Présidente du groupe SALM, premier acteur du marché de la cuisine en France, Anne Leitzgen demeure,pour l’industrie du meuble comme pour son groupe, confiante dans l’avenir.
Diversification, valeur ajoutée et présence accrue
à l’export constituent, selon elle, les conditions sine qua non pour faire face à la conjoncture actuelle, délicate s’il en est.

L’interview d’Anne Leitzgen
Le marché de la cuisine a connu un repli marqué (-2,8 %) en 2014. Faut-il s’attendre à une année 2015 tout aussi difficile ?
Je ne le pense pas. Bien entendu, il ne m’appartient pas de parler au nom de tous les acteurs du marché de la cuisine et du meuble en France, mais nous demeurons, à la SALM, confiants dans l’avenir. Certes, le marché de la cuisine a connu un recul en 2014, au même titre que les autres familles de produits composant le marché du meuble domestique en France, d’ailleurs, exception faite de la literie. Mais cette conjoncture difficile doit justement faire l’objet d’un travail de réflexion constructif pour l’avenir. Nous avons le sentiment, à la SALM, que cette mauvaise passe a constitué un électrochoc pour tous les acteurs du groupe ; les réseaux se sont ainsi remis en question et se sont recentrés sur leur métier.
Peut-on encore produire en France et demeurer compétitif ?
Oui, je le crois. Il faut bien admettre que l’environnement juridique et fiscal est moins favorable à l’industrie et à l’entreprenariat que chez certains de nos voisins, mais la France demeure un pays caractérisé par l’innovation, la créativité et la compétence des acteurs. Il s’agit donc de profiter au mieux de ces qualités et d’axer sa stratégie industrielle sur la différenciation et la recherche de valeur ajoutée. Il faut également savoir s’adapter aux besoins des consommateurs ; cela implique de demeurer proche et réactif vis-à-vis de ses clients, de gérer au mieux les sources d’approvisionnement et de développer des compétences techniques. Je songe notamment à la digitalisation, qui a représenté, pour la SALM, des investissements très conséquents.

La notion de développement durable peut-elle être considérée comme une valeur ajoutée aux yeux des consommateurs ?
J’en suis intimement convaincue : les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux enjeux environnementaux, aussi bien pour les meubles de cuisine que pour le reste, d’ailleurs. À offre équivalente, le particulier préfèrera toujours le produit éco-responsable. Attention, cependant : il ne doit pas pour autant le payer plus cher.
La SALM demeure très impliquée dans le développement durable : il ne s’agit d’ailleurs pas d’un effet de mode, mais d’un engagement sincère. Nous pouvons ainsi nous prévaloir de la triple certification ISO 9001, ISO 14001 et OHSAS 18001, ainsi que de la certification NF Environnement Ameublement. Par ailleurs, notre certification PEFC, qui garantit que le bois utilisé dans la fabrication de meubles de cuisines provient de forêts durablement gérées, vient d’être renouvelée.
Cet engagement de la SALM pour le développement durable, qui doit se traduire dans les faits plus que par des discours, trouve également un écho dans notre concept Green Life ; réalisé en partenariat avec la marque d’électroménager Whirlpool, celui-ci constitue une offre complète et transversale de cuisine éco-responsable : meubles certifiés respectueux de l’environnement par le seul éco-label officiel français, matières premières issues d’un approvisionnement durablement géré, appareils électroménagers permettant des économies d’énergie conséquentes…
Un mot, cependant, à-propos de la multiplication des labels (Origine France Garantie, Lucie, Entreprise du Patrimoine Vivant…) : une harmonisation de ces derniers au niveau européen permettrait peut-être au consommateur d’y voir plus clair. Pour ma part, je ne pense pas que ce soit la notion de « made in France » qui importe le plus au consommateur ; il veut surtout la garantie que les produits qu’il achète ne nuisent pas à l’environnement, ni à sa sécurité ou à sa santé.
La SALM innove cette année avec le développement d’un réseau de magasins « Placards Schmidt » : ce projet connaît-il des débuts prometteurs ?
Il démarre progressivement : si nous comptons une dizaine de magasins à ce jour, nous espérons, d’ici 3 ans, atteindre la centaine d’ouvertures. Cette première étape franchie, je pense que le réseau peut parfaitement, à terme, compter 150 à 200 magasins.
L’offre est réservée à tous les concessionnaires Schmidt en activité sur le territoire. En déclinant notre savoir-faire à travers ce réseau de magasins spécifiques, nous entendons bien vendre plusieurs projets à un même consommateur. Nous estimons d’ailleurs qu’il est possible de vendre, à un particulier, jusqu’à 7 projets différents : entrée, salon, chambre, dressing, cuisine, etc. Le potentiel de développement est considérable, pour le groupe comme pour les membres du réseau qui, en séparant leurs activités, pourront également optimiser le travail de leurs vendeurs, en leur permettant de se consacrer à plein temps à leur domaine d’expertise.
Si la SALM envisage sereinement la diversification de son activité vers cette activité prometteuse, c’est aussi parce que celui-ci compte peu d’acteurs dominants : notre outil industriel nous permettra, quant à lui, de personnaliser l’offre et de proposer des solutions que d’autres ne sont pas en mesure de proposer.