Dévoilés le 2 septembre dernier, les chiffres du marché enregistrés au premier semestre 2015 se montrent encourageants, même si la croissance globale de + 2,1 % apparaît comme la conséquence directe des contre-performances observées
sur les 2 années précédentes. Reste à confirmer le tir, pour inscrire l’exercice 2015 dans le vert… ce qui n’était pas arrivé depuis 4 ans.

Le précédent numéro du Courrier (daté du 4 septembre) annonçait l’essentiel des résultats de ce premier semestre, période décisive de l’année puisque englobant les soldes d’hiver et le début de ceux d’été. Le marché du meuble enregistre donc une progression de + 2,1 % (sont évoquées, ici et comme pour les chiffres qui suivront, les ventes en valeur) : une évolution encourageante, car positive, mais qui, finalement, apparaît comme un timide rattrapage des contre-performances observées les années précédentes sur la même période (respectivement – 2,5 % et – 3,8 % pour les premiers semestres 2014 et 2013). Un schéma calqué sur celui des derniers mois de juin : celui de 2015, particulièrement bon, s’est conclu sur une croissance de + 6,9 %, après – 9,1 % et – 4,1 % enregistrés en juin 2014 et 2013. Ainsi, cette année – les résultats de juillet le confirmeront d’ici quelques jours – les soldes d’été devraient être la principale source de progression du marché.
La cuisine, grande gagnante
Au sein de ce résultat global, 3 grandes familles de produits se distinguent.
– Détachée de la literie, il y a plus de 2 ans, dans le rôle de « locomotive » du marché du meuble, la cuisine, au terme de ces 6 premiers mois, est le segment qui enregistre la plus forte croissance de ses ventes en valeur [voir page 2 de ce numéro], avec une évolution estimée à un peu plus de
+ 5 %… essentiellement « liée à la montée en gamme des produits, chez différentes enseignes »
comme l’explique Daniel Fontaine, président de l’IPEA. Par ailleurs, la cuisine parvient maintenant à moins dépendre des aléas du secteur de l’immobilier sur son produit phare, les implantations intégrées…
– La literie progresse encore (entre + 3 % et + 5 %), cela malgré une pression promotionnelle toujours soutenue ;
– Enfin, le siège continue la reprise qu’il a entamée en 2014, avec un peu plus de + 1 %. Tous les types de produits sont en progression, excepté les banquettes. « Le meuble rembourré revient de très loin, il y a désormais un gros travail de recréation de valeur »
avance Christophe Gazel, directeur général de l’IPEA.
A l’inverse, d’autres segments souffrent davantage :
– Le meublant observe un léger recul, pour le salon / séjour (le consommateur donne la priorité au canapé) comme pour la chambre (sauf la chambre d’enfants qui, elle, semble bénéficier de la hausse du taux de natalité). « Le meublant est aussi très fortement animé par les opérations de promotion, et les offres en kit, toujours plus nombreuses même sur le dressing, par exemple, font chuter la valeur du marché, explique Christophe Gazel. Et c’est là l’enjeu de la collaboration entre fabricants et distributeurs :
il faut créer de la richesse, grâce aux outils de configuration, à la formation des vendeurs… »
– Enfin, le meuble de salle de bains régresse fortement sur cette période : le produit n’apparaît pas comme stratégique pour les spécialistes cuisine ou les enseignes de la grande distribution.

Un frémissement… pour une reprise ?
Ce mois de juin 2015 aura ainsi permis au marché du meuble de gagner 40 millions d’euros comparé à la même période en 2014 : « Il faut toutefois nuancer ce résultat, précise Jean-Charles Vogley, dans la mesure où 120 millions d’euros avaient été perdus au cours des 2 derniers mois de juin ». Selon le secrétaire général de la FNAEM, la progression enregistrée sur ce premier semestre 2015 doit donc davantage être qualifiée de
« frémissement » plutôt que de relance.
Quels facteurs pourraient influencer sur celle-ci ? Outre les nombreuses mesures et actions décidées par les acteurs du meuble [voir encadré], vont entrer en ligne de compte, pour les prochains mois :
– Le marché immobilier, bien évidemment. Les perspectives sont contrastées : si une légère embellie a été récemment annoncée (avec des baisses modérées des permis de construire et des mises en chantier – voir CM&H n° 2610, daté du 10 juillet dernier), chacun sait qu’un décalage existe au niveau de la livraison effective des logements… décalage qui est encore plus important lorsqu’il s’agit de les équiper en meubles ! Par ailleurs, les mises en chantier annoncées sont encore loin des scores précédents, et la FFB a revu à la hausse ses prévisions de pertes d’emplois en 2015. Enfin, bon nombre des logements construits serviront à la location (car acquis pour défiscalisation) et nous savons que dans ce cas, l’investissement pour les meubles est moins important que celui consenti par ceux qui sont propriétaires de leur logement…
[E.B.]