Président de l’UNIFA de 1991 à 1997, parmi de nombreux autres mandats exercés dans notre profession, Philippe A. Mayer s’est éteint le 11 avril 2016. Il restera une figure marquante de l’ameublement français.

Philippe A. Mayer
Philippe A. Mayer
Philippe A. Mayer est de ces hommes qui ont profondément marqué l’histoire des industries françaises de l’ameublement, par les responsabilités qu’il a occupées, et l’esprit qu’il a insufflé à son action. Né le 15 juin 1923, il est diplômé d’HEC en 1943, et licencié en droit à la Faculté de Paris la même année. Dès la fin de ses études, il s’engage comme volontaire dans la 2e division blindée et participe en 1944 à la Libération de Paris et de l’Alsace. Une fois la guerre terminée, il part aux Etats-Unis en mission de travaux publics dans le cadre du plan Marshall, et découvre à cette occasion le plastique, matériau innovant à l’époque, auquel il consacre les 25 premières années de sa vie, en rejoignant l’industrie du jouet. Il lance en France de très nombreux jouets qui ont connu un succès mondial, dont la célèbre poupée Barbie et le Télécran.
De l’industrie du jouet à celle du meuble
C’est en 1976, en négociant pour le groupe Sommer-Allibert le rachat des deux principales entreprises françaises de fabrication de meubles de jardin, Triconfort et Clairitex, dont il devient le PDG, qu’il fait une entrée remarquée dans l’univers du meuble. Cette action, saluée par la profession, lui ouvre la voie vers les plus hautes fonctions : entré au Conseil d’administration de l’UNIFA en 1980, il devient président du GEM l’année suivante, jusqu’en 1991. Il prend aussi la présidence du Sisel Vert (salon du mobilier d’extérieur, 1982 – 1999), et de la société ECB (Equipement Cuisine Bains (1987 – 2008), et devient en 1989 Conseiller du Commerce Extérieur de la France.
En 1991, Philippe A. Mayer est élu président de l’UNIFA et le sera encore deux fois, jusqu’à la transmission de son mandat à Henri Griffon en 1997. Vice-président du CODIFAB (1991-1996), président du Salon du Meuble de Paris (1992 – 1998), président du VIA (1992- 2012), président du PLAB (1994-2001), président d’honneur de l’UNIFA depuis 1997, il n’avait cessé depuis d’occuper des fonctions éminentes dans notre profession.
Une reconnaissance unanime de la profession
Infatigable voyageur, on le croisait encore ces dernières années sur les salons français et étrangers, qu’il se faisait un devoir de visiter pour y relever les tendances du moment et s’en faire l’écho à son retour. Son 90e anniversaire, quand il avait transmis la présidence du VIA à son successeur Henri Griffon, avait permis de mesurer la reconnaissance de la profession à son égard. Jean-Marie Lacombe, alors président de l’UNIFA, avait salué le « charisme dû à cette dose d’autorité que plaçait en toutes choses » cet homme « ouvert, moderne, curieux, précis, opiniâtre, ponctuel et fidèle. » Gérard Laizé, qui avait travaillé près de vingt ans à ses côtés, avait exprimé « sa gratitude et son admiration pour le soutien indéfectible qu’il a apporté à la mission du VIA » (voir ci-dessous).
Toute l’équipe du Courrier présente, aux côtés de nombreux autres acteurs du secteur, ses bien sincères condoléances à l’épouse, à la famille ainsi qu’aux proches de Philippe A. Mayer.
Rendent ici hommage, à cette grande figure du meuble, d’autres personnalités de la profession, qui ont eu l’occasion de côtoyer Philippe A. Mayer durant leur carrière. Il nous était bien évidemment impossible de relayer dans nos colonnes l’ensemble des hommages, dont nous devinons l’abondance, qui lui ont été – seront sans doute encore – faits : que chacun nous en excuse. Nous avons recueilli, ici, les textes de représentants de la fabrication (Dominique Weber, président de l’UNIFA, ainsi que Gérard Laizé, ancien directeur général du VIA) et de la distribution (Jean-Charles Vogley, secrétaire général de la FNAEM). Chacun salue la mémoire de ce grand homme, à la fois à titre personnel et au nom de leurs organisations respectives.
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« Philippe A. Mayer fut mon Président durant mes vingt années de collaboration au sein du VIA. Au cours de toutes ces années, il a défendu avec pugnacité les intérêts et les missions de cette institution unique en son genre, que nous envie le monde entier. Je l’avais baptisé « Président inoxydable ». Son engagement forçait l’admiration et le respect. En ce qui me concerne, il m’a toujours soutenu et j’ai pu apprécier ses qualités ; celles qui créent une véritable connivence. Sa curiosité, d’une part, qui se traduisait par une grande ouverture d’esprit à l’égard de nouveaux projets ou de propositions d’évolution. Mais aussi son plaisir de visiter les salons professionnels (Paris, Cologne, Milan, Shanghai…) et de rencontrer ses relations : ce qu’il pratiqua régulièrement jusqu’à l’année dernière. Sa détermination et son exigence, ensuite, qui incitait à parfaire toute action. Sa fidélité, enfin, qui le portait à être attentionné à chacune de ses relations et immédiatement attachant pour celui qui faisait sa connaissance. Son apparence bougonne cachait un affectif au grand coeur. La perte de l’être cher est très triste, son souvenir restera toujours vif. »
(Gérard Laizé)
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« A cette triste nouvelle, je n’ai pu m’empêcher de réprimer quelques larmes. J’ai rencontré Monsieur Mayer assez tard dans sa vie professionnelle, lorsqu’en 1997, j’ai pris les fonctions de délégué régional de l’UNIFA Est et qu’il présidait le Pôle Lorrain de l’Ameublement Bois. Nous nous sommes très rapidement entendus et, je pense, appréciés. Pendant sept ans, j’ai donc travaillé sous ses ordres avec plaisir, aux côtés du directeur du PLAB Marc Lemaître. Depuis mon arrivée à la FNAEM en 2003, nous avions pris l’habitude de déjeuner ensemble une fois par an pour discuter librement de l’actualité et de nos projets, car il en avait toujours ! Il avait eu la gentillesse de relire l’épreuve du manuscrit du livre que j’écrivais, et je le renseignais sur des sources d’approvisionnement en confiture de mirabelles dont il raffolait. Je l’ai rencontré pour la dernière fois dans les allées du salon de Cologne 2016, dont il était évidemment un des plus anciens visiteurs. Sous des abords bougons, l’homme était en réalité d’une profonde sensibilité. Il avait une intelligence aigüe des hommes et des circonstances. Son obstination à atteindre les objectifs qu’il s’était fixés m’a toujours impressionné, tout comme sa constance dans la fidélité. En cela, il a toujours été pour moi un modèle. Avec le temps, on ne lui donnait plus d’âge, il était devenu une sorte d’institution respectée de tous. Jusqu’au bout, il est demeuré curieux de toutes les nouveautés technologiques et leurs applications économiques, comme à ses débuts. Il n’aimait pas les fins, notamment de mandats. Mais voilà, tout a une fin… Alors il reste à lui dire adieu et merci pour tout ce qu’il m’a appris. Quand un homme de cette dimension s’en va, c’est un morceau d’âme d’une profession qui part avec. »
(Jean-Charles Vogley, pour la FNAEM)
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Merci Philippe !
A l’issue de notre dernier dîner à Cologne, en janvier dernier, vous m’aviez annoncé que vous ne vous rendriez certainement pas, pour la 61e fois, au salon du jouet de Nuremberg.
J’ai compris que ce serait également votre dernier Salon du meuble…
Que de foires visitées dans le monde, votre podomètre en poche tout au long de votre extraordinaire carrière de chef d’entreprise ! Plusieurs métiers du jouet au meuble, en passant par la fonderie.
Votre silhouette familière dans les allées de nos salons du meuble était légendaire ; que d’encouragements et de bons conseils prodigués à nos jeunes chefs d’entreprise !
Toujours en quête d’une bonne affaire, l’entreprenariat était inscrit dans vos gènes.
Visionnaire, vous n’avez jamais cessé de penser et prôner l’internationalisation et l’innovation ; Triconfort, ECB et Grange ont été votre terrain d’expertise. Président de l’UNIFA, du GEM et du VIA, vous avez constamment œuvré pour le rayonnement de notre profession…
Je n’oublie pas que vous avez été mon soutien de la première heure pour la Présidence du PLAB, puis de l’UNIFA ; administrateur assidu et vigilant, vous avez tenu votre rang de grand monsieur jusqu’au bout.
Au nom de la profession de l’ameublement, de l’amitié qui nous a uni depuis trente ans, une simple épitaphe : Merci Philippe !
Nous adressons à Solange, sa chère épouse, ainsi qu’à ses enfants, Catherine, Antoine, Laurent et Bertrand, nos plus sincères condoléances.
(Dominique Weber, pour l’UNIFA)