Avec son dernier Business Days, qui a eu lieu le 25 février dernier à Montaigu, l’UNIFA a achevé la présentation en région de son plan sectoriel 2016-2021. Des gains de compétitivité à la modernisation de l’outil industriel jusqu’à l’appropriation de la demande française et internationale, ce plan définit trois grands axes de développement, et doit se traduire en outils pour permettre à chaque entreprise d’aller de l’avant et de définir son propre business model. Les entrepreneurs applaudissent des deux mains à ces objectifs à court, moyen et long terme, qui donnent un cap et s’appuient sur de nouveaux modes de travail collaboratifs.

Le troisième Business Day, qui s’est tenu à Montaigu, a refermé un cycle qui a réuni à chaque fois une vingtaine d’entreprises, ce qui a permis d’en sensibiliser une soixantaine au total.
JOURNÉES UNIFA : TIRER LA FABRICATION VERS LE HAUT
L’Unifa soutien l’entreprenariat
Partage », « collaboration », « dynamique », « changement »… c’est par ces mots que les participants du dernier Business Day Ouest, organisé le 25 février dernier par l’UNIFA à l ‘AFPIA SolFi2A de Montaigu (Vendée), ont résumé la réunion de travail à laquelle ils ont activement participé. Au-delà de leur intérêt visible, ils ont aussi constaté que quelque chose de nouveau est en train de se mettre en place à l’initiative de la nouvelle direction de l’UNIFA. « En organisant ces Business Days, notre objectif était de nous rapprocher des entreprises, dans chaque région, pour les amener à mieux prendre conscience des changements qui impactent notre filière, et leur présenter les outils que nous sommes en train de constituer pour les aider à s’y adapter », déclare son président Dominique Weber. Ces outils sont les réponses aux problématiques qui constituent le projet sectoriel 2016-2021 de l’UNIFA, dont le but est de donner un nouvel élan aux industries françaises de l’ameublement, et qui a servi de toile de fond à ces Business Days. Après les sessions Sud-Est et Nord-Est, qui ont eu lieu respectivement à l’AFPIA de Lyon le 28 janvier dernier, et à l’AFPIA de Liffol-le-Grand (Vosges) le 3 février dernier, ce troisième Business Day a refermé un cycle qui a réuni à chaque fois une vingtaine d’entreprises, ce qui a permis d’en sensibiliser une soixantaine au total.
Un format interactif
Ces Business Days sont tout d’abord une innovation sur le plan de la forme, puisque nous sommes bien loin d’une journée d’étude classique où les présentations des orateurs se succèdent à la tribune, entrecoupées de séances de questions où seuls quelques uns peuvent prendre la parole. Après un mot d’accueil de Dominique Weber et de sa déléguée générale Cathy Dufour, les participants ont présenté brièvement leurs activités et entreprises respectives. Chacun a pu ensuite évaluer sa connaissance du marché, grâce à une présentation sous forme de quizz, fortement inspiré de l’étude réalisée en 2015 sur notre secteur par le cabinet Monitor Deloitte.

Des journées riches d’échanges… Ici, Dominique Weber (UNIFA) et Christophe Vitard (La Boissellerie) en grande conversation lors de la session de Montaigu.
En plus de présenter les principaux chiffres du marché français, et ses caractéristiques structurelles, cette présentation a aussi mis en évidence les opportunités qui s’offrent à l’international : ainsi, l ‘étude montre que la consommation de meubles dans le monde a augmenté de 7,3 % par an en moyenne ces cinq dernières années, principalement dans les pays émergents, pour atteindre 327 milliards d’euros en 2013, une incitation forte à l’exportation. Au sein de ces pays, la Chine est devenue le premier consommateur de meubles, avec 110 milliards d’euros par an, soit un tiers de la consommation mondiale. Egalement au programme de cette présentation animée et commentée par tous, une comparaison entre l’industrie française du meuble composée à 97 % de TPE, soit 11 600 entreprises, contre 336 PME et seulement 25 ETI (entreprises de taille intermédiaire) et ses concurrentes directes. Si la France a un effectif moyen de 5 salariés par entreprise, cet effectif monte à 8 en Italie, 14 au Royaume-Uni et 15 en Allemagne, ce qui n’est pas sans conséquences sur la compétitivité. Autre chiffre significatif, la valeur ajoutée par salarié en Allemagne est 3,5 fois plus élevée qu’en France, sous le triple effet Outre-Rhin du degré élevé de consolidation, du taux d’industrialisation, et de la délocalisation partielle des activités chez les voisins d’Europe de l’Est au coût du travail moins élevé.
INTERVIEW EXCLUSIVE DES PRÉSIDENTS DE L’UNIFA ET DE LA FNAEM
En écho à ce diagnostic, le second temps fort de ce Business Day a été la présentation, par Cathy Dufour, du projet sectoriel de l’UNIFA, qui réunit un ensemble de solutions et d’initiatives pour remédier aux faiblesses des industries françaises du meuble, déclinées en trois axes stratégiques et un ensemble de leviers.
> 1er axe : Gagner en compétitivité
Le premier axe du projet s’inscrit dans le court terme, et vise à gagner en compétitivité « par la modernisation de l’outil industriel dans toutes ses dimensions : développement des compétences, amélioration des process, travail en réseaux, capacité à investir… » Pour atteindre cet objectif, l’UNIFA entend tout d’abord réformer la formation des métiers et du management, en se basant sur les conclusions d’une étude prospective, actuellement en cours, qui définira les nouveaux besoins des fabricants (numérique, personnalisation, impression 3D…), afin d’y répondre par de nouveaux référentiels de métiers (Certificats de Qualification Professionnelle). Ces nouveaux métiers doivent contribuer à changer l’image de notre industrie, pour lui donner un contenu technologique qui la rendra plus attractive pour les jeunes.

Lyon, le 28 janvier dernier.
Le second levier sera celui de l’innovation dans les techniques de fabrication (process), pour aller vers la fameuse « industrie 4.0 », qui permet à la fois de produire dans la qualité, avec un coût maîtrisé, et dans la flexibilité pour pouvoir fabriquer des produits différents qui répondent aux demandes personnalisées du client final. « Au-delà des orientations, ce qui est important pour nous, c’est d’agir, commente Cathy Dufour. C’est pourquoi nous organisons, dès le 29 mars prochain et avec le SYMOP, une journée sur le thème Automatisation / Robotisation, à laquelle tous les fabricants sont invités (1). Cette journée donnera lieu à un partage d’expérience entre fabricants, automaticiens et roboticiens, pour démystifier l’innovation, et à la présentation d’une boîte à outils conçus avec des consultants, pour que chaque entreprise puisse faire un diagnostic personnalisé de ses besoins en solutions industrielles. »
UNIFA : LE DIALOGUE SOCIAL, LEVIER DE COMPÉTITIVITE
Enfin, cette quête de compétitivité s’appuie sur deux autres leviers, qui sont d’une part le développement du travail collaboratif avec entre autres la réalisation d’un annuaire de la sous-traitance, actuellement en cours, et la création de plateformes mutualisées d’innovation et d’autre part la mise en place d’un outil pour faciliter l’accès au financement industriel destiné aux ETI comme aux TPE et PME, qui devrait être opérationnel en juin prochain.
> 2e axe : S’approprier la demande française et internationale
Deuxième axe du projet sectoriel, l’appropriation de la demande française et internationale au profit de nos industries s’appuie ici encore sur des leviers concrets, à commencer par l’innovation:
« Nous devons impérativement donner de la valeur ajoutée à nos produits, en utilisant des matériaux et des procédés innovants, qui apportent des bénéfices au consommateur final, d’ordre esthétique, environnemental, ou fonctionnel comme peuvent le faire par exemple les objets connectés, commente Dominique Weber. Il s’agit d’un objectif à moyen terme. »
Dans ce chantier, les fabricants français pourront notamment bénéficier d’études collectives et d’un diagnostic innovation pour chaque entreprise, et ils pourront aussi compter sur un VIA aux missions redéfinies : plutôt que de chercher un fabricant pour réaliser une idée émanant du designer, sa démarche sera inversée, et partira du projet de l’industriel sur la base des besoins du marché, pour lui proposer ensuite un designer et éventuellement des partenaires sous-traitants à même de la transformer en produit.

Cathy Dufour (UNIFA) et Paul Malignac (Espace Loggia).
Pour permettre aux entreprises françaises de regagner des parts de marché, l’UNIFA va aussi les inciter à monter en valeur par l’offre de services, en favorisant par exemple la mise en situation des produits grâce à la réalité augmentée, ou encore en expérimentant la création d’une place de marché collective pour les fabricants français.
Il faudra aussi prendre des initiatives en matière de marketing, pour redorer l’image de marque de la production française, en s’appuyant sur ses points forts, comme la créativité, l’ingéniosité, le caractère multi-styles et la capacité à proposer un aménagement complet des espaces de vie. Un premier pas a été franchi avec la création, l’an passé, de la nouvelle marque sectorielle « Ameublement français » au design redynamisé, qui ouvre la voie à une communication pour sensibiliser le consommateur final. Enfin, il faut aussi se concentrer sur l’international, en faisant appel à un outil existant, le GEM (Groupe des Exportateurs de Meubles), en misant notamment sur la notion de French Touch, très porteuse sur les marchés du grand export.

> 3e axe : Construire de nouveaux business models
A plus long terme, l’UNIFA invite aussi ses adhérents à construire de nouveaux business models, qui permettent de capter le consommateur final, en utilisant les outils numériques. « Pendant longtemps, les fabricants ont surtout fabriqué des produits en série qu’ils poussaient via les magasins vers un consommateur non identifié, dont ils ne connaissaient pas précisément les besoins, ajoute Dominique Weber. Ce modèle aujourd’hui bat de l’aile, et doit être complété par des modèles alternatifs, une évolution qui se fera dans le temps mais peut démarrer dès aujourd’hui par des expérimentations. » Autrement dit, c’est le consommateur qui a aujourd’hui pris la main, et il se tourne vers le fabricant qui lui offre exactement ce qu’il veut, en termes de produits et de services.

Session de Liffol-le-Grand, organisé le 3 février dernier.
En définissant ce troisième axe d’orientation, l’UNIFA entend définir un cap et donner aux entreprises les outils pour se métamorphoser, en les aidant, par exemple, à mieux utiliser Internet, à s’organiser en grappe d’entreprises, pour proposer non plus des produits mais des projets complets, à intégrer certaines compétences comme le bureau d’études, pour réduire le nombre d’intermédiaires et gagner en réactivité et en compétitivité. Des exemples récents, comme Habitat Seniors, un concept d’appartement évolutif adapté au vieillissement de la population, ou le projet ADIV’Bois, qui vise à construire des immeubles de grande hauteur en bois en incluant les aménagements intérieurs, montrent que le marché de l’agencement et de l’ameublement se déplace et prend des formes nouvelles. Il revient donc à chaque entreprise, en fonction de son positionnement et de ses objectifs, de faire son marché parmi les différents outils mis en place dans le plan sectoriel pour définir à terme son propre business model.
La dernière partie du Business Day a été consacrée à des ateliers où chaque participant a procédé à une auto-évaluation de son entreprise par rapport aux problématiques soulevées par le projet sectoriel, et à l’ébauche d’un plan d’action. Par binômes ou trinômes, les participants ont ensuite présenté leurs plans d’actions, qui ont été commentés et complétés par les autres participants. Une façon de conclure en passant de la théorie à la pratique, et une ébauche du nécessaire travail collaboratif qui fera le succès de demain.
[F.S.]
(1) Pour en savoir plus et s’inscrire : http://www.ameublement.com/fr/robotisation-industrie-ameublement