L’Association pour le Développement des Immeubles à Vivre Bois a été officiellement lancée le 6 novembre dernier. Incluse dans le Plan Industries du Bois financé en majorité par l’Etat, elle représente une opportunité unique de créer une dynamique de développement sur les marchés de la construction et de l’aménagement d’immeubles à grande hauteur en bois, en France et à l’export.

De gauche à droite : Frank Mathis, Dominique Weber, Georges-Henri Florentin et Dominique Millereux
Le projet de la Nouvelle France Industrielle, lancé en septembre 2013, a fait couler beaucoup d’encre. A travers lui, les Pouvoirs publics ont établi 34 plans prioritaires de relance, touchant 14 filières dont la filière bois, destinataire du « Plan Industries du Bois », qui ambitionne de construire et d’aménager des bâtiments de grande hauteur (IGH) en bois. Après les intentions, le colloque organisé le 6 novembre dernier au FCBA à Paris, pour le lancement d’ADIVbois, a marqué le passage aux actes : « L’Etat a identifié le potentiel de la filière bois française, qui réunit à la fois la ressource, les industriels, et les acteurs du logements, a affirmé Christophe Lerouge, de la Direction générale des entreprises au Ministère de l’Economie, en ouverture du colloque. Il faut maintenant les réunir pour concrétiser la construction de ces immeubles à grande hauteur. » L’intervenant a aussitôt ajouté que ce plan n’a pas été confié à l’administration, mais aux entreprises, sous l’égide de deux pilotes industriels, Frank Mathis pour la partie construction bois, et Dominique Weber, le président de l’Unifa, pour la partie aménagements intérieurs : « Il y a aujourd’hui un train qui passe, il faut que la filière bois y monte, a expliqué Frank Mathis en prenant la parole. L’objectif de ce plan est clair, il est de développer notre activité, grâce aux projets d’immeubles à grande hauteur, et aux projets plus modestes qui en découleront, afin que toutes nos entreprises en bénéficient. »
La construction de ces immeubles à grande hauteur en bois est une réponse pertinente aux nouveaux défis environnementaux : nous devons préserver les ressources naturelles, réduire nos émissions de gaz à effet de serre, et la consommation énergétique de nos bâtiments. Le bois est un allié pour atteindre ces objectifs, en tant que ressource abondante et renouvelable, qui stocke beaucoup de CO2 pendant sa croissance, qui demande peu d’énergie pour sa transformation, et au pouvoir isolant élevé. Il est une solution urbanistique d’avenir, pour accueillir les quelque 65 millions d’habitants supplémentaires qui rejoignent les villes chaque année.
LES PREMIERS IGH EN BOIS PLANIFIÉS EN 2017
L’immeuble en bois le plus élevé de France, construit à Saint-Dié des Vosges, compte huit étages, mais l’évolution des techniques doit permettre de porter cette hauteur à quinze étages demain, et même trente après-demain. Pour que de tels projets voient le jour, il faudra néanmoins que la réglementation et les normes relatives à la construction bois, jugées trop contraignantes par les professionnels, soient adaptées, ce qui prévu par le Plan Industries du Bois : « Pour réussir, nous devons donner envie de vivre dans un immeuble en bois, et envisager le bâtiment de manière globale en associant aménagement intérieur et construction, a déclaré Dominique Weber. Nous avons l’opportunité d’imaginer des projets made in France, reproductibles et exportables, qui seront des leviers de croissance et nous ouvrirons de nouveaux marchés. Nous pouvons nous appuyer sur l’implication des acteurs publics nationaux comme locaux, et sur les intervenants privés. » Dans sa démarche, ADIVbois pourra compter sur l’image très positive de ce matériau dans l’opinion : « Pour 80 % des Français, le bois est un matériau qui donne de la valeur à une maison, et pour 79 % d’entre eux, il n’y a pas de matériau plus noble que le bois, des scores exceptionnels », précise Tristan Benhaim, du cabinet Sociovision, auteur de l’étude Les Français et le Bois.
Le Plan Industries du Bois suit son cours, dans le cadre d’un programme sur trois ans : 2014 a donné lieu à l’établissement d’une feuille de route, à la création et au lancement d’ADIVbois ; 2015 sera consacrée à l’identification des sites de construction, et au lancement d’un concours d’architecture ; 2016 verra la désignation des lauréats du concours, et le démarrage des chantiers. Si tout se déroule comme prévu, les premiers immeubles à grande hauteur en bois verront le jour en 2017. Ce plan industriel, qui se décline en 23 actions collectives, correspond à un investissement de 8,9 millions d’euros HT sur trois ans, qui seront financés par une aide publique à hauteur de 71 %, sous réserve que la filière se mobilise pour apporter le complément sous forme de financement privé, soit 2,8 millions d’euros (924 000 euros HT par an). Les sources de ce financement sont les entreprises, le mécénat et les fondations, et les éco-organismes et fédérations professionnelles (dont par exemple l’Unifa et France Forêt Bois).
« ADIVbois a pour ambition de regrouper les forces vives qui permettront au Plan Industries du Bois d’aboutir d’ici trois ans, a conclu Dominique Weber. Je crois beaucoup à cette organisation de type cluster d’entreprises, qui crée une dynamique commune, mutualise les moyens, et réduit le montant des investissements pour chaque participant. » L’Association permettra aussi à la filière d’être un interlocuteur unique auprès des donneurs d’ordre. Le colloque a été suivi par l’Assemblée Générale constitutive d’ADIVbois, qui devait donner lieu à la constitution de cinq commissions (Marketing & Marchés / Projets & Territoires / Architecture, Design & Innovation / Ressource forestière / Technique).