Récemment créé au sein de son groupement Collectivités, le Club Santé de l’UNIFA a organisé, il y a quelques jours, sa première journée sur le thème de l’aménagement des espaces médicalisés. Les interventions des experts sur le devenir du secteur de la santé ont fourni un cadre de réflexion aux industriels chargés de concevoir et produire les aménagements des espaces de soin, à l’hôpital et de plus en plus à domicile.
Nouvelle thématique pour l’UNIFA : des espaces médicalisés
Qu’est-ce qu’un espace médicalisé ? C’est sans doute la première question à laquelle la journée du 12 mai dernier, organisée dans les locaux de l’UNIFA à Paris, a permis de répondre. Car les choses évoluent aussi très vite dans ce domaine. Bien entendu, on pense d’abord aux hôpitaux et aux cliniques, où l’on vient pour se faire soigner d’un mal aigu, selon un scénario crise, réparation, guérison. Mais, sous l’effet du progrès médical et du vieillissement de la population, le profil des patients et la nature des soins évoluent. Comme l’a expliqué l’ancienne secrétaire d’Etat Marie-Anne Montchamp, qui a introduit le thème du jour, « le risque santé évolue de plus en plus de l’aigu au chronique, c’est-à-dire vers des pathologies qui s’inscrivent dans le long terme, avec un parcours de soins, qui passe par des séjours à l’hôpital, entrecoupés de reprises du travail, avec des phases de transition en maison de repos ou à domicile.»

La journée du 12 mai a réuni fabricants de mobilier médicalisé et de collectivité et acteurs du secteur hospitalier.
Il en résulte une diversification des « espaces médicalisés », qui ne sont plus seulement l’hôpital et la clinique, mais de plus en plus l’EHPAD, et l’habitation, dans le cadre de l’hospitalisation à domicile, et du maintien à domicile pour les personnes âgées. Pour l’ancienne ministre, les aménagements de ces espaces doivent s’adapter à ces patients qui doivent « vivre avec la maladie », en améliorant leur confort, mais aussi celui de leurs proches, l’entourage étant une partie de la prise en charge. « Le bien-être des patients fait partie de la rémission, et le mobilier y participe, a ajouté l’ancienne ministre. Il y a là un enjeu d’abord éthique, mais aussi économique, car un patient qui guérit mieux et plus vite coûtera moins cher et participera à la pérennité de notre système de soins. » Dans sa conclusion, l’intervenante a plaidé en faveur d’une politique volontariste d’innovation et d’une complémentarité entre le plateau technique et la dimension hôtelière des soins.
Accompagner le patient
Economiste de la santé, Frédéric Bizard a exposé ce qu’il appelle « le nouveau paradigme de la santé », qui se prépare sous l’effet d’une triple transition. Une transition démographique tout d’abord, puisqu’entre 2010 et 2050, les plus de 65 ans vont passer de 17 à 25 %, et les plus de 80 ans de 5 à 11 %. Pour faire face à cette évolution, il faudra passer d’une politique de soins à une politique de santé, dont l’enjeu majeur sera de retarder l’apparition de la maladie. Cette évolution sera suivie d’un essor de l’innovation, dont les investissements capteront dans le même temps de 14 à 21 % du PIB. La deuxième transition sera épidémiologique, et se traduira par une évolution des risques courts vers les risques longs. Après la dernière guerre, l’espérance de vie pour un retraité était de 5 à 7 ans, tandis qu’elle est aujourd’hui de 25 ans.

Siège médicalisé fabriqué par la société Navailles.
Après avoir amélioré l’aspect curatif depuis 200 ans, nous devons maintenant nous concentrer sur les soins préventifs, en luttant notamment contre les maladies de civilisation comme par exemple l’obésité. Enfin, la troisième transition sera technologique : les nanotechnologies vont réduire les espaces de soins, tandis que les biotechnologies et l’informatique prendront une place croissante. « Nous allons, en définitive, évoluer d’un Etat Providence qui s’occupait de la santé de tous à un système où l’assuré devient l’acteur de sa santé », résume l’intervenant. Ce nouveau « paradigme » se traduira par un redéfinition des espaces médicalisés en 3 catégories : le centre hospitalier d’excellence aux services hyperspécialisés, les hôpitaux de moyen et long séjour centrés sur les soins, et la médecine ambulatoire à domicile. Il faudra imaginer de plus en plus des « hôtels hospitaliers » pour héberger les patients de passage, ainsi que leurs accompagnants. Troisième intervenant de la journée, le docteur Eliane Pietronave a invité à ne pas déshumaniser les espaces de soins : « Il est très important que le patient se sente chez lui dans l’établissement de santé, comme le permettent les concepts de chambres complètes qui existent aujourd’hui, avec interface entre soins et séjour, et espace dédié à l’accompagnant.
L’UNIFA REÇUE À L’ELYSÉE ET BERCY
Il faut aussi du mobilier connecté à Internet, pour qu’il reste en contact avec ses réseaux et ses activités. Il doit aussi être facile à nettoyer, et avec des propriétés organoleptiques de toucher et de visuel pour les personnes âgées. » Elle a notamment insisté sur l’importance d’un mobilier facile à nettoyer, pour permettre une bonne hygiène et lutter contre les maladies nosocomiales.
Réfléchir ensemble aux besoins du marché
Selon les chiffres communiqués par l’UNIFA, le mobilier professionnel représente un marché de 2,2 Mds€ en France, dont 950 M€ pour les collectivités et 10 % de ce volume soit environ 95 M€ pour le secteur hospitalier. Pour se positionner sur ce marché et répondre aux nouveaux besoins qui se font jour, un Club Santé a été créé au sein du groupement Collectivités de l’UNIFA et lancé lors de la journée du 12 mai. « Le but de ce club est de fédérer des industriels qui sont fournisseurs des établissements hospitaliers, ainsi que des maîtres d’œuvre, architectes et aménageurs, pour pouvoir mieux comprendre les problématiques de ce secteur et y apporter des réponses plus pertinentes, déclare son président Christophe Michaud, par ailleurs président de Navailles, fabricant de mobilier médicalisé implanté à Hagetmau (Landes).

Nous agirons pour faire connaître nos savoir-faire auprès des donneurs d’ordre dans une perspective de lobbying, à l’image de cette première journée, qui sera suivie d’autres similaires. » Le Club Santé, qui comptera bientôt une trentaine d’adhérents, s’adresse donc aux fabricants de mobilier médicalisé sièges, lits, chariots à médicaments… mais aussi de mobilier collectif pouvant équiper les espaces d’accueil, de restauration, d’hébergement, et les bureaux des établissements de santé. Au-delà, il s’adresse aussi aux fabricants qui développent des produits destinés à un nouveau marché à fort potentiel, celui de l’hospitalisation et du maintien à domicile.
[F.S.]