[Mise à jour du 22 mai 2020]
Comme le relaient de nombreux médias, Conforama se retrouve désormais contraint par les banques – une information que nous avons pu vérifier – d’examiner d’autres options que celle de l’obtention d’un PGE, dont « un rapprochement avec But ». Le dirigeant de Conforama explique : “Cela fait partie de mes responsabilités [d’étudier] tous les scénarios qui permettraient de préserver les intérêts de Conforama, de ses collaborateurs et de l’ensemble de sa filière”.
[Fin de la mise à jour]
——————–
« Affaire » largement relayée par les médias ces derniers jours, en ces temps de crise sanitaire : les difficultés rencontrées par Conforama – déjà mis à mal, entre autres, par le scandale fiscal Steinhoff depuis de nombreux mois – dans les discussions avec ses partenaires bancaires pour l’obtention d’un Prêt Garanti par l’Etat – voici deux mois que la demande d’un PGE a été émise – et l’intérêt que But manifesterait pour un rapprochement avec cette enseigne concurrente : nos confrères du Parisien, en effet, dans leur édition du 17 mai, évoquaient une « piste sérieuse discutée en coulisse » à propos d’une alliance entre les deux acteurs, sans qu’au moins l’un des deux ne l’ait confirmé. Malgré tout, une chose est certaine – et cela est d’ailleurs ce que titre Le Monde à l’heure où nous bouclons ce présent numéro – le groupe Conforama ne peut financer sa restructuration, et l’obtention de ce PGE conditionne son avenir… C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’intersyndicale CFDT – CGT – FO-CFE / CGC de Conforama France, ainsi que le Comité Social et Economique Central, ont envoyé un courrier commun, le 13 mai, au ministre de l’Economie Bruno Le Maire, lui demandant « une intervention d’urgence pour le versement sans délai du PGE ».

« Les efforts que nous menions depuis de nombreux mois ont pourtant porté leurs fruits, puisque nous étions sur la bonne trajectoire et dans les respect des objectifs financiers négociés il y a un an » avance Marc Ténart, regrettant aujourd’hui le blocage de deux banques pour l’obtention du PGE.
« Un refus incompréhensible »
Quelques jours après, le 16 mai, dans un communiqué, la BNP Paribas – accusée d’une inertie, à cause de son absence à la réunion de la veille au CIRI, qui pourrait impacter directement la survie de l’entreprise – déclarait être disposée à examiner « un nouveau projet industriel et commercial, de long terme et mobilisant les actionnaires actuels ou de nouveaux administrateurs, [s’il devait se dessiner] ». En réponse à cette proposition, les syndicats demeurent plus qu’inquiets : « Quel serait ce projet industriel, si ce n’est, comme nous le craignons de plus en plus, la cession de Conforama à un « nouvel actionnaire » dont le seul but serait de découper l’entreprise […] en en liquidant la plus grande partie ? s’interroge Force Ouvrière. Rappelons que 30 000 emplois sont menacés, les salariés de Conforama et l’ensemble de leurs partenaires, que sont les fournisseurs, fabricants, prestataires ! » Les organisations rappellent que cette demande de PGE « n’est liée qu’à cette crise du Covid-19 ».
Interrogations, également, du côté de la direction de Conforama, relayées dans un courrier adressé aux salariés signé de Marc Ténart, en poste depuis septembre dernier : « Alors que nous avons apporté, [lors de chacune de nos précédentes communications que nous avions avec le CIRI, le groupe de créanciers qui ont participé au sauvetage de Conforama l’en dernier, et différents partenaires bancaires], tous les éléments demandés de nature à permettre une décision favorable, deux banques continuent de bloquer l’obtention de ce prêt ». Ainsi, aujourd’hui, le dirigeant de Conforama estime que cette situation « reste incompréhensible », et place le groupe « dans une situation désormais critique ».
« Nous étions dans le respect des objectifs financiers négociés il y a un an »
Marc Ténart déplore l’ensemble des actions réalisées « depuis de nombreux mois » en vue de « retrouver le chemin de la croissance, et de renouer avec une situation financière plus saine »… ceci ayant été réalisé, on s’en souvient, au prix d’un PSE douloureux. « Ces efforts ont porté leurs fruits, puisque nous étions sur la bonne trajectoire et dans les respect des objectifs financiers négociés il y a un an ». Des efforts qui, cependant, sont aujourd’hui compromis par les conséquences de la crise sanitaire actuelle, avec un arrêt brutal de l’activité ayant pesé « très sévèrement » sur la trésorerie, qui ne permet plus à Conforama d’envisager la poursuite sur une base durable de son activité, au cas où il n’obtiendrait pas le PGE.
« Les indications de But ne répondent clairement pas à cette exigence »
Pour Conforama, la mobilisation continue, plus que jamais, pour « tenter d’infléchir la position des deux banques réticentes ». Si le groupe n’y parvenait pas, d’autres solutions devront alors être trouvées : de nouvelles sources de financement ou un rapprochement « avec de nouveaux partenaires financiers ou industriels ». Cela, avec un objectif, comme le rappelle Marc Ténart : « La préservation de l’emploi et des actifs de l’entreprise ». Le dirigeant avance ainsi, pour évoquer cette « rumeur » désormais relayée par l’ensemble des médias actuellement, qu’ « à ce stade, et dans l’état des informations dont Conforama dispose, les indications de But ne répondent clairement pas à cette exigence ». Affaire à suivre.