L’ANALYSE DE JEAN-PAUL BETBEZE
C’est la vraie bonne nouvelle. Elle se profile dans un tableau qui reste préoccupant si l’on considère la France et la zone euro, mais plus compliqué encore aux Etats-Unis et en Chine.
UNE LENTE REPRISE
France : les chiffres de l’Insee viennent de sortir pour le premier semestre. La France confirme sa croissance nulle au deuxième trimestre 2015, après + 0,7 % en début d’année. Le pouvoir d’achat des ménages et le taux de marge des sociétés non financières sont quasiment stables, note l’Insee. Plus précisément, le pouvoir d’achat des ménages a en réalité augmenté de 1,1 % au premier trimestre, mais baissé de 0,1 % au deuxième. Ce qui se passe, c’est d’abord que le revenu avant impôt augmente moins vite d’un trimestre à l’autre (+ 0,3 % après + 0,7 %) tandis que les impôts reprennent (+ 0,5 %) et que les prix rebondissent : + 0,4 % après – 0,1 %. Ce pincement se retrouve dans la consommation, qui s’arrête. Dans cette enveloppe de revenus qui ne grossit pas, l’alimentaire augmente de 0,8 % et les services de 0,2 %, au détriment de l’énergie (- 2,1 %) et des biens fabriqués (- 0,1 %, après une forte hausse de 1,7 % en début d’année).
Cet arrêt de la croissance ne devrait pas durer : les indices les plus récents des directeurs d’achat (PMI Markit) mettent en évidence, en effet, une meilleure situation en septembre, comme pour l’Allemagne. N’empêche, ceci pèse quand même sur l’investissement des entreprises : il ne progresse plus que de 0,3 % au deuxième trimestre contre 0,3 % en début d’année, ce qui n’était déjà pas beaucoup. Plus touché encore est l’investissement des ménages : il baisse de 1,5 % au deuxième trimestre, encore plus qu’avant (- 1,2 %). La série noire continue donc, avec ses effets sur l’emploi dans le secteur du logement.
LE REBOND DES LOGEMENTS AUTORISES
Les dernières statistiques sur les constructions de logements ne vont pas dans le bon sens pour les logements commencés, mais sont un peu meilleures pour les logements autorisés. C’est là le retournement à suivre. Sur les trois derniers mois en effet, en juin 2015, 86 100 logements ont été créés soit – 7,4 % si l’on prend ces trois mois par rapport aux trois mêmes mois de l’année précédente. Mais 92 100 logements ont été autorisés, soit – 3,9 % en glissement. Le mois de juin est encore plus contrasté : – 3,1 % en un mois si l’on prend les logements commencés, + 3,7 % si l’on prend les logements autorisés. Ceci est encore modeste compte tenu des niveaux. Mais ceci se manifeste surtout pour les logements en résidence : 4 000 autorisés en juin et
7 500 sur trois mois, soit + 6,4 %, et plus encore pour les logements collectifs : 4 000 en juin, 7 500 sur trois mois, soit + 5,3 %.
C’est donc la bonne nouvelle, étant entendu que les constructeurs immobiliers font état d’un regain des ventes depuis quelques mois, grâce à la loi Alur. Mais ils s’inquiétaient en même temps du fait que les permis de construire prenaient du retard. Cette amélioration des ventes était en fait un déstockage : il faut donc saluer la remontée des logements commencés. Et souhaiter qu’elle se poursuive et s’amplifie.