Malgré une conjoncture ralentie, le salon de Cologne Spoga + Gafa 2014 a attiré en grand nombre exposants et acheteurs du marché du jardin venus du monde entier, ce qui en fait une manifestation leader en Europe pour le mobilier outdoor moyen et haut de gamme.

Au moment de fermer les portes de son édition 2014 – qui a eu lieu du 31 août au 2 septembre dernier – une chose est sûre pour le Spoga : il s’agit d’une plate-forme d’affaires de premier plan pour les fabricants et les distributeurs du monde entier qui veulent développer leur activité, en particulier en Europe mais aussi au-delà. Cette édition a en effet réuni plus de 2000 exposants en provenance de 56 pays, soit une augmentation de 10,7 %, une belle performance dans un contexte de stagnation économique. Pour découvrir leurs nouveautés, près de 36 800 visiteurs ont fait le déplacement, en provenance de plus de 100 pays, dans un climat d’affaires difficile, peu aidé par une météo estivale capricieuse, mais avec une volonté d’aller de l’avant, et d’ajuster au mieux son offre aux attentes des consommateurs. « Le nombre total de visiteurs est resté stable en 2014. En structure néanmoins il s’est étendu à de nombreux pays. On remarque une évolution positive, notamment pour les pays d’Amérique du Nord et du Sud, ainsi que de l’Océanie. En raison de la situation commerciale et politique, nous ne pouvions pas nous attendre à une progression des visiteurs africains ni russes » , commente Katharina C. Hamma, directrice de la Koelnmesse. Pour expliquer cette attractivité, la dirigeante insiste par ailleurs sur la quantité d’innovations présentées, et sur le positionnement du salon comme ensemblier du jardin – avec ses 5 secteurs « garden creation », « garden living », « garden care », « garden unique » et « garden basic » – qui lui permettent de proposer une offre très large qui s’étend du mobilier d’entrée de gamme au mobilier haut de gamme, jusqu’aux accessoires de jardin, plantes vertes et cuisines d’extérieur.
Un segment de marché semble cependant souffrir plus que les autres de la conjoncture, celui du mobilier haut de gamme, puisqu’on a déploré l’absence, dans le secteur « garden unique », de plusieurs grandes marques internationales habituellement fidèles au Spoga. « Les acheteurs de mobilier de jardin ont toujours le choix entre un produit de haute qualité plus valorisant, indémodable, mais aussi plus cher, ou un produit plus ordinaire, un investissement moindre qui durera moins longtemps. En période d’incertitude économique, comme c’est le cas aujourd’hui, l’arbitrage se fait davantage par le prix » résume Patrick Van Loo, responsable des ventes pour le fabricant historique de mobilier en teck Barlow Tyrie, présent dans « garden unique ». L’industrie du mobilier de jardin moyen haut de gamme, qui représente la plus grande part du marché, a en revanche bien répondu présent, en garnissant les allées du secteur « garden living » du salon, avec de nombreuses propositions nouvelles.
Tendances : le métal et le teck en tête
En réunissant environ 700 fabricants de mobilier de jardin, Spoga offre une très bonne représentativité des tendances à venir pour l’été prochain, avec pour dominantes le métal (acier inox et aluminium) et le teck.
Ainsi, la plus importante nouveauté de l’italien Emu est la collection Yard (design Stefan Diez), déclinée en chaise et fauteuil en aluminium garni de sangles élastiques, sans oublier une table rectangulaire fixe ou extensible. Le fabricant profite de cette rentrée pour élargir la collection Shine (design Arik Levy, aluminium), en y ajoutant une chaise longue et différents modèles de tables rectangulaires. Longtemps positionné sur le meuble à base de résine synthétique tressée, un matériau désormais en perte de vitesse, le danois Cane-line met d’avantage l’accent sur ses créations en métal, en particulier la gamme de fauteuils et canapés modulaires Conic, composés d’une structure en aluminium, recouverte de coussins et dossier en mousse à séchage rapide et tissus d’extérieur. Quant à sa collection de tables et chaises Cut, elle illustre tout le parti décoratif que l’on peut tirer de l’aluminium quand il est façonné grâce la découpe au laser. Exposant très innovant de « garden unique », le fabricant allemand Weishaupl, a lui aussi cédé aux sirènes du métal, en proposant deux nouveaux modèles de chaise longue (Balkony) et de fauteuil de réalisateur (Ahowy), tous deux en acier et tissu technique, qui n’oublient pas la fonctionnalité en étant tantôt empilable, tantôt pliable. Ajoutons aussi que le métal est aussi la porte ouverte à la couleur, puisque toutes les finitions deviennent envisageables, à l’instar des collections de chaises et tables signées du fabricant suisse Schaffner : ses modèles « spaghetti », garnis d’un fil plastique, une résurgence des années 60 et 70, et ses tables d’appoint Pix se parent de nouvelles couleurs éclatantes. Parmi les trop rares exposants français, Lafuma, très présent sur le marché allemand et à l’export, a lancé ses premières tables pliantes, dans la gamme Anytime. Ce produit, qui se compose d’un piétement en métal et d’un plateau en stratifié HPL, bénéficie de deux brevets pour ses systèmes de pliage et anti-pinçage de doigts, et traduit l’évolution du fabricant du camping vers le mobilier.
Matériau omniprésent sur le salon, traditionnel du mobilier outdoor, le teck connaît un retour en grâce depuis deux à trois étés. Il peut être mis en œuvre dans un style intemporel, comme chez Barlow Tyrie, où on insiste sur l’origine du matériau transformé, issu de forêts gérées durablement, certifiées FSC ou PEFC. Mais il faut aussi le mettre au goût du jour, ce que fait le fabricant britannique, en l’associant avec de l’aluminium dans certaines de ses gammes de tables et chaises, et avec des plateaux en céramique pour les tables de repas. « L’association teck et aluminium est une tendance du marché, car elle a l’avantage d’allier tradition et modernité », explique-t-on chez le fabricant néerlandais Appelbee, qui la met en œuvre dans son nouveau modèle de salon d’extérieur Pebble Beach. Le teck est également présent dans sa version « économie circulaire », sous forme de bois reçyclé issu de la démolition de certains habitats asiatiques traditionnels ou d’embarcations en fin de vie, comme c’est le cas par exemple chez le fabricant allemand Stern pour les plateaux de tables.
Enfin, les matières plastiques, indifférentes aux intempéries, restent un territoire de création pour le mobilier de jardin, dont certains fabricants ont fait leur spécialité. C’est le cas de l’italien Nardi, qui a lancé sur le salon un nouveau modèle de chaise longue, Atlantico, dessiné par le designer maison, Raffaello Galiotto. Ce modèle très fonctionnel dispose d’un dossier réglable en 4 positions ainsi que de roulettes, et peut être empilé. Autre nouveauté du fabricant, le siège Aquamarina, joue la carte du confort, avec son appuie-tête amovible, et se replie en un tournemain dans un esprit gain de place. Leader du mobilier de jardin sur le marché allemand, Kettler a également choisi le plastique pour sa nouveauté la plus créative du salon, un fauteuil ludique à la bouille avantageuse, paré de couleurs réjouissantes. Son nom ? « Happy ». Une invitation à l’optimisme, bienvenue dans la morosité ambiante.