« Nous sommes consternés » : ce sont avec ces mots, forts, que cinq dirigeants d’enseignes spécialistes de la literie, représentant « près de la moitié des ventes nationales, plus de 700 magasins et plus de 5 000 emplois », ont choisi d’entamer leur lettre ouverte au ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire. Nos confrères du Journal du Dimanche ont en effet publié, dans leur édition du 17 mai, le message que Pierre Elmalek (groupe MDL avec Maison de la Literie / Mobeco et L’Univers du Sommeil), Wolf Stolpner (Grand Litier), Eric Romedenne (La Compagnie du Lit), Michel Crespi (La Halle au Sommeil / Bed&Co) et Pierre Weibel (France Literie) ont rédigé pour manifester leur soutien au groupe Adova, alors que ce dernier tente d’obtenir un Prêt Garanti par l’Etat. Un prêt qui, pour l’heure, lui a été refusé par sa banque fin avril, après qu’il ait pourtant opéré une vaste restructuration – parmi les dernières actions en date, la vente de Dunlopillo au groupe Finadorm – ce qui, pour le groupe qui détient encore, à ce jour, les marques fortes Simmons, Treca, Diva et Steiner, suscite énormément d’incompréhension… voire de colère, comme pouvait le faire transparaître un article des Echos publié il y a quelques jours (6 mai 2020). Ainsi, les cinq distributeurs français, désormais, ont rallié publiquement la cause de celui qui apparaît comme un « acteur historique du marché, symbole de cette fabrication française à laquelle [ils croient et ils ont tant besoin] ».
Dans cette lettre ouverte, l’incompréhension suscitée par le refus du PGE est, là aussi, manifeste : « Pourquoi le groupe Adova, qui fabrique […] dans six usines ancrées dans leurs territoires régionaux, qui est aussi soutenu par un investisseur français, se voit-il refuser son prêt ? » Avançant le fait que le fabricant de literie, « touché comme beaucoup d’autres industriels », a mis, pendant deux mois, ses usines totalement à l’arrêt, ils s’inquiètent pour les mois à venir, puisque « sans ce prêt, Adova ne pourra relancer toute son activité »… et sa disparition – le terme est évoqué – pourrait notamment constituer « une occasion rêvée, pour la Chine, de pénétrer le marché », avec pour risques, à terme, l’effondrement de la filière française. S’y ajouterait un effet ricochet, comme l’expliquent les distributeurs : « Nos magasins risquent […] d’être impactés en étant privés des produits des marques Simmons et Treca, que nous vendons très bien ». Là encore, la « menace » de l’étranger est évoquée, puisque ces spécialistes literie expriment toute leur volonté quant à un approvisionnement en circuit court, auprès de la fabrication française. Les cinq dirigeants martèlent leur incompréhension : « Comment expliquer ce refus quand des Prêts Garantis par l’Etat sont octroyés à Air France, qui annonce un futur PSE ? Et Europcar, et tant d’autres ? Il s’agit là d’un non-sens total que nous ne nous expliquons pas ». Et d’ajouter : « Depuis deux ans, nous avons été témoins de l’immense travail effectué par le groupe pour rebâtir la solidité d’une industrie malmenée par ses précédents actionnaires. Il s’agit d’une belle réussite nationale, obtenue au prix d’une restructuration et grâce à l’engagement de tous ses salariés, et une fierté reconnue au-delà de nos frontières. Ne pas octroyer de Prêt Garanti par l’Etat à cet acteur qui le mérite revient à lui couper les ailes en plein envol ».

« Nos magasins risquent […] d’être impactés en étant privés des produits des marques Simmons et Treca, que nous vendons très bien » avancent les cinq distributeurs spécialistes literie, auteurs de cette lettre ouverte.
Pierre Elmalek, Wolf Stolpner, Eric Romedenne, Michel Crespi et Pierre Weibel appellent ainsi les banques et l’Etat, par l’intermédiaire de cette lettre ouverte, à « revoir leur position pour soutenir ce maillon et à travers lui, toute la chaîne de cette industrie durement frappée par la crise ». La conclusion est toute aussi engagée sur l’amorce : « L’argent du PGE doit servir avant tout à préserver l’activité industrielle de la France. Adova, qui s’est battu avec succès pour préserver le savoir-faire et la qualité de fabrication française, est un exemple parfait des groupes à préserver et à ce titre, nous n’envisageons pas qu’il ne puisse être soutenu ».