Au terme de 3 mois de procédure, la justice a tranché : depuis mardi 24 mai, Perceva est le nouvel actionnaire exclusif de Cauval. Premier entretien avec son président fondateur, Jean-Louis Grevet, qui détaille ici les moyens et le calendrier prévus par la société d’investissement, avec déjà une urgence majeure : faire face à la forte saisonnalité qui s’annonce traditionnellement, à cette époque, dans le secteur de la literie.

Pour commencer, quels éléments de votre offre ont, selon vous, fait pencher les salariés d’abord, puis le Tribunal ensuite, en votre faveur ?
Pour ce qui est des salariés, nous avions beaucoup échangé avec eux sur les volets financier et opérationnel. Ils se sont aussi beaucoup renseignés sur nous car nous savons bien que les termes « fonds d’investissement et de retournement » peuvent inquiéter et ont bien compris que nous étions des actionnaires de long terme. Les salariés ont aussi particulièrement apprécié les échanges qu’ils ont pu avoir avec les membres de l’équipe de management que nous sommes sur le point de nommer : François Duparc, Alain Boussuge et Philippe Lang, issu du secteur de l’automobile, qui a la réputation de maîtriser parfaitement les problématiques industrielles. La complémentarité de ces différentes personnalités les a beaucoup rassurés…
Ils ont bien évidemment été rassurés, en outre, par le côté financier : nous allons mobiliser 70 M€, dont 40 M€ en fonds propres. Une grande partie de ces moyens servira notamment à moderniser l’outil industriel puisque certains sites ont besoin d’une rénovation, d’une réhabilitation voire d’une reconstruction et à investir dans le marketing pour développer les marques du Groupe. C’est ainsi un ensemble d’éléments qui a fait pencher les salariés de Cauval en faveur du projet de Perceva, et ils étaient bien conscients, comme je leur avais moi-même rappelé, que pour la première fois, ils pourraient choisir leur actionnaire… ce qu’ils ont fait en confrontant les différentes offres, avant de voter. Du côté du tribunal, c’est très certainement le nombre de salariés que nous proposions de reprendre dans l’Hexagone 1 445 sur 1 661 ainsi que la solution financière que nous apportions, avec d’importants moyens mobilisés. Perceva est également un acteur habitué à ce type d’intervention, qui a fait ses preuves auprès de grandes sociétés comme Monceau Fleurs, Dalloyau…
PERCEVA, NOUVEL (UNIQUE) ACTIONNAIRE DE CAUVAL
Concrètement, quelles mesures allez-vous prendre à court terme, et comment pouvez-vous rassurer immédiatement les fournisseurs et distributeurs qui ont été impactés par cette situation ?
Le calendrier est simple, mais il faut aller vite. Nous sommes devenus actionnaires du Groupe Cauval à 100 % ce lundi 23 mai à minuit : cela concerne l’ensemble des sites industriels, des stocks, des marques, des contrats nécessaires au fonctionnement de l’entreprise, des 1 445 salariés, et des 4 filiales étrangères que nous souhaitons reprendre. Ensuite, Perceva a immédiatement nommé un directoire composé des 3 personnes sus-citées, dont le premier acte de gestion est de se rapprocher de la quarantaine de cadres clés qui supportent notre projet, et qui sont localisés sur des sites ou assumant des fonctions commerciales, marketing ou financières, pour gérer le groupe au plus vite.
Il y a donc une continuité dans l’action et après, évidemment, nous allons injecter les moyens financiers pour rassurer les fournisseurs et les payer quant à notre capacité à payer les matières premières… l’enjeu étant le démarrage imminent de la forte saisonnalité dans le secteur de la literie. Concernant les distributeurs, nous avons été particulièrement épaulés par ceux-ci, qu’ils soient réseaux spécialistes et de la grande distribution. Maintenant, il faut aller au-delà des bonnes intentions : nous devons honorer les commandes, et travailler.

Quelles seront ensuite vos actions au fil des prochains mois et années, notamment sur le plan de la rénovation des sites ?
Il y a 2 types de sujets. Ceux d’urgence, tout d’abord, qui sont principalement des problèmes d’équipement dans un certain nombre de sites devenus non productifs et obsolètes : nous allons très vite débloquer des moyens financiers pour remédier à cela. Ensuite, il y a des projets structurants à Bar-sur-Aube et à Mantes / Limay / Porcheville : nous allons nous mobiliser dans les semaines qui viennent pour organiser la mise en place de ces projets. Malgré tout, vous savez bien que la construction d’usines nécessite du temps : nous sommes, je le rappelle, sur un projet prévu sur 7 à 10 ans, donc même si je vous assure que nous allons nous atteler « très rapidement » à la reconstruction de sites, cela prendra inévitablement plusieurs années.
Pour résumer, les achats se feront tout de suite ; l’équipement prendra quelques semaines ; enfin, la réhabilitation / la reconstruction de sites nécessitera quelques années.
Quel impact aura cette reprise sur le salon EspritMeuble, dont Cauval est l’un des fondateurs ?
Gilles Silberman est un des actionnaires de la manifestation, pas le Groupe Cauval. En d’autres termes, ce point n’entrait pas dans le périmètre de la reprise. A notre échelle, nous allons être partenaires de ce salon et d’autres manifestations d’ailleurs en y investissant pour y présenter nos produits, comme d’autres fabricants le font. Il est évidemment encore trop tôt pour évoquer les détails de cette participation, nous devons encore travailler cela.
>> Stratégie export, filiales étrangères, question de la licence Simmons, projets concernant le site particulier de Mantes…
L’intégralité de l’entretien est à retrouver dans l’édition du vendredi 27 mai 2016, print ou web, accessible à nos abonnés.