Le Groupement Contract et Haute Facture de l’Ameublement français a organisé le 30 novembre sa troisième journée thématique sur le thème « Hybrides », qui recouvre les lieux de vie multifonctionnels de nouvelle génération. Les différents intervenants ont mis en évidence un marché en devenir sur lequel les tandems architectes d’intérieur et fabricants français ont toute légitimité à s’exprimer.
Décrypter les nouveaux territoires de développement, baliser les marchés de demain… Telle est l’une de missions principales du groupement Contract et Haute Facture de l’Ameublement français, qui a trouvé une nouvelle traduction avec l’organisation, le 30 novembre dans les locaux parisiens de l’Ameublement français, d’une journée de réflexion sur l’aménagement des espaces « hybrides ». De quoi s’agit-il ? Sous l’effet des technologies numériques, on voit aujourd’hui apparaître de nouveaux lieux, pour l’instant qualifiés de « co-working », qui ont plusieurs usages : on y travaille à temps partagé ou de façon ponctuelle, en mode individuel ou en réunion, puisque chacun emporte aujourd’hui son outil de travail avec lui – ordinateur portable, tablette, smartphone – mais on peut aussi y prendre un verre, s’y reposer, y faire du sport… en attendant qu’ils deviennent probablement des lieux d’hébergement, et de services – location de voiture ? garderie ? – ce qui parachèverait ce nouveau style de vie nomade. « L’hybridation rend obsolète les espaces classiques et monoculture en termes de parcours client. Dans un passé pas si lointain, les espaces étaient conçus par usage, boutique, restaurant, hôtel, galerie, coiffeur, bureau, spa, garderie… Tous ces espaces ont tendance à se rejoindre », a lancé Philippe Jarniat, chef de marché à l’Ameublement français et organisateur de la journée, en guise d’introduction. Un autre facteur pousse à ce regroupement : le coût de plus en plus élevé du mètre carré en centre-ville, qui pousse notamment l’hôtellerie à diversifier l’utilisation de ses espaces pour étendre le taux d’occupation et donc la rentabilité des établissements. Bien entendu, le choix de ce thème pour cette troisième journée Contract Haute Facture ne doit rien au hasard : ces nouveaux établissements constituent en effet un nouveau marché pour l’Ameublement français, dont les savoir-faire dans le mobilier sur mesure et l’agencement, associés à celui des architectes d’intérieur, peuvent apporter des solutions à la fois qualitatives et innovantes.
Une hôtellerie en pleine métamorphose
Pour illustrer cette évolution, l’Ameublement français a convié comme premier intervenant Marc Hertrich, du cabinet d’architecture d’intérieur Hertrich & Adnet, qui intervient sur un grand nombre de projets hôteliers haut de gamme dans le monde entier. Dans sa présentation, il a tout d’abord expliqué que les investisseurs du secteur hôtelier ont pour priorité d’échapper à la standardisation, et demandent avant tout des concepts originaux, des réponses sur mesure, de la direction artistique, pour pouvoir faire en sorte que leur établissement raconte une histoire : voilà pourquoi 80 à 90 % du mobilier des projets signés Hertrich & Adnet est créé de façon exclusive, et fabriqué avec un volant de partenaire souvent made in France. Du boutique hôtel de bord de mer à l’établissement hyper fonctionnel et design dans les destinations d’affaires, un hôtel doit aujourd’hui exprimer quelque chose de singulier qui séduit un client et s’adapte à son mode de vie : « La tendance majeure, c’est que l’hôtel s’ouvre sur la ville, et que les différents usages de la ville font irruption dans l’hôtel, a explique l’architecte d’intérieur. Pendant longtemps, on avait un lobby, un restaurant, un bar, des salles de réunions bien séparés, mais c’est terminé : selon les heures, on va attendre un rendez-vous, travailler, se reposer, manger quelque chose sur le pouce, ou prendre un apéritif dans un même espace que l’on peut qualifier de transformiste. »

Pour appuyer son discours, Marc Hertrich a pris l’exemple du Sofitel de Marseille, qui offre un « grand salon » qui sert à la fois de restaurant et de lieu de travail informel, grâce à du mobilier « hybride » : les tables basses à 45 cm de hauteur pour utiliser son ordinateur alternent avec des tables de repas à 68 cm, les grands canapés pour se réunir alternent avec les places isolées pour travailler individuellement, les meubles intègrent discrètement des prises USB pour le rechargement sans fil… et l’espace bar peut être ouvert en fin de journée grâce à des parois coulissantes. Le tout est rendu possible par un mobilier qualifié à la fois de « léger » et de « solide » pour offrir de la souplesse d’utilisation. En complément, un éclairage LED permet de modifier les ambiances selon les différents moments de la journée, ce qui fait que le « grand salon » n’est jamais vide, et peut accueillir du public de façon plurielle et continue. Autre exemple pris par le conférencier, un boutique hôtel en Suisse, où le salon sert aussi de salle de petit déjeuner, dont le buffet, un équipement peu esthétique, est rendu amovible en le dissimulant derrière des cloisons, ce qui permet de créer un lieu de co-working dans la journée, grâce à des tables et chaises adaptées aux deux usages, et de bar le soir en faisant apparaître les armoires où sont rangées les boissons.
Co-working : les nouveaux lieux à la mode
La tendance à l’hybridation est encore plus forte dans un nouveau type de lieux, les espaces de co-working, qui ont fait l’objet d’une présentation de Edouard Laubies, co-fondateur avec son associé Pascal Givon, de Now Coworking, une marque qui compte aujourd’hui 5 espaces de ce type implantés sur 3000 m2 environ dans 5 hyper-centres de grandes villes françaises…