Dans un communiqué officiel publié le 12 octobre, le chimiste allemand a déclaré qu’aucun risque pour la santé ne pouvait finalement provenir des matelas ayant été élaborés à partir des mousses dont la matière première, le TDI, était surdosé en DCB : de quoi, a priori, rassurer toute la chaîne de ses clients, jusqu’au consommateur final, après l’alerte lancée le 6 octobre. Malgré tout, fournisseurs et fabricants continuent de mener des tests, tandis que nos organisations professionnelles françaises – l’Ameublement Français et la FNAEM – assurent demeurer « extrêmement vigilantes ».

« Immédiatement après la production de la mousse, le DCB (dichlorobenzène) commence à s’évaporer, de telle sorte que la teneur en DCB dans la mousse a déjà diminué de moitié après un jour. En supposant qu’il y a, a minima, une semaine entre la fabrication du bloc de mousse et la mise en marché d’un matelas, la teneur résiduelle en DCB équivaut à 10 % de la teneur d’origine du composant de BASF. Sur la base de ces constatations, BASF est parvenu à la conclusion que, même pour la concentration la plus élevée en DCB contenue dans les matelas (faisant suite à l’accident de production de l’usine BASF de Ludwigshafen), il n’y a pas de risque pour les utilisateurs de ces produits » : c’est en ces termes que l’industrie allemande du matelas relaie les informations transmises par le chimiste BASF le jeudi 12 octobre, via un communiqué officiel qu’il a envoyé après avoir obtenu les conclusions des tests qu’il menait depuis plusieurs jours. Les concentrations de DCB ne seraient donc pas dangereuses, et BASF aurait également reconnu le fait que sa communication avait été maladroite, en n’intégrant pas suffisamment les questions plus étroitement liées aux préoccupations des consommateurs.
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Près d’une semaine de mobilisation
Dans l’attente des résultats de BASF – dévoilés six jours après l’alerte de vendredi dernier – la plupart des fabricants de literie et sièges avaient stoppé leurs chaînes de production. Les distributeurs, de leur côté, avaient, par précaution, immédiatement pris plusieurs mesures visant toutes à garantir au plus tôt la qualité des produits livrés à leurs clients. Mais Ils avaient également demandé aux fabricants, fournisseurs de mousse et à BASF, des tests en laboratoires leur permettant d’évaluer la présence d’un risque pour leurs clients consommateurs dans les produits susceptibles d’être concernés…
L’Ameublement Français et la FNAEM avaient aussi choisi de solliciter la DGCCRF et de coopérer étroitement avec cette dernière.
Simultanément à l’arrêt de la fabrication des produits susceptibles d’être concernés dans plusieurs usines placées en activité partielle, chaque distributeur a inventorié ses stocks et commencé de prendre les mesures nécessaires pour en retirer les produits susceptibles d’être impropres à la vente. Dans certains cas, ces mesures se traduisaient déjà par des retraits temporaires de commercialisation, jusqu’à connaissance des expertises techniques.
Enfin, fabricants français et distributeurs de literie et sièges rembourrés ont aussi étroitement coopéré pour identifier ou tracer les quelques produits qui auraient déjà pu être vendus avant le signalement tardif de l’incident BASF par cette firme : en cas de confirmation de risques pour la santé, cette traçabilité leur aurait permis, si nécessaire, de rappeler les produits déjà vendus.
Certains sites éprouvent toujours des difficultés pour leur production
Quelques jours avant l’annonce des résultats des tests menés par BASF, certains fabricants avaient pu reprendre leur production, progressivement, en écartant les mousses incriminées et en se fournissant auprès d’autres mousseurs… Mais d’autres – au moment où nous rédigeons cet article, le 16 octobre – étaient toujours contraints de maintenir leurs salariés au chômage technique, n’ayant trouvé à se fournir rapidement auprès d’autres mousseurs, et de garder « en quarantaine » les produits qui étaient destinés aux points de vente, toujours dans l’attente des résultats de ces tests complémentaires évoqués plus haut.
Des résultats avancés comme rassurants…
Aujourd’hui, les résultats de BASF apparaissent effectivement rassurants, tandis que la maladresse de la communication a effectivement pu amplifier l’affaire… et le secteur ne peut s’estimer que trop heureux de ces conclusions, dans la mesure où une nocivité confirmée plomberait assurément, comme on peut l’imaginer, la fin de l’exercice 2017 en termes de ventes de literie et sièges. A ce jour, en France, si quelques raccourcis abusifs ont été faits par la presse grand public, il semblerait que l’ampleur de l’affaire ait globalement été contenue.
… en attendant les résultats d’autres tests
Mais la précaution continue donc de s’imposer, ne serait-ce le temps de recueillir les résultats des autres tests menés chez les mousseurs et fabricants impactés par ce dysfonctionnement… Au terme de cette folle semaine, l’Ameublement Français et la FNAEM déclarent d’ailleurs se tenir toujours « extrêmement vigilants » quant à ce dossier, et promettent de tenir leurs adhérents informés des éventuels éléments complémentaires. Outre-Rhin, une association de consommateurs conseille même aux clients d’entamer quand même des démarches de retour de leur produit auprès de leur revendeur, toujours dans ce principe de précaution… Affaire à suivre, donc.
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