En plus de l’offre la plus large du marché en matière de composants pour l’ameublement et l’agencement, Interzum 2019, qui aura lieu du 21 au 24 mai à Cologne (Allemagne), offrira pour son 60e anniversaire un contenu renforcé pour décrypter les tendances à venir des aménagements des espaces de vie. Sous le thème général « Le futur commence ici », petits espaces, matériaux disruptifs, digitalisation ou encore espaces mobiles feront l’objet de « piazzas » conçues par des experts pour comprendre les changements à venir et intégrer les innovations des exposants.
Avec plus de 1700 exposants venus de 56 pays, dont 70 % sont internationaux et 14 % exposeront pour la première fois, Interzum 2019 sera à nouveau le salon leader des composants pour l’ameublement et l’agencement en Europe. Ce rendez-vous sera sans aucun doute un important carrefour pour le lancement des innovations les plus marquantes depuis deux ans, et un forum d’affaires pour les fournisseurs et leurs clients de tous les continents. Mais l’organisateur Kolnmesse a voulu marquer d’une pierre blanche ce qui sera la 60e édition du salon, en proposant pour les visiteurs des animations qui permettent d’appréhender les grands changements qui vont arriver dans les aménagements des espaces intérieurs. « Interzum a toujours accordé une attention particulière à apporter des réponses aux tendances générales qui influencent l’industrie du meuble et du design intérieur », déclare Matthias Pollmann, vice-président du management des salons à la Kolnmesse. Ce 60e anniversaire donnera lieu à quatre jours entièrement dédiés à l’innovation, aux tendances, et à la conception d’espaces de vie futurs, avec pour mot d’ordre général « le futur commence ici ». Un mot d’ordre qui sera décliné dans des espaces thématiques – les piazzas – sur les sujets les plus pertinents identifiés par le salon : « Tiny homes », qui traitera de l’aménagement des petits espaces, qui vont se multiplier dans un tissu urbain de plus en plus dense, « Matériaux disruptifs », qui mettra à l’honneur les matériaux alternatifs qui respectent l’environnement, « Mobile spaces », qui traitera des évolutions des espaces mobiles, et une grande nouveauté, avec le thème « Digitalisation », qui fera le tour de toutes les implications de l’essor du digital pour les fournisseurs, leurs clients fabricants et le client final. Pour mettre en avant ce renforcement des expertises du salon, Kolnmesse a organisé le 14 février un Future Design Lab à l’attention de la presse à Zurich (Suisse), en réunissant différents experts qui se sont exprimé sur ces sujets, et ont donné un avant-goût des animations thématiques qui seront présentées sur le salon en mai.
Espaces réduits : des solutions pour optimiser l’espace
Première intervenante de ce Future design Lab, l’architecte londonienne spécialisée dans l’hôtellerie internationale Yasmine Mahmoudieh a présenté un ensemble de tendances de ce marché. Elle a notamment évoqué le développement de chambres d’hôtel compactes et flexibles, et celui des micro-appartements, c’est-à-dire des espaces de vie entièrement meublés sur une surface d’une vingtaine de mètres carrés, qui doivent permettre de dormir et manger, mais aussi de travailler et de recevoir. Une tendance qui va s’accélérer, car selon son exposé, la classe moyenne va doubler d’ici à 2030, et deux tiers de la population totale vivra en ville en 2050, tandis que l’espace se fera de plus en plus rare. On voit ainsi de plus en plus de projets consistant à restructurer des bâtiments existants en divisant les logements en plusieurs appartements plus petits, ou encore des logements étudiants organisés comme des unités de vie. Il en résulte la nécessité croissante de concevoir des espaces de plus en plus rationnels et flexibles, avec par exemple une configuration « jour » pour les activités sur écrans et les repas, et une configuration « nuit » pour dormir, une équation complexe pour les architectes d’intérieur, car le tout doit être fonctionnel et esthétiquement agréable.
L’intervenante suivante, Krista Blassy du cabinet allemand PAB Architectes, a approfondi le thème des « Tiny Spaces » (petits espaces), en expliquant que cette problématique n’est pas à proprement nouvelle – il existe depuis longtemps les lits superposés, et les lits ou tables escamotables – mais que ce qui est nouveau, c’est sa généralisation probable qui va à terme en faire la norme des habitations. L’architecte a ainsi expliqué comment certaines pièces de l’appartement, qui ont longtemps rempli une seule fonction, sont en train d’en intégrer plusieurs : la cuisine est de moins en moins une pièce à part entière, mais devient une partie de la salle à manger, tandis que la pièce à vivre (living), se confond de plus en plus avec la chambre dans une double configuration « jour / nuit ». C’est grâce à ce mécanisme de superposition des fonctions que toutes les fonctions du logement peuvent aujourd’hui être réunies dans un espace de seulement 20 à 30 m2. A titre de comparaison, selon les chiffres qu’elle a communiqués, l’espace moyen disponible par personne en Allemagne était de 66,7 m2 en 2014, mais ira en se réduisant. Selon les scénarios possibles, 5 logements actuels pourraient après restructuration se transformer en 8 micro-appartements, scindés en 6 espaces : entrée, espace pour travailler et dîner, cuisine, living/chambre, salle de bains (avec douche) et WC. Cette tendance profonde de transformation des espaces de vie demandera des aménagements fonctionnels, ergonomiques et flexibles, des meubles à géométrie variable, des rangements très bien conçus et une optimisation des espaces du sol au plafond, dans laquelle les fournisseurs notamment de ferrures, mais aussi de luminaires et de systèmes domotiques ont un rôle essentiel à jouer. Voilà pourquoi la piazza « Tiny spaces » sera l’un des espaces phares d’Interzum 2019, elle mettra en valeur les solutions les plus pertinentes en la matière, tandis que les exposants phares du salon exploiteront aussi ce thème très porteur.

Matériaux disruptifs : la pression du développement durable
Le Future Design Lab a aussi donné une place importante aux nouveaux matériaux, d’aujourd’hui et de demain, avec l’intervention de Sasha Peters, du studio allemand d’expertise en matériaux et technologies Haute Innovation, sur le thème « Matériaux disruptifs ». L’intervenant a placé son intervention sous le signe du développement durable : les matériaux disruptifs, en effet, sont ceux qui présentent un intérêt dans la préservation des ressources naturelles, issus par exemple du recyclage, tout en proposant des propriétés techniques au moins aussi intéressantes que celles des matériaux conventionnels qu’ils sont censés remplacer, et idéalement des fonctionnalités supplémentaires. Il s’agit d’un secteur particulièrement dynamique, auquel les designers et concepteurs de produits et aménagements pour l’habitat ont tout intérêt à s’intéresser pour anticiper les tendances du marché. Pour l’intervenant, ces matériaux peuvent être classés dans différentes catégories, à commencer par les solutions à base biologique, où on trouve par exemple le bio-béton, un béton additionné de fibres et de mousse de verre, pour accroître son pouvoir isolant, mis au point par l’entreprise Detong à Berlin, mais aussi les « Urine Tiles », des bio-tuiles à base d’urée issue de l’élevage animal (entreprise Sinae Kim, Londres). Également dans cette catégorie, l’utilisation de l’énergie des algues marines pour alimenter des thermomètres (Fabienne Felder, New York), ou encore le mobilier issu de la pousse naturelle des végétaux, orientée avec un tuteur qui suit la forme du meuble (Fullgrown, Royaume-Uni), l’idée étant d’utiliser la pousse des végétaux comme un matériau de construction.
Pour économiser les ressources naturelles, l’expert a aussi retenu le mobilier à base d’épluchures de pommes de terre (Chips Board, Royaume-Uni), les chaussures à base de chewing-gum déjà mâché, ou encore le béton moulé dans des emballages à bulles, avec un effet décoratif saisissant (Butong, Stokholm). Autre champ d’innovation, les matériaux produits par fabrication additive ou impression 3D, avec des propriétés souvent surprenantes, à l’image du contreplaqué thermoplastique déformable Superply (UPM Finland, Berlin), ou de Wooden 3D Tubing, un matériau à base de bois et d’additifs qui donne des structures très résistantes. Enfin, l’intervenant évoque aussi les matériaux « intelligents », avec par exemple le bois gonflable, un panneau avec un motif en relief réversible (Acra, Chennevières-sur-Marne), la mousse à fermeté programmable Dynamic Foam, pour devenir par exemple plus dure au matin pour favoriser le réveil (Variowell, Münster). Citons aussi le bois imprimé en 3D qui réagit à l’humidité, ce qui permet par exemple d’ouvrir ou fermer une ouverture en fonction du temps qu’il fait (David Correa, Université de Stuttgart). Un large échantillonnage de ces matériaux, qui préfigurent l’habitat de demain, seront exposés sur le salon.

Digitalisation : répondre aux nouvelles attentes
Pour envisager l’habitat du futur, il faut aussi mesurer les impacts de la digitalisation, ce que proposera le salon dans une nouvelle « piazza » sur ce thème, conçue sous la direction de Gerd Wolfram, dirigeant de l’agence DC Digitalconnection. La conception de cet espace repose sur une analyse des principaux courants de consommation, et en quoi la digitalisation peut apporter aux acteurs du marché des réponses et des solutions. L’animation mettra en avant différents courants, à commencer par la consommation responsable et l’économie de la ressource, qui se traduisent par des espaces de vie plus petits, une hybridation des lieux de vie et de travail, le développement du recyclage, ou encore l’économie du partage, qui incite à louer et mutualiser plutôt que d’acquérir des biens. Deuxièmement, il y a un fort courant en faveur de la personnalisation des produits et des intérieurs, qui se traduit notamment par un mobilier de plus en plus modulaire voire sur mesure, et des technologies de capteurs pour individualiser les usages et le confort. A ces nouvelles attentes, la digitalisation apporte des solutions grâce à la fabrication numérique, de plus en plus robotisée, qui permet de fabriquer des pièces uniques à un prix de marché, et à l’Internet des objets (IoT), qui ouvre la voie à l’habitat intelligent ou « phygital home », à savoir le mélange du physique et du digital. La piazza « Digitalisation » mettra finalement en lumière comment la digitalisation permet aux fournisseurs et aux fabricants de répondre aux attentes de l’artisan ou du consommateur final, avec de nombreux exemples. Elle réunira les innovations d’une quinzaine d’exposants du salon, sous la forme de produits équipés avec des composants digitaux, et fera état de nouveaux modèles économiques basés sur le digital, ou encore de solutions digitales pour la fabrication, la vente ou l’installation des meubles et agencements.

Pour être complets, ajoutons qu’une « piazza » supplémentaire traitera des espaces mobiles, à savoir des tendances d’aménagements intérieur dans les transports, ferroviaires, aériens et maritimes. En plus d’envisager les évolutions à venir, ces espaces thématiques permettront aussi de décrypter les innovations des exposants, qui seront répartis dans les trois grands secteurs d’Interzum : « Fonction et composants » qui réunit les composants techniques comme les ferrures et systèmes d’éclairage, « Matériaux et nature » qui réunit les panneaux, bandes de chants et plans de travail, et « Textile & Machinerie » qui réunit les machines et composants pour la fabrication de la literie et des meubles rembourrés. Le salon donnera ainsi aux fabricants, agenceurs et architectes une vision globale des innovations dans tous les secteurs des composants pour le meuble et l’agencement.