Comme cela avait été annoncé, au matin de ce jeudi 11 juillet 2019 devait se tenir un nouveau Comité Central d’Entreprise, à Torcy (77) non loin du siège de Conforama ; présenté comme une “première réunion d’information consultative au projet de restructuration et de transformation du groupe”, celui-ci devait se tenir en présence d’instances représentatives du personnel. Ce comité, entamé comme prévu, a dû finalement être interrompu assez rapidement en raison de l’intrusion “d’individus en bonne partie venus de l’extérieur” comme l’annonce officiellement Conforama, qui précise que “le climat violent et menaçant” a contraint l’organisation à suspendre la réunion… La direction de Conforama annonce qu’elle reprendra demain (vendredi 12 juillet) matin.
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“Nous savons qu’il y a des solutions”
France Info confirme les faits, évoquant l’interruption du CCE par “environ 30 à 40 syndicalistes CGT de l’entreprise” qui ont pénétré dans la salle. Un représentant CGT, qui a ensuite tenu un bref discours sur le parvis de l’hôtel – discours filmé et mis en ligne sur les réseaux sociaux des organisations syndicales – annonce que ces faits sont “entièrement assumés” par le syndicat, et assure la ferme intention de rester “jusqu’au bout du retrait” de ce projet de restructuration, “car beaucoup d’autres solutions existent”. De son côté, la direction de Conforama “appelle chacun à l’apaisement, et fera tout pour que les discussions puissent reprendre dans le calme et le respect mutuel”.
Révocation du DG Franck Deshayes, la crainte d’un plan bien plus conséquent
Il y a deux jours, mardi 9 juillet, annonce a été faite de la révocation du directeur général du groupe Franck Deshayes, à ce poste depuis plus d’un an et en réalité dans l’entreprise depuis 2011, donc réputé pour en avoir une bonne connaissance… Une actualité supplémentaire n’ayant pas manqué d’accroître l’inquiétude des salariés, qui craignent désormais que le plan soit bien plus vaste que celui annoncé : ce même 9 juillet, nos confrères du Parisien avançaient en effet que, selon leurs propres informations, 76 magasins du réseau, au total, étaient déficitaires… soit plus du double des unités Conforama (au nombre de 32) officiellement intégrées au projet de la direction. “S’il n’est question d’en fermer “que” 32, c’est à la condition de conduire, en parallèle, un projet de transformation de la chaîne des magasins sur une période de deux ans. En cas d’échec, le nombre de fermetures serait revu à la hausse, et la survie du groupe serait compromise” écrit Le Parisien, citant un représentant CGT membre du bureau du comité central d’entreprise. Le quotidien, dans un article au titre choc – “Conforama : le plan caché pour démanteler l’entreprise” – soutient même que, toujours relayant les craintes des syndicalistes, les créanciers de Conforama “souhaiteraient vendre le groupe à la découpe”, à la suite de ce plan de restructuration qui ne serait alors qu’une étape… “Deux leviers sont activables pour maximiser les gains : la vente à la découpe de l’immobilier débarrassé du poids de l’entreprise, de ses salariés et de ses charges, et la vente des filiales européennes de Conforama. Avec cette opération, les créanciers pourraient tabler sur 800 millions d’euros, selon les estimations […]” publie le quotidien.
Le 3 juillet, les délégations syndicales ont été reçues au ministère de l’économie et des finances. Force Ouvrière a évoqué, à la suite de cette réunion, des interlocuteurs “attentifs”, s’étant engagés à “convoquer très rapidement” la direction générale de Conforama pour “avoir des explications”. Au cours de ces échanges, le syndicat a notamment mis en avant les “bons résultats” enregistrés par Conforama France au premier semestre 2019, avec “un EBITDA positif et une trésorerie en excédent de 15 M€ par rapport au budget” (des données qu’il nous est impossible de confirmer officiellement) : “Les efforts commencent à porter leurs fruits, avance FO. Bien plus, le Plan à Moyen Terme de Conforama prévoit une augmentation significative du CA et un triplement de l’EBITDA. [Ainsi], pourquoi ce plan […] si ce n’est “nettoyer” avant la revente ?”
Démantèlement, revente ? Les suppositions vont bon train, les inquiétudes grandissent, dans le cadre d’une situation qui, plus que délicate, se voit envenimée par les difficultés de dialogue. Alors que démarre l’été, l’actualité est plus que chargée… à suivre de très près.