Attribués le 5 septembre dernier par le nouveau directeur général du VIA, Jean-Paul Bath, dans sa nouvelle galerie, les Labels 2015 semblent préfigurer un ensemble de changements à venir.
Une première inflexion est visible avec la présence au palmarès de projets issus du rapprochement de plusieurs entreprises travaillant en réseau.

Instaurés depuis plus de 20 ans, les Labels VIA sont une institution. Dans leur principe, ces prix récompensent chaque année les créations les plus abouties qui sont issues d’une collaboration entre une entreprise française – industriel, fabricant, éditeur – et un designer extérieur. La remise officielle des Labels 2015, organisée le 5 septembre dernier, et l’inauguration de l’exposition qui durera jusqu’au 7 novembre 2015, ont pourtant été marquées par plusieurs changements. Un nouveau lieu, puisque la galerie du VIA est désormais située au sein du nouveau siège de l’UNIFA, et la prise de parole du nouveau directeur général du Via, Jean-Paul Bath, qui a remplacé Gérard Laizé au cours de l’été. Autre annonce, plus inattendue, le président du VIA, Henri Griffon, a indiqué qu’il cèderait prochainement cette fonction, difficile à mener en parallèle avec son autre mandat de président du CODIFAB, sans toutefois citer le nom de son successeur qui n’est pas encore connu. Dernier changement à venir :
les Labels seront probablement attribués, à compter de l’année prochaine, par un jury professionnel élargi.

Un état des lieux de la création
Les 34 Labels VIA du cru 2015 peuvent être réunis dans différentes catégories, en fonction de la dominante choisie par le tandem entreprise – créateur. C’est ainsi que certains produits affichent leur ancrage dans les savoir-faire traditionnels, par exemple de l’ébénisterie ou de la sellerie. C’est le cas du serviteur-psyché Groom et du banc à tiroirs Cheval d’Arçon, signés Philippe Nigro pour Hermès, ou du fauteuil Madrague (François Azambourg pour Cinna), mais aussi du luminaire Cosmogonies (Victoria Magnant et Antoine Pradels pour Paperwork), qui fait appel à l’art ancestral du papier japonais. Autre direction empruntée, la réécriture de classiques : avec Bistro, le designer Jean-Louis Iratzoki et l’éditeur Retegui proposent une nouvelle version de la table bistro, dont le plateau conserve une esthétique marbre, tout en étant allégé par l’utilisation d’une âme en nid d’abeille d’aluminium, recouverte d’une fine feuille de pierre.
Les Labels récompensent aussi les créations qui apportent de nouvelles réponses fonctionnelles, à l’image du mobilier urbain Link (design Philippe Riehling pour Sineu Graff), qui se décline avec une « table de la rue », éco-conçue et composable à volonté par modules, une table basse et un mange-debout, le tout à abriter sous une ombrière pour partager un moment de convivialité en extérieur. Réponse fonctionnelle à la question de la dépendance, le concept d’agencement Senses Room (design Pierre-Henri Bouchacourt et Francis van de Walle pour Studio F2H) correspond à une chambre à coucher intégrant un ensemble d’équipements – enceintes vibrantes, moquette en 3D, douche sonore, luminothérapie… – ayant pour but de palier les déficiences sensorielles de l’utilisateur. Avec le modèle Ilok System, le tandem Patrick Sarran – Quiso propose une table pour la restauration qui se compose de différents types de piétements à associer par un système de fixation rapide avec des plateaux légers de formats différents en fonction du nombre de convives.
[F.S.]