C’est l’une des annonces qui a été faite lors de la présentation des chiffres 2018 du marché du meuble, le jeudi 7 février à Paris : La filière ameublement appelle le gouvernement à autoriser un déblocage temporaire (pour une durée de 24 mois) et partiel (dans la limite de 10 000 euros) du Plan Épargne Logement pour l’achat de meubles neufs. Une mesure « urgente », répondant à « une forte demande des ménages », qui permettrait de favoriser le pouvoir d’achat des Français, et le marché de l’ameublement. Cinq arguments majeurs sont avancés par les deux fédérations :
– La garantie du maintien des emplois en France : rappelons que distributeurs et fabricants français de meubles représentent actuellement plus de 115 000 emplois partiellement menacés par la fragilité du marché… « Cette mesure pourrait créer et maintenir près de 5 000 emplois dans la filière meuble française » soulignent l’AF et la FNAEM.
– Un impact positif sur les finances publiques : « L’Etat, en effet, n’a pas besoin de verser la prime lors d’un déblocage partiel de PEL. De plus, les ventes de meubles induites par la mesure apportent des recettes fiscales supplémentaires, de TVA notamment » argumentent les deux Fédérations.
– Aucune incidence négative sur l’investissement immobilier, dans la mesure où le PEL est de moins en moins utilisé pour financer un achat de ce type, et est aujourd’hui devenu un pur produit d’épargne… En 2017, 15,1 millions de PEL représentent un encours de 275 milliards d’euros (source : Banque de France).
– Aucun impact sur le déficit extérieur de la France : « Une majorité des achats de la distribution d’ameublement est réalisée auprès des fabricants français, expliquent l’AF et la FNAEM. Soutenir ponctuellement le marché français du meuble ne pourra avoir que des effets positifs sur les exportations françaises de meubles [voir zoom ci-dessous]. Les effets positifs de la mesure envisagée pour les fabricants français seront d’autant plus importants que ces derniers sont en position de leaders peu contestés pour des familles complètes et importantes de produits. »
– Un périmètre « précisément défini » et « étroitement sécurisé » : les deux Fédérations insistent sur le fait que le meuble demeure davantage un bien d’équipement durable que de consommation courante. « Sa longue durée de vie, supérieure à celle de bien d’autres produits (15 ans en moyenne, 10 ans pour la literie, 23 ans pour la cuisine – source IPEA 2010), sa faible fréquence d’achat et sa valeur nominale élevée le rapprochent d’un investissement mobilier, auquel il est souvent lié. Leur financement par recours à une fraction infime de l’épargne longue des PEL se trouve donc pleinement justifié ».
Deux appels de ce type avaient déjà été lancés par le passé : la première fois dans les années 1980, et l’Etat avait effectivement autorisé le financement des achats de cuisines intégrées par le PEL ; la seconde fois, plus récemment, en 2014 / 2015 (concernant, cette fois, l’ameublement en général) : cette tentative, en revanche, avait dû essuyer l’opposition des banques.
[Zoom]
« Un marché fort dans l’Hexagone est nécessaire pour soutenir les exportations »
Cette conférence a également été l’occasion, pour l’Ameublement Français et la FNAEM, de s’attarder sur un autre enjeu d’un marché du meuble fort dans l’Hexagone : celui des exportations.
Le marché mondial du meuble représente actuellement 400 milliards d’euros (source : CSIL 2018), ce qui constitue « de larges opportunités de conquêtes » pour le marché français. « La croissance de la filière meuble est poussée par une hausse des exportations à l’international, avancent les Fédérations du secteur. On constate, en effet, une hausse de 1,3 % des exportations en 2018 (source : Ameublement Français, d’après données douanes sur les 11 premiers mois de 2018). Par exemple, malgré une croissance du PIB de la Chine moins dynamique que les années précédentes, les exportations françaises vers ce pays ont augmenté de 7,8 % sur la même période. » Des bons chiffres qui, selon les acteurs, s’expliquent par la capacité de la filière meuble française à innover, et à répondre aux besoins des ménages à l’international, mais aussi par l’attractivité de la marque France au-delà de nos frontières : « L’équilibre entre l’art de vivre à la française, le french design et l’excellence industrielle sont autant d’atouts du meuble français pour conquérir d’autres cultures », résument l’AF et la FNAEM, concluant en avançant que le maintien d’une croissance forte en France est primordial pour favoriser le déploiement de la filière meuble à l’international. « Pour dégager des capacités de financement de leurs efforts à l’exportation, les professionnels français ont en effet besoin d’un marché national dynamique ».