Du diagnostic à la mise en œuvre et au financement, la journée organisée le 29 mars dernier par l’UNIFA et le SYMOP a permis d’éclairer tous les volets d’un projet de robotisation dans le secteur de l’ameublement.

De gauche à droite : Cathy Dufour (UNIFA), Philippe Lacharnay (Simire), Jean-Claude Meyer (SALM Cuisines Schimdt) et Jean-Luc Guery (Optimum).
Robotisation et performance
C’est l’une des déclinaisons de son Projet sectoriel de l’ameublement 2015-2021 : l’UNIFA a organisé, le 29 mars dernier, une journée de sensibilisation sur le thème « Robotisation et automatisation dans l’industrie de l’ameublement ». Cette rencontre, co-organisée avec le SYMOP (Syndicat des machines et technologies de production), a eu lieu au siège social de ce dernier situé à Courbevoie (Hauts-de-Seine), et réuni une soixantaine de professionnels, principalement des fabricants de meubles et agenceurs, et des intégrateurs de solutions robotiques. « L’un des piliers de notre projet sectoriel est d’aider les entreprises à gagner en compétitivité, en modernisant leur outil de production, grâce notamment aux innovations en matière de process et via la robotisation, a déclaré le président de l’UNIFA, Dominique Weber.

Journée Robotique au siège du SYMOP.
La réunion d’aujourd’hui a pour but de les aider à comprendre les enjeux de la robotisation, et de leur proposer une boîte à outil pour engager des projets dans ce sens. » Son message s’adressait surtout aux PME et TPE, qui accusent un certain retard en la matière. C’est dans ce sens que l’UNIFA vient d’adhérer au projet Alliance Industrie du Futur, transversal pour l’ensemble des secteurs industriels.
Prenant la parole à son tour, Philippe Morin, du Pôle ingénierie conception simulation du CETIM (Centre technique des industries mécaniques) a expliqué que la robotique est au cœur de l’usine du futur, parce qu’elle permet un très grand nombre de solutions pour améliorer l’interaction entre l’homme et la machine. La robotique collaborative, par exemple, apporte une réponse raisonnée et personnalisée à la réalisation d’une tâche, en faisant mieux que l’être humain sur le plan de la cadence et de la précision, tout en réduisant la pénibilité et le risque de maladie professionnelle liée à la répétitivité du geste.
Entre réflexion et passage à l’acte
Une mini-enquête a été réalisée par l’UNIFA à l’occasion de cette journée, pour connaître la position des fabricants de meubles vis-à-vis de la robotisation, et rapportée par sa déléguée générale Cathy Dufour. Sur les 22 entreprises qui ont répondu, 15 sont actuellement en réflexion sur le sujet, 6 sont déjà au stade du projet ou de la recherche d’investissement, et 3 ont mis en place un robot en production depuis moins d’un an. En ce qui concerne leurs attentes, 17 entreprises déclarent vouloir obtenir des conseils techniques pertinents, 12 veulent connaître les outils de financement possibles, et 5 souhaitent faire réaliser un diagnostic de leur outil de production. Parmi leurs motivations à robotiser, l’amélioration de la productivité arrive en tête, suivie de la réduction de la pénibilité au travail, et de l’amélioration de la qualité des produits ou services et de la flexibilité des postes de travail.

La suite du programme a donné lieu à une table ronde qui a réuni des industriels de l’ameublement qui ont fait part de leur expérience de la robotisation. Philippe Lacharnay (Société Simire, fabricant de mobilier de collectivité), a expliqué que la soudure a été automatisée dès les années 1990, en premier lieu pour augmenter la productivité. « Il n’était pas facile de trouver des salariés formés à la soudure du tube mince, ajoute-t-il, nos salariés se sont montrés favorables au robot, qui prend en charge des tâches parfois pénibles, et ont été formés à leur utilisation et à leur maintenance.
SOMMEIL ET TECHNOLOGIES : L’ANALYSE
Nous sommes passés progressivement de 1 à 9 robots aujourd’hui. » Second intervenant, Jean-Luc Guéry (Optimum, fabricant de portes de meubles), est passé à la robotisation au début des années 2000 pour réduire la pénibilité des postes de manutention : « Une grande porte de placard peut peser 60 kg, et nous avons réalisé que les équipes déplaçaient jusqu’à 21 tonnes de portes par tranche de 8 heures, ce qui se traduisait par des troubles musculo-squelettiques, explique le dirigeant. Non seulement les salariés ont été ravis de cette évolution, mais nous avons augmenté les cadences, et ces investissements ont été financés à hauteur de 25 % par la CARSAT (1). » Quant au troisième intervenant, Jean-Claude Meyer (SALM – Cuisines Schmidt, qui possède aujourd’hui une quarantaine de robots), il a mis en avant un ensemble de motivations et de gains : « Nous avons décidé de robotiser, notamment le stockage de nos contremarques, pour réduire le taux d’erreur qui était trop élevé, et garantir une qualité de service optimale pour nos clients, a-t-il déclaré.

Par la même occasion, nous avons réalisé des gains de productivité, et fait reculer la pénibilité. » Si les intervenants se félicitent d’avoir robotisé leur production, ils attirent néanmoins l’attention sur le fait qu’il s’agit d’un projet d’entreprise, qui demande au moins un an ou plus pour l’élaboration et l’installation de l’outil, suivi de longs mois de montée en puissance et d’intégration progressive dans l’ensemble du process de production. Par exemple, 15 formateurs interviennent à temps plein au sein de la SALM pour former et perfectionner les salariés à l’utilisation des robots, et l’entreprise recrute désormais à niveau bac + 2 ou bac + 3 des techniciens capables de résoudre les problèmes des flux de données, responsables de la majorité des problèmes de robotique.
De la mise en oeuvre au financement
En définitive, la robotisation est un processus complexe, qui demande que le temps nécessaire soit pris pour élaborer un cahier de charges correspondant à un besoin identifié, conjointement avec l’intégrateur, en prenant en compte la partie humaine aussi bien que la réglementation, et qui ne peut fonctionner que sur un procédé qui est déjà maîtrisé par l’entreprise. « Il est indispensable de faire un diagnostic avant de se lancer, pour savoir ce qu’il faut robotiser : il existe des moyens de financer ce diagnostic » a lancé Valérie Gourvès, directrice du pôle Ameublement du FCBA. Cet organisme travaille actuellement à une étude de faisabilité robotique mutualisée, et applicable à l’ensemble des entreprises du secteur de l’ameublement. Enfin, la journée du 29 mars a permis d’évoquer les différents dispositifs qui sont à la disposition des entreprises pour financer leurs projets de robotisation.
LECTRA, FOURNISSEUR DE COMPETITIVITE POUR LE SIEGE
Il existe tout d’abord des prêts dans le cadre du projet Alliance Industrie du Futur, qui sont de la compétence des Régions, en relation avec la BPI (Banque Publique d’Investissement). Les PME et les ETI peuvent aussi faire appel aux prêts « robotique » et aux PIAVE (Projets industriels d’avenir) proposés par la BPI, et au programme Robot Start PME, actif jusqu’en juillet 2017, qui leur apporte une aide financière, mais aussi un conseil et un accompagnement pour l’acquisition d’un premier robot dans les PME. En parallèle, il existe aussi des mesures d’ordre fiscal, permettant un sur-amortissement sur les investissements productifs.
Les entreprises de l’ameublement ont désormais toutes les cartes en main pour réaliser leur projet de robotisation personnalisé, pour faire un pas en avant en compétitivité, et se rapprocher du fameux « lot de un » qu’on demandera demain aux industriels. Elles contribueront ainsi à la viabilité de leur activité, et au maintien des activités productives en France.
[F.S.]
(1) Caisse d’assurance retraite et santé au travail.