Avec un relatif maintien en 2014, et une progression de 3,6 % au cours de l’exercice 2015, la famille des meubles rembourrés rompt avec la période de repli qui sévissait depuis 2011. Et si la grande distribution domine les ventes de siège, certains spécialistes ameublement milieu et haut de gamme ainsi que des salonistes semblent regagner du terrain… Le point sur les dernières données du marché du meuble rembourré.

Stand Rom, EspritMeuble 2015.
Siège : une reprise amorcée ?
Le maintien des ventes de meubles rembourrés en 2014, avec 0,2 %, sur un marché en recul de 1,5 %, était annonciateur d’une reprise à venir, même si cette famille de produit a encore beaucoup de chemin à faire pour recréer de la valeur » analysait l’IPEA en février dernier, au moment de dévoiler les résultats enregistrés par le meuble au cours du dernier exercice. Et la reprise fut effectivement là : en 2015, les « meubles rembourrés » ou « sièges » (englobant banquettes, canapés fixes et convertibles, fauteuils, relax, chauffeuses, méridiennes…) ont enregistré + 3,6 %, au sein d’un marché du meuble global en progression, rappelons-le, de + 2,4 %.

Plus que jamais, la valorisation de l’offre en magasin devient indispensable : ici, la nouvelle “Confort Zone” de Stressless.
Aujourd’hui, les ventes de sièges représentent ainsi 2,33 milliards d’euros TTC, soit quasiment un quart du marché du meuble français… Il est, depuis 2012, le troisième segment en valeur derrière le meublant (3,02 milliards) et la cuisine (2,38 milliards).
Essentiellement un marché d’équipement
Alors que, on le constate depuis plusieurs années maintenant, la literie, et surtout la cuisine qui, par définition, pouvait rencontrer plus de difficultés dans cette transition parviennent enfin à se montrer moins dépendantes de l’évolution du secteur de l’immobilier, le meuble rembourré continue, de son côté à être assez étroitement lié à cette conjoncture : en somme, il reste essentiellement un marché d’équipement… « On constate ce phénomène surtout au niveau des banquettes, produit particulièrement plébiscité par les jeunes ménages en phase d’installation ou acheté après un déménagement pour meubler une chambre supplémentaire, par exemple » fait remarquer l’IPEA.

La personnalisation, un atout solide… (Himolla).
Les difficultés rencontrées par l’immobilier ne sont donc pas sans impact sur ce produit, qui souffre également d’une politique de prix cassés adoptée par de nombreuses enseignes d’ameublement. « Et par ailleurs, les réseaux font aussi clairement le choix de privilégier les canapés et fauteuils, plus générateurs de marge… ce qui impacte là aussi la banquette » complète l’IPEA. Ainsi, alors qu’en 2015, leur reprise en 2014 avait contribué à stabiliser l’évolution du marché du rembourré sur l’exercice, les banquettes sont de nouveau en retrait.
Les circuits bougent !
C’est donc uniquement grâce aux canapés et fauteuils que la grande distribution a vu ses ventes de rembourré progresser en 2015, demeurant toujours en tête des circuits pour cette famille de produits, représentant plus de 40 % des transactions en valeur. Derrière elle, les spécialistes ameublement milieu haut de gamme, qui génèrent environ 30 % des ventes ; et alors que leur chiffre d’affaires diminuait en valeur suivant la courbe d’évolution d’activité du segment, il semblerait, ces derniers temps, que la situation se redresse, avec les produits canapés et fauteuils : le résultat, sans doute, de plusieurs efforts de la part de ces acteurs, non seulement avec la mise en scène de leurs magasins qui parviennent à donner envie mais aussi avec leurs campagnes publicitaires télévisuelles, qui les rapprochent du consommateur…

Une attitude adoptée également par les spécialistes salons (environ 10 % des ventes), qui réussissent à modifier leur image, pour se repositionner comme des acteurs importants aux yeux des acheteurs. La vente à distance, enfin, génère elle aussi un dixième des ventes en valeur : misant beaucoup sur des prix tirés vers le bas, le volume est au rendez-vous d’autant que certains pure-players se distinguent mais le chiffre d’affaires réalisé par ces acteurs peine à décoller.
Des importations toujours en croissance
A côté de cela, ce segment du meuble rembourré est toujours dominé par les importations : en 2015, elles progressent de plus de 5 %, pour représenter aujourd’hui un bon quart des achats de la France à l’extérieur (les exportations, elles, sont en recul de 2,6 %).

Des designs différenciants qui font l’identité d’un fabricant : ici, le canapé Plumy du Français Cinna.
Même si les provenances semblent se diversifier, par rapport à une période où les produits venaient essentiellement d’Asie (aujourd’hui, l’Italie et la Pologne sont à l’origine respectivement 27 % et 15,5 % des importations de siège en France, avec 19,6 % pour la Chine) le volume de sièges achetés à l’étranger reste important : l’enjeu, pour les industriels français (la fabrication a enregistré un repli de 8,9 % en 2015), est de développer de nouveaux services et des produits innovants, différenciants, afin de pouvoir opérer une remontée en gamme…
Plusieurs facteurs déterminants
Pour cette année 2016, les sièges de salon sont l’une des seules catégories de meubles / décoration à enregistrer des intentions d’achat en baisse par rapport à l’année précédente, au même titre que la cuisine et les luminaires : elles sont de 13,3 %, contre 14,8 % en 2015 (source : IPEA, Habitatscope 2016). Malgré tout, comme cela a été évoqué, le meuble rembourré et plus particulièrement la banquette demeurant essentiellement un marché d’équipement, la reprise du marché de l’immobilier pourra certainement avoir une influence positive sur les ventes de sièges.
[E.B.]