Coïncidant avec l’inauguration de ses nouveaux bureaux de l’avenue Ledru-Rollin, les Journées de l’UNIFA ont eu pour temps fort la présentation de l’étude réalisée par le cabinet Monitor Deloitte, qui dresse un état des lieux sans complaisance des industries françaises de l’ameublement, et pointe les nombreux défis à relever pour renouer avec la croissance : restructuration, modernisation de l’outil de production, amélioration des compétences, internationalisation… Des conclusions qui confortent le président de l’UNIFA, Dominique Weber, dans sa volonté de redonner à l’ensemble du secteur une culture de la compétitivité.

Journées UNIFA
L’UNIFA veut redynamiser l’offre, développer l’internationalisation des entreprises, lutter contre le « made in ailleurs », et établir un pacte de confiance et de responsabilité entre fabricants et distributeurs. C’est dans cette perspective que le président Weber a annoncé l’arrivée d’une nouvelle déléguée générale, Cathy Dufour, qui aura pour mission d’orchestrer l’action collective, de resserrer le réseau des entreprises, d’intensifier les échanges, et de redonner la parole aux fabricants en région.
« Toutes ces initiatives ont pour but de remettre notre industrie dans le sens de la marche, lui redonner confiance, et faire en sorte qu’on reparle positivement de l’industrie du meuble dans les médias, en faisant souffler un nouvel enthousiasme », a-t-il conclu, affichant le ton résolument offensif qui devait être celui de ces deux journées.

Développer les échanges de terrain
En écho à ces propos, une table ronde a permis de rendre compte des Rencontres de l’Ameublement qui ont été organisées par l’UNIFA dans les entreprises depuis début 2015, dans le but d’identifier les défis actuels de la fabrication. C’est ainsi qu’une rencontre sur le thème de la robotisation de la production a eu lieu chez le fabricant de placards Optimum (Le Passage, Lot-et-Garonne). « Notre conclusion est que la robotisation est méconnue dans le secteur, a expliqué son dirigeant Jean-Luc Guéry. Face au besoin de souplesse et d’agilité, le robot est la solution, pour pouvoir personnaliser le produit et faire le pendant avec la contremarque du client, mais cette solution ne s’impose par toujours. »
Le « Fab Lab » en revanche, pourquoi pas en utilisant l’imprimante 3D pour le prototypage, fait l’unanimité, car « il permet de se tromper plus vite, et d’arriver le plus tôt possible au bon produit. »

Marché mondial : la France en recul
Véritable « plat de résistance » de ces journées, l’étude réalisée par le cabinet Monitor Deloitte sur le thème « Redynamiser la filière de l’ameublement français dans un contexte international porteur » a permis de mettre en évidence les forces et faiblesses de notre industrie, en vue d’inspirer la stratégie des fabricants et le plan d’action de l’UNIFA (1).
Concernant la méthode, les auteurs ont tout d’abord audité les acteurs de la filière – 50 participants, responsables de l’UNIFA, fabricants, distributeurs et experts – pour croiser leur témoignage avec les principaux indicateurs du secteur. Leur premier constat est celui d’un marché mondial en fort développement : après une chute conjoncturelle de 6,2 % entre 2008 et 2009, la consommation mondiale de meubles a augmenté de 7,3 % par an depuis 2009, pour atteindre 327 milliards d’euros en 2013, dont près de 150 milliards concernent les pays émergents. La Chine est de loin le premier marché consommateur de meubles, avec 110 milliards d’euros, suivi des Etats-Unis avec 60 milliards d’euros. La part des pays émergents dans la production est en forte augmentation, puisqu’ils sont passés de 39 % de la production mondiale de meubles en 2007, à 61 % de cette production en 2013. Autre indicateur positif, les échanges internationaux de meubles, en augmentation de 7,7 % par an depuis 2009, croissent plus vite que la consommation. Ce commerce international est dominé par les exportations chinoises, tandis qu’en Europe, 76 % des flux sont intra-régionaux.

Des pistes pour rebondir
Lla cuisine, qui réussit grâce à une promesse de produit personnalisé, et la literie, qui est parvenue à accélérer le renouvellement des produits par l’innovation et la communication. Dans l’univers domestique, 22 % des 40,5 milliards dépensés dans les espaces de vie sont consacrés aux meubles, avec des disparités selon les pièces : le mobilier arrive loin derrière le multimédia dans la pièce à vivre, loin derrière l’électroménager dans la cuisine, mais il est en tête des dépenses qui concernent la chambre à coucher.
En conclusion, les auteurs estiment que « les fabricants doivent redonner de la valeur à l’ameublement et sortir de la spirale de la guerre des prix. »
[F.S.]