Effet mécanique du confinement, la consommation d’ameublement a lourdement chuté en mars et avril, avec respectivement – 51,6 % (arrêtés) et – 80 % attendus. En outre, les organisations du secteur présagent une reprise “très lente” pour le restant de l’année – se basant sur les premiers retours de pays sortis du confinement avant l’Hexagone – en estimant, cette fois, un recul annuel du marché français de l’ameublement compris entre 20 et 30 %… C’est la raison pour laquelle lesdites organisations – Ameublement français pour l’industrie et FNAEM pour la distribution – appellent le gouvernement, comme elles avaient pu le faire par le passé, à autoriser un déblocage temporaire du PEL pour l’achat de meubles neufs.
C’est une mesure qui, par le passé, avait prouvé son efficacité : dans les années 80, l’Etat avait autorisé le financement des achats de cuisines équipées par le PEL, ce qui avait donné une belle impulsion au marché. D’autres tentatives de ce type – en 2014, puis en 2019 -, qui devaient concerner cette fois l’ensemble des achats d’ameublement, n’avaient pas abouti auprès des autorités et / ou des banques. Aujourd’hui, l’Ameublement français et la FNAEM sollicitent une nouvelle fois, auprès des autorités, ce type de mesure, étant donné le caractère exceptionnel de la situation : le marché de l’ameublement devrait atterrir, selon les prévisions actuelles, à – 20 ou – 30 % fin 2020. En cause : la fermeture administrative des magasins, bien évidemment, mais aussi l’augmentation significative de l’épargne des ménages, qui devrait faire du meuble “l’une de ses principales victimes collatérales”, puisque ce produit est avant tout un bien d’équipement à faible fréquence d’achat…

Dans la limite de 10 000 € et pour une durée de 24 mois
Les deux organisations professionnelles appellent officiellement une nouvelle fois, ce jour, le gouvernement à autoriser le déblocage temporaire et partiel du Plan Epargne Logement des Français, pour ceux qui souhaiteraient procéder à l’achat de meubles neufs. Pour une durée de 24 mois, et dans la limite de 10 000 euros : ceci constituerait “une mesure de soutien efficace” à la filière meuble, “qui plus est, sans aucun coût pour les finances publiques”.
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Une mesure positive pour l’économie française
Une telle mesure serait particulièrement positive pour l’économie française, pour plusieurs raisons :
- Elle garantit le maintien des emplois en France : distributeurs et fabricants français de meubles représentent actuellement 100 000 salariés partiellement menacés par la fragilité du marché. Cette mesure pourrait créer et maintenir près de 5 000 emplois dans la filière meuble française ;
- Elle est positive pour les finances publiques : “L’État, en effet, n’a pas besoin de verser la prime lors d’un déblocage partiel de PEL. De plus, les ventes de meubles induites par la mesure apportent des recettes fiscales supplémentaires, de TVA notamment” soulignent les organisations ;
- Elle n’a aucune incidence négative sur l’investissement immobilier : le PEL est de moins en moins utilisé pour financer un achat immobilier, et est aujourd’hui devenu un pur produit d’épargne. En 2018, près de 14,3, millions de PEL représentent un encours de plus de 276 mds€ (source : Banque de France).
- Elle n’impactera pas le déficit extérieur de la France : une majorité des achats de la distribution d’ameublement est réalisée auprès des fabricants français. “Soutenir ponctuellement le marché français du meuble ne pourra avoir que des effets positifs sur les exportations françaises de meubles” avancent l’Ameublement français et la FNAEM. Et d’ajouter : “Les effets positifs de la mesure envisagée pour les fabricants français seront d’autant plus importants que ces derniers sont en position de leaders peu contestés pour des familles complètes et importantes de produits.”
- Enfin, le périmètre de cette mesure se veut précisément défini et étroitement sécurisé : “Le meuble demeure davantage un bien d’équipement durable que de consommation courante, expliquent les deux organisations. Sa longue durée de vie, supérieure à celle de bien d’autres produits (15 ans en moyenne, 10 ans pour la literie, 23 ans pour la cuisine), sa faible fréquence d’achat et sa valeur nominale élevée le rapprochent d’un investissement immobilier auquel il est souvent lié. Leur financement par recours à une fraction infime de l’épargne longue des PEL se trouve donc pleinement justifié.”