Donné comme acquis par la rumeur et à plusieurs reprises au cours des dernières années, le rachat de But par la famille Seifert, propriétaire du groupe distributeur autrichien XXXLutz, est désormais quasiment officiel. Cette opération qui serait finalisée à hauteur de 525 M€, avec l’aide d’un fonds d’investissement britannique confirme l’intégration croissante du marché français de l’ameublement au sein d’un marché européen, où plusieurs acteurs de dimension internationale s’affrontent depuis quelques années déjà.
La rumeur courrait en effet depuis plusieurs années, et s’était intensifiée notamment début février dernier : But était sur le point de lancer un processus de vente formel, profitant du redressement du marché du meuble français. Trois ou quatre candidats étaient évoqués comme acheteurs potentiels, parmi lesquels le Sud-Africain Steinhoff et l’Autrichien XXXLutz. Aujourd’hui, selon nos informations, la holding de participation du distributeur de meuble autrichien s’est alliée au fonds d’investissement britannique CD&R pour finaliser l’opération à hauteur d’environ 525 millions d’euros, pour une signature imminente (qui pourrait survenir ce mercredi 29 juin).
XXXLutz pourrait ainsi combler, en partie, son retard face à Steinhoff…
Ce rachat confirme l’intégration croissante du marché français de l’ameublement au sein d’un marché européen, où plusieurs acteurs de dimension internationale s’affrontent depuis quelques années déjà… Avec un CA total estimé à 4 Mds€, le groupe autrichien XXXLutz Gruppe était jusqu’à présent le quatrième distributeur européen derrière Ikea (22,98 Mds€), Steinhoff (6,55 Mds€), et Home Retail Group (4,25 Mds€).
En ajoutant à son escarcelle l’enseigne But, ses 300 magasins et son 1,7 Mds€ de CA, XXXLutz Gruppe remonte donc d’une place dans ce classement européen, comblant ainsi une partie du retard accumulé au cours des dernières années sur son rival historique Steinhoff, sans toutefois talonner ce dernier…
… en s’implantant pour la 1ère fois en Europe de l’Ouest
Depuis son siège de Wels en haute Autriche, le groupe dirigé par les frères Seifert exploiterait donc désormais près de 540 magasins répartis, sous diverses enseignes, dans une petite quinzaine de pays européens.
Célèbre pour l’immense chaise rouge dominant les parkings de ces points de vente, sa principale enseigne XXXLutz est présente en Autriche (45 magasins), en Allemagne (12 magasins), en Suède (un magasin et en Tchéquie (un magasin). Alliée à une douzaine d’enseignes locales notoires auxquelles ont été accolées les lettres XXXL, elle a également renforcé sa présence en Allemagne d’une vingtaine de points de vente importants au cours des dernières années. (XXXLNeubert, XXXLHiendt, XXXLKrantz, XXXLKröger, XXXLRück, XXXLSonneborn, XXXLZimmerman,….).
Le groupe autrichien exploite en par ailleurs 53 magasins sous l’enseigne Mömax principalement en Autriche, Allemagne et Hongrie, ainsi que 52 points de vente Möbelix en Autriche, Tchéquie, Slovénie, Hongrie et Bosnie Herzégovine.En Europe de l’Est, le groupe autrichien est également présent en Bulgarie (7 magasins AIKO et MOBO) ainsi que dans plusieurs pays balkaniques avec 18 magasins à l’enseigne XXXLesnina.
Le rachat de But constitue donc la première implantation en Europe de l’Ouest du groupe, jusqu’à présent uniquement actif en Europe centrale et de l’Est. Elle renforce ainsi incontestablement sa dimension européenne.
Mais la famille Seifert ne contrôle pas que des magasins et sites de vente en ligne d’ameublement… Après avoir quitté la centrale d’achat allemande Begros en janvier 2014, elle a en effet créé une nouvelle centrale d’achat baptisée Giga X. Basée à Würzburg, cette dernière réalisait, selon nos dernières informations, un CA d’un peu plus de 3,5 Mds€, en rassemblant non seulement une grande part des activités du groupe autrichien, mais également celles d’autres distributeurs de meubles principalement allemands. Dans une récente interview accordée à nos confrères de Möbelmarkt, le directeur général de Giga X a précisé sa stratégie visant à concevoir et élaborer des produits diffusés sous des marques propres dédiées aux principaux segments du marché.
But : des parts de marché en croissance régulière
Le redressement du marché du meuble, constaté en 2015 avec une année dans le vert, et la croissance régulière des parts de marché de But (11,3 %, 12,3 % et 13,1 % respectivement sur 2013, 2014 et 2015) aura très certainement conforté l’enseigne qui cherchait un acquéreur depuis plusieurs années à saisir l’occasion. Se déployant à travers 300 magasins sur différents formats (classique, Cosy, résultant de la transformation des Sésame et Maga, et City) il a dévoilé un nouveau concept fin 2014 à Nancy, pensé pour optimiser l’expérience client : celui-ci est voué à se décliner sur les points de vente au format classique. « Nous misons sur la proximité, avec notre réseau important : la diversité de nos formats est un atout certain, en ce sens où nous pouvons nous implanter dans plusieurs types d’endroits, avec moins de limites en termes de développement, nous déclarait Frank Maassen, PDG de l’enseigne l’année dernière. L’excellente mixité produits et la largeur de notre offre qui comprend près de la moitié de produits français – sont également des atouts ». Le rachat de l’enseigne par un groupe autrichien aura-t-il un impact, notamment, sur la composition de cet assortiment, et la stratégie de développement adoptée ces derniers mois ? Le Courrier ne manquera pas de revenir sur cette actualité importante, qui sera également l’occasion de proposer, très prochainement, un vaste panorama actualisé de la distribution européenne d’ameublement.