La Chambre Française de l’Agencement lance en ce début d’année le Label Pro A, destiné à faire connaître et promouvoir les spécificités du métier mal connu d’agenceur. Elle entend ainsi faire reconnaître sa valeur ajoutée, attirer de nouveaux talents, et accentuer l’essor d’une activité dynamique.

De gauche à droite : Xavier Champs, premier vice-président de la CFA) Pascal Thete (secrétaire général de la CFA) et Pierre Haesebrouck (président de la CFA).
Si beaucoup connaissent le mot d’agenceur, ceux qui peuvent définir précisément cette activité sont beaucoup moins nombreux, ce qui n’aide pas à son identification, ni à son affirmation, ni à son image. Pour lui donner une meilleure reconnaissance, et faire connaître les spécificités et compétences qu’il représente, la Chambre Française de l’Agencement (CFA) a pris l’initiative, en ce début 2019, de lancer le « Label Pro A » pour les Pros de l’Agencement. « Le terme d’agenceur est souvent utilisé aujourd’hui de manière abusive ou en substitut d’autres métiers, notamment par des cuisinistes, des aménageurs de plateaux de bureaux, ou encore des filiales d’entreprises générales, des majors du BTP… Avec le Label Pro A, il sera facile d’identifier les professionnels de l’agencement », déclare Pierre Haesebrouck, président de la Chambre Française de l’Agencement. Pour l’organisation syndicale, l’enjeu de ce signe de qualité est de taille : un nombre croissant de secteurs – hôtellerie et restauration, bureaux, centres de coworking, maisons de retraite, résidences de vacances… – misent de plus en plus sur les aménagements intérieurs et la décoration, réalisés avec un architecte d’intérieur, pour se différencier et sortir du lot. Il s’agit tout simplement à la fois de capter ce volume d’activité, et d’apporter aux maîtres d’ouvrage une garantie de bonne réalisation des prestations demandées. L’agenceur labellisé Pro A s’engage à mener les travaux dans les règles de l’art, ce qui permet d’éviter le fiasco de chantiers réalisés par des non professionnels, l’angle qui a été choisi par la CFA dans son petit film de sensibilisation diffusé sur les réseaux sociaux.
Un « ensemblier du second œuvre »
L’agenceur réunit un ensemble de compétences, qui font de lui un spécialiste de la décoration et de la finition. Il possède tout d’abord une connaissance des métiers techniques de l’aménagement intérieur, de la menuiserie à l’ébénisterie pour le bois, de la serrurerie métallerie pour le métal, de la plâtrerie au carrelage et jusqu’à la peinture, ce qui lui permet de réaliser des travaux complexes d’aménagements de locaux. Techniquement, l’agenceur possède en général un bureau d’études interne, qui lui permet de réaliser une synthèse architecturale, à savoir les plans d’exécution de l’ensemble de ses partenaires – fabricants ou sous-traitants – pour l’ensemble du projet, en intégrant l’ingénierie des différents corps d’état techniques concernés. Enfin, il prend aussi en charge la mise en œuvre du projet, à savoir le suivi de la phase chantier, qui doit intégrer en amont l’ensemble des interfaces entre les différents métiers, afin que les impératifs techniques, logistiques ou de sécurité de chacun soient pris en compte dans le déroulé du chantier. « En définitive, l’agenceur est un chef d’orchestre, qui veille à ce que chacun puisse exécuter sa partition sans fausse note, en respectant l’harmonie d’ensemble, ajoute le président de la CFA. Il est en même temps responsable vis-à-vis du maître d’oeuvre de la qualité des travaux exécutés, et du bon respect des délais et des coûts. » 80 % des Pro A sont également des fabricants spécialisés dans au moins un matériau d’agencement, ce qui les rend aptes à réaliser des maquettes ou prototypes utiles pour valider la faisabilité des projets.
Un marketing de l’offre
Le Label Pro A, qui est attribué de fait aux membres actifs de la Chambre Française de l’Agencement, est donc le premier signe de qualité à valoriser l’offre des agenceurs. Les professionnels qui souhaitent l’obtenir doivent être parrainés par leurs pairs, et présenter un dossier de candidature devant la commission de la CFA, qui est seule habilitée à l’attribuer, en prenant en compte l’ensemble des compétences évoquées ci-dessus. Il existe bien en parallèle une qualification métier pour l’agencement, qui est attribuée par Qualibat, l’organisme qui gère les qualifications professionnelles du Bâtiment, mais cette dernière correspond à un référentiel technique, tandis que le Label Pro A traduit un marketing de l’offre, une démarche de communication vers les clients maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage.
« Faire appel à un Pro A, c’est constituer un binôme compétent entre le designer d’intérieur – architecte ou décorateur – et l’agenceur, qui est un gage de fidélité de la réalisation finale par rapport au projet originel, ajoute Pierre Haesebrouck. Chaque projet réussi, que ce soit dans le retail, le tertiaire, l’hôtelier, le naval, est le résultat d’une histoire à trois voix, composées de ce binôme et du donneur d’ordre. » La CFA, dont les adhérents ont majoritairement un profil d’ensemblier, se présente par ailleurs comme complémentaire par rapport au Groupement Agencement de l’Ameublement français, dont les adhérents ont davantage un profil de fabricant. Les deux organismes se sont d’ailleurs rapprochés en 2018, en signant une convention commune, et préparent des initiatives conjointes. L’un et l’autre ont en effet tout à gagner à une meilleure connaissance et reconnaissance du métier d’agenceur.
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Chambre Française de l’Ameublement : informer, former et défendre
Créée en 1909, la Chambre Française de l’Ameublement est un syndicat professionnel affilié à la Fédération Française du Bâtiment, qui regroupe 37 membres actifs, employant 1300 salariés en CDI et réalisant environ 300 millions d’euros de chiffre d’affaires. Elle se fixe trois missions principales :
-Informer ses adhérents en leur apportant une veille sectorielle, dans les domaines social, technique, fiscal, juridique, commercial…
-Former les salariés de ses adhérents pour les aider à recruter les bon profils, par son action auprès de l’Education nationale pour créer ou faire évoluer les diplômes (Bac pro « Agencement architectural », BTS (Etude et réalisation d’agencement », licences professionnelles « Chargé d’affaires en agencement » et « Economiste en agencement »)…
-Défendre la profession de l’agencement auprès des pouvoirs publics, ou tout autre organisme, créer des liens avec d’autres organisations pour promouvoir ses métiers, leur image et leur notoriété.
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Les métiers des agenceurs Pro A :
Agencement mobilier 22 %
Mobilier bois 16 %
Agencement tous corps d’état 13 %
Menuiserie intérieure 10 %
Maîtrise d’œuvre 9 %
Ebénisterie 9 %
Mobilier métal 6 %
Conception architecturale 5 %
Serrurerie bâtiment 4 %
Autres 6 %
1 Commentaire
Très bon article.