Si le groupe fabricant de literie évoque une décision essentielle pour préserver sa compétitivité, et annonce mettre tout en œuvre pour le reclassement de chacun des salariés, la fermeture de l’usine Cofel de Mazeyrat-d’Allier (Haute-Loire), programmée pour fin février, provoque une vive inquiétude et de nombreuses actions chez les 82 personnes concernées… Un potentiel repreneur pourrait toutefois manifester de l’intérêt. Le point sur la situation.
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[Mise à jour du 24 janvier 2019]
La réunion du mercredi 23 janvier – théoriquement l’avant-dernière pour discuter du PSE – aurait permis de poursuivre les négociations entre salariés et direction, puisque les premiers ont, selon nos confrères de La Montagne, décidé de mettre fin à la grève qui avait été entamée il y a quelques jours. Après plusieurs débats parfois animés, un terrain d’entente aurait été trouvé entre les deux parties “concernant notamment la prime supra légale et la rémunération du congé de reclassement” selon le quotidien régional. La dernière réunion se tiendra le mardi 29 janvier.
[Fin de la mise à jour]
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[Mise à jour du 21 janvier 2019]
Le vendredi 18 janvier 2019, comme prévu, direction et syndicats se sont retrouvés pour une nouvelle réunion au cours de laquelle, semble-t-il, le dialogue aurait été renoué, avec “une vraie négociation et des avancées sur beaucoup de points” selon Pierre Marsein (CGT 43), dont les propos ont été relayés par nos confrères de La Montagne. Toutefois, beaucoup de revendications subsistent de la part des salariés. Ainsi, une réunion supplémentaire est programmée pour ce mercredi 23 janvier, dont l’objectif sera, à nouveau d’avancer encore sur la question du contenu du Plan de Sauvegarde de l’Emploi.
[Fin de la mise à jour]
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« Des coûts fixes inadaptés, un ratio par employé le plus élevé du groupe »
A l’annonce de cette décision, mi-novembre dernier, le groupe communiquait officiellement sur la nécessité d’un « transfert de production » – vers deux de ses autres usines, à savoir Limoges et Noyen-sur-Sarthe – afin de « sauvegarder une activité mise à mal par le marché », et ainsi « préserver la compétitivité ». Luis Flaquer, dirigeant du groupe, nous détaille la situation ainsi : « C’est avant tout un problème de coûts fixes, qui concernent l’usine la plus petite du groupe. Cofel n’est pas propriétaire de ses murs [qui appartiennent à Recticel, implanté à proximité, ndlr] mais seulement du parc machines. Mazeyrat enregistre ainsi le ratio coûts fixes / employé le plus élevé du groupe. En passant de cinq sites à quatre, nous réduirons nos coûts fixes globaux ». Et d’ajouter : « La productivité de cette usine n’a jamais été mise en cause, au contraire. » Le PDG de Cofel nie toutefois l’affirmation de Pierre Marsein, secrétaire général de la CGT 43, qui évoque, de son côté, une productivité « au moins aussi importante que celle de Criquebeuf », mettant en avant « un très beau parc machines et un grand savoir-faire de techniciens qualifiés [dont la moyenne d’âge est de 45 ans, ndlr] »… jugés comme autant d’arguments en faveur d’une reprise, par un acteur capable de maintenir et exploiter cette spécificité.
Voir aussi : Cofel ferme le site de Mazeyrat-d'Allier, l'une de ses 5 usines
Reclassements… ou reprise ?
Car le désaccord qui subsiste entre la direction et les salariés se situe bien là : à tout juste un mois et demi de la fermeture effective initialement annoncée, les représentants des salariés estiment être toujours « au point mort ». D’un côté, Cofel, précisant que la fabrication des produits serait répartie sur deux de ses autres usines, s’était engagé à tout mettre en œuvre pour la sauvegarde des emplois concernés : « Nous avons donc besoin de recruter ailleurs dans le groupe, appuie Luis Flaquer. C’est la raison pour laquelle nous proposons une solution de reclassement au sein de ces autres unités de production, et ce pour 80 % des salariés. Plus largement, nous mettons en œuvre un accompagnement pour aider chacun des salariés à trouver une solution à sa situation ». Seulement, l’usine de Limoges – la plus proche de Mazeyrat – est située à plus de trois heures de route… Ainsi, du côté des salariés, les actions militantes se portent en faveur d’une reprise du site et de son savoir-faire ouvrier, ce qui permettrait de conserver les emplois sur place : « Nous voulons un repreneur du secteur de la literie ou, plus largement, travaillant les mousses par exemple… Autrement dit, une activité qui soit proche de celle de ce site de Mazeyrat, et permettrait ainsi de conserver sa valeur ajoutée » avance Pierre Marsein.
La recherche d’un repreneur, Cofel dit également la mener actuellement, en vertu de la loi Florange adoptée il y a cinq ans ; toutefois, Luis Flaquer juge « très faible » la probabilité de reprise par un acteur du secteur, au vu des conditions plus que mitigées du marché actuel de la literie – rappelons qu’elle devrait perdre son statut de locomotive du marché du meuble sur l’exercice 2018 – d’autant que Cofel, propriétaire de ses machines, les transfèrera dans ses autres sites, laissant ainsi un site quasi-vide. Face à cette perspective, le dirigeant du groupe Cofel martèle ainsi « vouloir faire des choses qui ont du sens », en reclassant donc les salariés de Mazeyrat au sein du groupe… voire en leur trouvant « des solutions personnelles à l’échelle locale » (mesure qui, toutefois, n’a pas encore été mise en place). Les salariés, qui se montrent, eux, plus optimistes quant à la candidature potentielle de repreneurs – d’autant que l’usine de Mazeyrat est, par ailleurs, située à proximité du fournisseur de matières premières Recticel, ce qui peut représenter un autre argument – déplorent « un gros manque de temps » pour mener à bien cette quête, puisque la fermeture de l’usine est donc toujours prévue, à ce jour, d’ici fin février… Ainsi, après plusieurs manifestations de salariés opérées ces dernières semaines – et notamment un déplacement jusqu’au siège du groupe fabricant de literie, à Boulogne-Billancourt – le secrétaire général de la CGT 43 évoquait, ce début de semaine, « une situation bloquée », les précédentes réunions avec la direction n’ayant « rien donné de concret » sur le plan des « deux batailles » menées actuellement par les salariés, à savoir, donc, la recherche d’un repreneur et la négociation du PSE. Une nouvelle réunion devait avoir lieu entre les deux parties ce vendredi 18 janvier.
Un concurrent sur les rangs ?
Pourtant, selon nos sources, un acteur s’intéresserait de près au dossier. Bien connu du monde de la literie pour avoir été aux commandes de l’un de ses plus grands groupes durant de nombreuses années, ce dernier aurait en effet entamé des premières démarches concrètes pour évaluer la situation… Affaire à suivre.