Du 26 septembre au 10 octobre, le show-room Silvera Saint-Honoré a accueilli une exposition des meubles cultes de l’éditeur allemand Thonet. Une occasion de décrypter le rôle central joué par l’entreprise pendant le Bauhaus, et d’évoquer ses nouveaux projets…
La vitrine de Silvera Saint-Honoré avait bel et bien les tonalités du Bauhaus. Pour saluer le centenaire de ce mouvement fondateur pour tout le mobilier contemporain, et les 200 ans de Thonet, le distributeur a réuni les meubles « iconiques » édités par la marque dans l’Entre-deux-guerres, et qui ont si peu vieilli, puisqu’ils sont toujours au catalogue : le bureau S 285, conçu par Marcel Breuer en 1935, avec sa structure en acier tubulaire chromé, le fauteuil S 533, signé par Ludwig Mies van der Rohe en 1927, avec son caractéristique piétement luge, ou encore la très pure et classique chaise en acier tubulaire S 43 de Mart Stam de 1931… Invité pour un « talk » exclusif dans le magasin, Philippe Thonet, l’un des descendants du fondateur historique, est revenu sur l’épopée bicentenaire de l’entreprise : « La fameuse chaise 214 en bois, le modèle « bistrot », a été un succès planétaire, parce qu’elle réunissait solidité, simplicité et prix économique. Dès les années 1930, elle était fabriquée à la chaîne, expédiée en pièces détachées et vendue à 50 millions d’exemplaires par an dans le monde entier. » Au moment du Bauhaus, les designers qui recherchent des moyens de réduire le mobilier à sa plus simple expression, comme ils le faisaient en architecture, ont utilisé l’expérience de Thonet dans la courbure du bois pour façonner le tube de métal, et générer ainsi une typologie de mobilier révolutionnaire.
Sebastian Herkner, dans la continuité des maîtres
Pour Philippe Thonet, il ne fait pas de doute que l’esprit du Bauhaus souffle toujours chez Thonet aujourd’hui, dans la recherche de formes essentielles, et d’un mobilier robuste qui s’inscrit dans la durée. « Nos sièges sont généralement composés d’un seul morceau de tube métallique, d’une simple assise et d’un dossier en bois, ce qui les rend difficile à détruire. Ils équipent de nombreux établissements depuis des décennies. » Mais l’histoire ne s’est pas pour autant arrêtée là, comme en témoigne l’intervention, le même jour, du designer allemand Sebastian Herkner, entre autres designer de l’année de Maison & Objet, qui a signé en 2018 pour Thonet la chaise 118. Composée d’un cadre d’une seule pièce en bois courbé et d’une assise cannée, elle fait référence au mythique modèle 214. « Cette chaise s’inscrit dans l’histoire de la marque, en ce qu’elle est au carrefour des techniques artisanales et de l’industrie, explique-t-il. Comme les modèles précédents, elle sort des mains de générations d’artisans passionnés par les procédés de courbage du bois et le cannage, et qui travaillent toujours au siège historique de Frankenberg. La touche contemporaine est donnée par l’inclinaison du dossier, qui garantit un confort élevé, et par la couleur. » En cette rentrée 2019, la collection s’enrichit avec le tabouret haut 118 H, qui décline le même vocabulaire. Le troisième centenaire commence sur de bonnes bases.