Et de trois ! Après 2015 et 2016, le marché du meuble en France enregistre une nouvelle croissance, même si un peu moins importante que les deux précédentes. Troisième année consécutive d’évolution positive, donc, pour un secteur toujours tiré par la cuisine dont l’évolution, cette fois, passe même devant celle de la literie. Les circuits spécialistes positionnés sur cette famille de produits, directement liée au bâtiment, s’en sortent (logiquement ?) le mieux, tandis que – autre fait marquant de ce bilan 2017 – la Grande Distribution Ameublement observe une croissance bien moindre qu’en 2016.
La dernière évolution de ce type avait été constatée sur la période 2004 > 2007, où le marché du meuble en France avait enregistré quatre années de croissance consécutive. Aujourd’hui, après + 2,4 % en 2015 et + 2,3 % en 2016, l’IPEA, la FNAEM et l’Ameublement Français ont annoncé un exercice 2017 se terminant, au global, avec tout juste + 2 %. Une nouvelle période de hausse durable, donc, même si celle-ci décroît légèrement à chaque fois, ce qui n’avait justement pas été le cas entre 2004 et 2007 puisqu’à l’époque, la croissance avait été toujours plus marquée d’année en année.
Malgré tout, avec, aujourd’hui, une valeur totale de 9,76 milliards d’euros TTC – soit 200 millions de plus qu’en 2016 – le marché retrouve quasiment la valeur qu’il avait au début de la crise, vers 2010 ; cette valeur est d’ailleurs, même, la deuxième plus importante sur les trente dernières années (le pic ayant été atteint en 2011 avec 9,84 milliards d’euros).
Une année en dents de scie
Ce résultat final est toutefois obtenu au terme de douze mois mouvementés, à l’évolution très inégale.
– Entamé sur de très mauvaises bases, avec un mois de janvier à – 6,8 % (un franc contraste avec les deux exercices précédents, pour lesquels les soldes d’hiver avaient été plutôt fructueux !), le premier semestre 2017 aura enregistré une évolution à peine stable (- 0,4 %), la « casse » ayant été limitée grâce à la croissance observée sur la période février > juin, légèrement supérieure à 1 %.
– En réalité, cette année 2017, comme on pouvait l’appréhender, se sera distinguée par son troisième trimestre, les mois d’été ayant eu des performances « exceptionnelles » avec + 8,5 % (en cumul) observés de juillet à septembre inclus… avant de replonger, sur le quatrième trimestre, vers des chiffres plus mitigés.
La cuisine passe devant la literie
– L’un des points marquants de ce bilan 2017 est l’arrivée de la cuisine en tête des progressions sur le tableau des familles de produits, dépassant même la literie, qui demeurait au rang de locomotive ces dernières années… Ainsi, les ventes de meubles de cuisine croissent (en valeur) de + 4 % sur 2017, contre + 3 % pour la literie ; en 2016, ces évolutions avaient été, respectivement, de + 3,7 % et + 5,5 %… Outre l’engouement, toujours vif, des consommateurs pour la cuisine intégrée, et le taux d’équipement des Français qui reste toujours l’un des plus faibles d’Europe, l’activité soutenue dans l’immobilier (neuf ou ancien) sur cette année 2017 explique la belle croissance de cette famille de produits. Concernant la literie, l’IPEA explique ce ralentissement de croissance par « le rythme intense des promotions et des remises tout au long de l’année [qui impactent logiquement l’évolution en valeur ndlr] ».
– Autre belle croissance de 2017 : le meuble rembourré, qui continue sur sa lancée des deux exercices précédents (+ 2,3 %, après + 1,5 % en 2016 et + 3,6 % en 2015). « Mais comme chaque année, maintenant, les écarts de performances continuent de se creuser entre les canapés et fauteuils d’un côté – qui enregistrent des résultats très satisfaisants sur l’ensemble de 2017 – et les banquettes de l’autre, dont les ventes reculent toujours plus, y compris celles qui sont générées en ligne » précise l’IPEA. Les banquettes se retrouvent en effet en concurrence, désormais, avec le canapé convertible de plus en plus concerné par des offres premier prix.
– Le meuble de jardin affiche une belle progression de 2 % (d’autant plus honorable après le + 0,6 % de l’année précédente), obtenue grâce à un printemps clément et, de ce fait, une saison lancée très tôt.
– L’un des grands perdants, en revanche, de cet exercice 2017 est le meuble meublant qui, après + 1 % en 2016, atteint péniblement, cette fois, + 0,1 %. « Malgré le fait que cette catégorie demeure le premier poste de dépenses de meubles des Français, ce n’est plus lui qui impulse la tendance du marché » résume l’Institut, qui avance l’explication suivante : « Si, sur cette famille de produits, les enseignes de la vente en ligne affichent de belles performances, les distributeurs physiques mettent l’accent sur d’autres rayons comme la literie ou la cuisine – autant dans la communication qu’en magasin – ce qui amène les ménages à arbitrer en défaveur du meublant lors de leurs achats de mobilier. En somme, cette évolution est le reflet d’une réduction flagrante de l’offre exposée par ces enseignes physiques ».
– Enfin, le meuble de salle de bains ne parvient toujours pas à redémarrer, accusant un repli – le seul du tableau – de 1,6 %, encore plus marqué qu’en 2016 où il pouvait témoigner d’une relative stabilité (- 0,4 %). Comment expliquer cette situation alors que cette famille est, comme la cuisine, étroitement liée à l’évolution du bâtiment qui, lui, reprend donc des couleurs ? Le contexte est similaire à celui du meuble de jardin : la salle de bains est « accaparée » par les GSB, qui jouent la carte du prix ; face à cela, les spécialistes doivent ainsi miser sur une offre encore plus riche et des services toujours plus étoffés pour se démarquer… et pourtant, ces derniers ne privilégient pas toujours cette famille de produits : les sanitaristes, par exemple, ont préféré se concentrer, au cours de ces douze derniers mois, sur les ventes de systèmes de chauffage.
Circuits : le ralentissement flagrant de la GD
– Pour évoquer les circuits de distribution, alors que l’ensemble des acteurs enregistrent plus ou moins les mêmes évolutions qu’en 2016, seule la Grande Distribution Ameublement témoigne d’un ralentissement marqué de ses ventes, avec une évolution d’à peine 1 %, contre + 3 % lors de l’exercice précédent ; sa part de marché passé ainsi de 50,9 % à 50,3 %. « Les résultats sont toutefois inégaux d’une enseigne à l’autre » nuance l’IPEA. L’une des principales explications, déjà évoquée plus haut, est la restriction progressive de l’exposition du produit meublant dans les magasins physiques – au profit de la cuisine, de la literie et / ou du rembourré – ce qui, inévitablement, se traduit par un CA en fort recul, pour certains, sur ce segment.. « qui reste pourtant le premier poste de recettes de ce circuit, et cela laisse d’ailleurs toute liberté aux acteurs de l’e-commerce pour s’y développer » constate l’IPEA…