Depuis une dizaine d’années, la filière meuble, en ayant pris très tôt la pleine mesure des nouveaux enjeux environnementaux, se mobilise à travers l’implication efficace de ses fabricants et distributeurs, tant à l’échelle collective qu’individuelle. L’Ameublement français et la FNAEM sont revenus sur ces actions, et les ambitions futures, au cours de la conférence du 3 mars dédiée à la restitution des chiffres du marché.
C’est en anticipant, à la fois, les contraintes financières et normatives décidées par les pouvoirs publics, mais surtout les attentes grandissantes des consommateurs en matière environnementale et de développement durable, que fabricants et distributeurs d’ameublement se sont activement impliqués en la matière…
De nombreux atouts environnementaux
… mais il est à noter, avant tout, que par définition, la filière meuble présente, de base, de nombreux atouts environnementaux : tout au long de son cycle de vie, un produit d’ameublement composé de bois, en effet, permet un stockage temporaire de carbone qui limite l’effet de serre. Les experts estiment ainsi qu’aujourd’hui, les meubles à base de bois en France gardent plus de 50 millions de tonnes de CO2 ! Parallèlement, les bonnes pratiques d’éco-conception des meubles sont de plus en plus encouragées, notamment par les barèmes d’éco-participation qui incitent les fabricants à se tourner vers ce mode d’élaboration. A noter que l’éco-conception est une « philosophie » touchant à tous les aspects de la fabrication du produit… et en cela, il convient de saluer ces industriels qui revalorisent leurs chutes de bois, notamment pour le chauffage de leurs ateliers ! Enfin, le « Fabriqué en France » apparaît comme le modèle à suivre, permettant notamment de mettre en valeur les circuits courts : approvisionnement dans les forêts françaises gérées de manière durable et responsable, limitation de la distance de transport… Les moyens d’action sont nombreux, et l’entreprise Gautier, à titre d’exemple, exploite nombre d’entre eux.

Depuis une dizaine d’années, la filière meuble a pris très tôt la pleine mesure des nouveaux enjeux environnementaux. L’éco-conception et la gestion de la fin de vie du mobilier, notamment, sont cruciales… (Copyright : Maisons du Monde)
Initiatives collectives et individuelles
De nombreuses initiatives ont vu le jour, sur le plan environnemental, à l’échelle de la filière :
> L’expérimentation de l’affichage environnemental, qui permet aux clients d’évaluer clairement et simplement l’impact de leur produit tout au long de ce cycle de vie ;
> Des liens renforcés avec les acteurs de l’économie sociale et solidaire : la branche fabrication de la filière meuble, soucieuse de prévenir le gaspillage des matériaux et s’engageant en faveur d’une réparation de qualité, à développé deux formations certifiantes (CQPA) à destination de l’ESS ; par ailleurs, les éco-organismes ont fait le choix de consacrer plus de 4 M€, en 2019, à la collaboration avec des acteurs issus de cette ESS (collecte, réemploi, etc.)
> Montée en puissance de nombreuses start-up : « upcycleurs » innovant et collaborant auprès des industriels… En témoigne le choix de l’Ameublement français, qui, avec son réseau d’expertise (VIA, FCBA…) accompagne ces nouveaux acteurs dans leur croissance, en favorisant les rencontres avec les fabricants de mobilier.
> De nouveaux espaces de vie éco-conçus : on assiste également au développement d’offres alternatives pour l’ameublement d’espaces de vie.
S’ajoutent, à ces initiatives collectives, des démarches individuelles d’entreprises, pour un engagement environnemental approfondi, comme, par exemple :
> Une prise en compte croissante de leur bilan carbone par les distributeurs : les acteurs de la filière se trouvent de plus en plus nombreux à prendre en compte l’ampleur de leur bilan carbone, et à essayer de le réduire ; Conforama, par exemple, a fait le choix de calculer son bilan de gze à effets de serre…
> Des plans d’actions magasins mis en place pour réduire leur empreinte environnementale : ces objectifs se traduisent, en effet, par des plans d’action déployés au sein même des enseignes (optimisation de la consommation énergétique, modes de transports plus respectueux de l’environnement, investissements dans les énergies renouvelables… Ikea étant particulièrement engagé sur ce point !)
> Des usines de fabrication ultra performantes en matière d’écologie : certains industriels témoignent d’une approche particulièrement volontariste, plaçant l’éco-responsabilité au cœur de leur stratégie, à l’image d’Alsapan qui s’est fixé comme objectif de réduire de 20 % sa consommation électrique entre 2015 et 2020… tout en repensant sa consommation de matières premières et le transport des marchandises, en amorçant une transition vers l’utilisation de panneau alvéolaires, plus légers.
> Des initiatives au profit de l’économie circulaire : enfin, des enseignes ont, elles aussi, mis en place, de nombreuses initiatives diverses et variées dans le but de favoriser l’économie circulaire et de réduire considérablement le gaspillage (partenariats de terrain entre magasins et acteurs locaux de l’ESS, sensibilisation en points de vente sur l’upcycling, la réparation, etc., reprise d’anciens meubles ou mesures visant à en favoriser la revente ou le réemploi).
Une bonne gestion de la fin de vie du mobilier
Dernier engagement concret – et non des moindres ! – en matière d’environnement adopté, il y a quelques années maintenant, par le secteur du meuble : la gestion de la fin de vie des produits. Notons que, suite à l’action confiée, par les professionnels du secteur, aux éco-organismes Eco-Mobilier et Valdelia, le taux d’enfouissement des déchets d’ameublement a chuté de 50 % en 2011 à 7 % en 2018, avec un objectif « zéro déchet » en 2023. Parallèlement, la valorisation des déchets de l’ameublement s’impose progressivement, selon une hiérarchie d’utilisation en adéquation avec les tendances liées à l’économie circulaire (recyclage, valorisation énergétique et réemploi pour les 93 % de valorisation des tonnes collectées).
Aujourd’hui, l’engagement financier des professionnels de l’ameublement atteint 191 M€ (selon les chiffres provisoires 2019 des deux éco-organismes), soit presque 1,5 % des 13,38 Mds€ TTC du seule marché de l’ameublement domestique… Celui-ci est amené à croître dans les prochaines années, du fait de l’objectif zéro déchet et des nouvelles obligations issues de la loi Economie Circulaire adoptée en début d’année.
Enfin, sachant que la collecte séparée est un enjeu primordial pour faire progresser le taux de valorisation des déchets d’ameublement, il est intéressant de noter qu’aujourd’hui, la filière peut se prévaloir d’un maillage territorial très large, composé de 5 000 points de collecte à destination des particuliers, et permettant de couvrir l’ensemble du territoire ; 40 000 bennes, en outre, auront été mises à la disposition des professionnels en 2019.
L’ensemble de ces dispositifs et résultats permet, sept ans après la mise en place de la filière de gestion de fin de vie des meubles, sa réelle efficacité, qui devance aujourd’hui les objectifs fixés par la loi Grenelle II : ce sont ainsi 966 000 tonnes de meubles en fin de vie qui ont été collectées directement par les éco-organismes… Un réel exemple pour d’autres secteurs d’activité.