicite de cet aboutissement, qui est le résultat de plusieurs mois de travail, et qui met fin à une période d’incertitude pour les salariés […]” précise le communiqué, qui souligne aussi que l’octroi de ce financement permet la réalisation d’une opération de rapprochement industriel avec But, et aboutira à la création d’un “champion français du meuble”.
Le ministère explique que cette opération “sauve Conforama France d’un dépôt de bilan”, “permet le financement du plan de sauvegarde de l’emploi en cours, la préservation d’un grand nombre d’emplois, la consolidation et la pérennité de l’activité de Conforama, mais également de ses fournisseurs”. Il assure également qu’il se montrera “attentif” aux engagements pris par But vis-à-vis des fournisseurs communs des deux enseignes.
[Fin de la mise à jour]
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Si la transaction est toujours soumise à l’accord des autorités de la concurrence, le rachat imminent de Conforama France par Mobilux, pour lequel un accord a été signé, engendre de nombreux enjeux industriels : l’actionnaire de But n’hésite pas, dans un communiqué officiel publié ce jour (9 juillet), à qualifier l’opération d’ “alliance des champions français du meuble”.
Pour Mobilux, cette opération repose sur 2 axes majeurs sur le plan industriel : la coopération et l’alliance.
Des enseignes “distinctes, autonomes et complémentaires”, coopérant “dans une approche gagnante”
Actionnaire “commun et de long terme”, désormais, pour Conforama et But, Mobilux met en avant son expertise métier “forte et reconnue”, rappelant qu’il est le fruit d’un partenariat équitable entre deux spécialistes du secteur, à savoir WM Holding (elle-même associée à XXXLutz, numéro 2 du marché européen de l’équipement de la maison, avec 9 Mds€ de CA) et CD&R, l’un des plus anciens fonds de capital-investissement, disposant également d’une forte présence dans le domaine de la distribution et de moyens financiers importants, ainsi que d’une “solide expérience en matière d’amélioration de la performance opérationnelle” : 80 % de la création de valeur dans les sociétés qu’il détient en portefeuille est générée par la croissance de l’EBITDA.
Aujourd’hui, le projet industriel de Mobilux a pour ambition de s’appuyer sur les forces et identités respectives des enseignes But et Conforama, cela pour “étendre leurs rôles respectifs sur le marché français”, et “servir une base de clients plus large”. Mobilux insiste sur le fait que les deux resteront des sociétés “autonomes, distinctes et puissantes”, dans les segments qui leur sont propres, avec “des identités et des marques respectives affirmées, des cultures d’entreprise préservées, des stratégies commerciales distinctes, ainsi que des sièges sociaux séparés.” Les coopérations qui découleront de ce rapprochement le seront “uniquement dans une approche gagnante, pour les entreprises et leurs employés” : Mobilux évoque des synergies potentielles bénéfiques, citant en exemple les achats de marchandises importées d’Asie, ou encore les investissements en termes de technologies. “Cette alliance des deux champions français du meuble permettra d’optimiser les forces respectives des enseignes sur leur marché, dans un esprit de “souveraineté industrielle” vis-à-vis des concurrents étrangers et des e-commerçants” avance le communiqué. Ikea et Jysk, pour les concurrents étrangers, et Amazon, concernant les pure-players, sont les enseignes citées en exemple par Mobilux, qui estime ainsi que ce renforcement de l’alliance “tirera à ses côtés l’ensemble de l’écosystème du meuble français”.

Relance de l’activité et de l’investissement pour Confo…
Aujourd’hui, Mobilux souligne que l’acquisition de Conforama repose sur un projet d’entreprise visant à “réaffirmer la position de leader” de ce dernier sur le marché français, en s’appuyant sur 4 axes : les talents de l’entreprise, la force de la marque, la qualité d’un réseau de magasins (environ 160) “proche des Français”, et la coopération avec But et XXXLutz. Autant de priorités sont définies pour concrétiser ce projet d’entreprise :
- Renforcer et différencier l’offre produits ;
- Développer une stratégie omni-canale “puissante” ;
- Accroître l’excellence opérationnelle ;
- Accélérer les investissements dans l’expérience client.
… avec plus de 500 M€
En termes de moyens financiers, l’apport en fonds propres de 200 M€ de la part de Mobilux, ajouté à l’injection de plus de 300 M€ de prêt bancaire [voir ci-dessus], et à l’annulation concomitante des passifs dus par l’entreprise à sa maison mère Steinhoff, devraient permettre d’apurer le bilan de l’entreprise, et de reconstruire la trésorerie du groupe en vue de “favoriser, à court terme, la reprise d’activité et, à moyen terme, la relance des programmes d’investissements”. Le plan de relance prévoit, en particulier, le financement du plan de sauvegarde de l’emploi (en cours), le paiement des dettes fournisseurs impayées, et le redémarrage de l’activité commerciale, avec la reconstitution de la disponibilité des produits.
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Pour But, plus de moyens pour continuer à se développer sur le marché de l’Hexagone
Concernant But, Mobilux se félicite d’une “nouvelle affiliation à un groupe plus large et plus robuste”, et de cette coopération industrielle avec Conforama France, ce qui doit offrir à cette enseigne, forte de plus de 300 magasins en France, des atouts et moyens supplémentaires pour continuer à se développer sur le marché du meuble de l’Hexagone. Le mouvement vient confirmer, selon l’actionnaire, un modèle économique qui fait le “succès” du groupe depuis plusieurs années, passant avant tout par une combinaison “réussie” entre e-commerce et commerce physique et des investissement soutenus dans le digital.
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“Promouvoir le ré-investissement industriel sur notre territoire”
Si, selon Mobilux, cette alliance permettra de “pérenniser toute la chaîne de valeur des deux enseignes, et notamment la filière bois française”, d’autres, comme évoqué plus haut, devraient se trouver gagnants d’un tel rapprochement, à savoir les acteurs du meuble français… dans un contexte de fin de confinement où la demande, pour les biens d’équipement de la maison, est là, avec une sensibilité croissante, de la part des consommateurs, pour acheter local. Aussi, “cette opération est l’occasion de préserver la coopération avec les industriels du meuble français, dans l’optique de renforcer le made in France et de promouvoir le réinvestissement industriel sur notre territoire” souligne Mobilux [voir, à ce sujet, notre interview de Flavien Dhellemmes, DG achats But, réalisée dans ce contexte] De quoi rassurer, sans doute, les fournisseurs des deux enseignes.