C’est avec une vive émotion que nous avons appris le décès de Christian Carouge, survenu la semaine dernière. Arrivé dans la profession du meuble en 1996 au sein de la SCEM (coopérative Mobiclub), il a considérablement travaillé, trois ans plus tard, au rapprochement avec Monsieur Meuble : l’UCEM (Union Commerciale pour l’Equipement Mobilier) voit le jour, et Christian Carouge en devient le président du directoire… menant également d’une main de maître, ensuite – en 2004 – la fusion des deux coopératives, qui donne naissance à la SCM (Société Coopérative du Meuble). Parti à la retraite en 2011, il accepte une nouvelle mission dans la profession, deux ans plus tard, cette fois au sein de la PEM (Promotion Européenne du Meuble), en tant que consultant : le rapprochement avec Côté Meubles se fait quelques mois après, et Christian Carouge aura également joué un rôle important dans le rapprochement avec la SAGAM, officialisé à l’été 2017. Ainsi, cette vingtaine d’années passées au sein de notre profession aura permis à Christian Carouge d’œuvrer considérablement pour cette dernière, notamment grâce à sa profonde conviction de la nécessité de rapprocher les acteurs pour en faire « des groupes qui pèsent sur le marché du meuble » ; une action menée avec humanité, honnêteté et respect, comme le reconnaissent les nombreuses personnes qui ont pu avoir le plaisir de le côtoyer et travailler à ses côtés… Nous publions ici quelques témoignages en ce sens, et adressons – comme a pu le faire l’équipe dirigeante actuelle de l’UCEM via un courrier dédié – à son épouse, Brigitte, à sa famille ainsi qu’à ses proches, nos pensées les plus sincères.
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Didier Baumgarten (FNAEM, SAGAM)
« La dernière fois que nous dînions ensemble au 21 Rue Mazarine – notre cantine -, nous avions eu avec Christian un fou rire d’anthologie, qui nous avait obligés à prolonger ce moment de joie au café d’en face.
Christian faisait partie de ma « cour », au sens de « cour de récréation » : autrement dit, l’un de ceux avec lequel vous vous retrouvez parce que vous avez des affinités, et avec lequel vous éprouvez du plaisir à être ensemble. Nous partagions les mêmes valeurs de notre bonne éducation : la courtoisie, la politesse et le respect des autres. Il savait élever le débat, et toujours avec diplomatie et grande habilité, il trouvait des solutions.
Nous ne donnions pas cher de sa peau lorsqu’il est arrivé à Mobiclub… en étant issu des photocopieurs ! Nous avons dû vite nous raviser : non seulement il a redynamisé l’enseigne, mais il a géré, avec une grande compétence, le mariage avec Monsieur Meuble. L’UCEM a vite reconnu en lui les qualités de manager, qui en ont fait son directeur général pendant des années. Après son départ à la retraite, il avait répondu à l’appel de Patrick Min et Michel Charrier, pour une mission de réorganisation et de sauvetage de la PEM / Logial, dont il s’est très bien acquitté en sortant de la sauvegarde et en scellant la reprise par le Géant du Meuble.
Je garderai de lui ce souvenir d’un homme d’une grande élégance, doté d’une hauteur de vue supérieure à la moyenne.
Nous perdons une grande figure de l’Ameublement et moi, un ami. »
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Denis Gicquel (UCEM)
« Christian était un homme de relation, un leader, un manager : il menait des équipes, entraînait les groupes et s’occupait de leurs rapprochements. Il dégageait une vraie chaleur humaine, aussi, son contact et le travail avec lui étaient très agréables. Travail qu’il menait en étant toujours soucieux de faire en sorte que la cohabitation des enseignes s’opère dans la meilleure harmonie, mais aussi que chacun soit responsabilisé au sein des équipes : oui, Christian savait laisser l’initiative à ses collaborateurs, pour les valoriser. C’était un homme de contact, et de mise en contact ».
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Bernard Maubourguet (Côté Meubles)
« Un grand professionnel très humain, ouvert : Christian était ainsi. Il a aidé beaucoup de personnes – à la fois au sein de la distribution et de la fabrication – en ne laissant jamais quelqu’un au bord de la route… ce qui le rendait sincèrement apprécié de tout le monde. Christian est arrivé dans le monde du meuble par Mobiclub : c’était son « bébé », qu’il n’a jamais laissé tomber. Son but était de mener des regroupements pour essayer de créer des acteurs qui pèsent sur le marché : tout cela fonctionna très bien. Il s’est montré très visionnaire dès le premier rapprochement qu’il opéra, en 1999. Et lorsqu’il était président du directoire de l’UCEM, alors que Denis Gicquel était à la tête de Monsieur Meuble et que j’assumais, moi-même, la vice-présidence de Mobiclub, il était, incontestablement, le « catalyseur » de la création et du fonctionnement de ce groupe… Christian était ainsi le premier à aller dans ce sens, en étant convaincu que ces rapprochements seraient une bonne solution. C’est une grande personnalité du monde du meuble qui nous quitte ».
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Alain Liault (Meubles Célio)
« Avec Christian, nous nous connaissions bien, et nous apprécions réellement. La franchise et l’honnêteté nous liaient : nous avions beaucoup d’estime l’un pour l’autre. Notre qualité de relation était très bonne : je respectais pleinement son point de vue et sa conception des choses, comme lui le faisait envers moi. Je me souviens d’ailleurs, sur ce point, d’une anecdote : lorsque, il y a une vingtaine d’années, j’ai lancé la marque Célio en elle-même, nous n’étions pas d’accord sur un point. Utilisant une amusante métaphore, Christian déclarait ne pas souhaiter voir, au sein de ses magasins, des « combinaisons recouvertes d’écussons » ! En réponse, je lui expliquais mon point de vue, autrement dit la nécessité, selon moi, de mettre en avant une marque auprès du consommateur. Il a « résisté » deux ou trois ans, puis un jour, il m’appelle pour que nous déjeunions ensemble : il m’a avoué avoir finalement revu sa position, affirmant que ma stratégie lui amenait des clients ! Ainsi, il fallait voir comment nous pouvions mener cette démarche ensemble. Et c’était là une des grandes qualités de Christian : il avait cette intelligence pour lutter, mais ne restait pas dans l’opposition stérile : j’aimais beaucoup ce trait de caractère. Et cela rejoint une autre de ses qualités : la culture du résultat. Son expression favorite – que je reprends souvent ! – était : « Il n’y a pas de progrès sans mesure ». En d’autres termes, pour reparler de la marque Célio, il s’était rendu compte concrètement, avec des « mesures », qu’elle lui amenait des clients. Et lorsque, donc, il avait la preuve, c’était bon ! Nous sommes dans une profession où nous faisons souvent appel à notre instinct, à notre sensibilité : Christian, lui, en plus, mesurait, et c’était une bonne chose. Il reconnaissait, avec humilité, qu’il n’était pas trop « un homme de produit », ce qui l’avait amené à me faire confiance, ainsi qu’à d’autres… Mais nous avions en commun cette fameuse culture du résultat, celle qui parle. Christian défendait beaucoup ses enseignes, ses équipes ; mais lorsqu’il avait des convictions fortes, il prenait beaucoup de temps pour convaincre, argumenter, et cela fonctionnait. Enfin, je me remémore aussi particulièrement ces fois où, lorsque nous étions en congrès, il venait systématiquement courir avec nous, fabricants et magasins, le matin : il souffrait un peu car sans doute moins entraîné que certains ( !) – Christian était quelqu’un qui s’attachait à entretenir sa forme physique – mais nous passions des moments vraiment sympas. C’est un grand homme qui s’en va ».