La récente reprise de la SAS Leleu – rebaptisée groupe Burov Leleu – doit permettre à l’entreprise de se développer de nouveau, en misant, avant tout, sur l’export. Explications avec son nouveau dirigeant, Alain Damais.
« L’export : une nécessité », Alain Damais
Les difficultés de la SAS Leleu (marques Jacques Leleu, Burov et activité Solutions Industrielles), implantée à Candé dans le Maine-et-Loire, avaient commencé en 2009, année au cours de laquelle la société avait été mise en redressement judiciaire, avec plan de continuation. Début novembre dernier, Alain Pittet, son dirigeant, nous annonçait que le Tribunal de Commerce d’Angers avait prononcé la liquidation judiciaire de la société, suite aux difficultés que celle-ci avait rencontrées pour faire face à l’une des échéances du plan [voir CM&H n° 2577 et 2585, respectivement datés du 14 novembre et 16 janvier derniers]. Cette liquidation était assortie d’une poursuite de l’activité sur les 3 mois suivants, ce qui allait permettre à l’entreprise de trouver un repreneur… C’est finalement l’offre d’Alain Damais qui a été retenue, la reprise ayant été officialisée le 23 mars dernier.

Vous avez un riche parcours professionnel, principalement dans le monde de la finance… Comment vous est venue l’idée de reprendre une entreprise fabricante de meubles ?
J’ai effectivement cumulé plusieurs fonctions [voir colonne] depuis 1997, mais cela faisait plusieurs années que je mûrissais le projet de reprendre une société. Un choix personnel lié à l’envie d’entreprendre, de créer de la valeur… mais aussi de mettre en avant le « made in France ». A ce jour, j’ai eu l’occasion de visiter une soixantaine de pays, et je me suis aperçu d’une chose : où que l’on aille, il existe un dénominateur commun, la notion de luxe, quasi systématiquement associée à la France. Ainsi, vous n’imaginez pas le nombre d’entreprises de notre pays qui – pour celles qui ne le font pas encore – auraient l’opportunité de promouvoir et vendre leurs produits hors de nos frontières !
C’est donc vers la SAS Leleu que vous vous êtes tourné…
Je ne pensais pas forcément au secteur de l’ameublement, mais il est vrai que je suis particulièrement intéressé par le design. Il était essentiel, en accord avec mon projet, de créer ou de reprendre une entreprise au savoir-faire reconnu. En cela, la SAS Leleu correspondait parfaitement à ce que je recherchais : elle fabrique des produits de grande qualité, dispose de nombreux savoir-faire et d’un avantage comparatif essentiel, le confort. Celui-ci résulte principalement de sa maîtrise de la technologie de l’élaboration des mousses moulées, qu’elle utilisera ensuite pour équiper ses sièges, ce qui garantit un bien-être sans égal… C’est d’ailleurs ce critère – le confort si particulier de ses produits – qui m’a décidé, lorsque j’ai eu l’occasion de tester et de comparer ses sièges et canapés, il y a quelques mois, alors que j’étais encore en phase de réflexion.
Pouvez-vous justement nous rappeler les spécificités de la société ?
L’entreprise, désormais appelée groupe Burov Leleu, est donc un des seuls fabricants en France à utiliser la technique de l’injection de mousse moulée pour l’ameublement. Elle dispose aussi de l’ensemble des compétences nécessaires pour fabriquer des meubles : ses propres ateliers d’ébénisterie, de confection et de tapisserie, de cuir, et aussi, bien sûr, son propre bureau d’études et de conception, aux solides compétences… En somme, elle est capable de tout fabriquer elle-même, à partir d’un simple dessin ! En cela, je dois saluer le travail d’Alain Pittet qui, au fil des années, a su construire un outil industriel extraordinaire.
Comment expliquez-vous donc les difficultés rencontrées récemment, qui ont conduit à la liquidation judiciaire ?
Je crois qu’aujourd’hui, les entreprises françaises fabricantes de meubles ne peuvent survivre et prospérer que si elles exportent une partie importante de leur production, ce qui implique notamment une vraie montée en gamme. C’est une nécessité absolue, le marché domestique étant désormais trop restreint… Or la société Leleu n’avait jamais vraiment tenté l’aventure hors de nos frontières : elle était, de ce point de vue, une belle endormie, qui mérite d’être réveillée !