Au cours de son assemblée générale annuelle, organisée le 4 juin dernier à Paris (voir synthèse page suivante) , la FNAEM a dressé un point détaillé sur sa situation et sur l’état d’avancement des principaux dossiers qu’elle suit pour le compte de ses adhérents : l’occasion d’un grand entretien avec son Président, Didier Baumgarten.
Didier Baumgarten : « Plus que jamais, aider nos adhérents »
Pour commencer, où en est la FNAEM dans son développement ?
Notre fédération rassemble actuellement 3 300 magasins ; 3 000 d’entre eux affichent une des 44 enseignes adhérentes FNAEM et 300 autres sont les principaux indépendants actifs sur le marché. Le fort développement de la fédération depuis quelques années (nous n’étions que 1 400 magasins il y a 10 ans !) nous permet aujourd’hui d’afficher une représentativité incontestable, et incontestée, tant vis-à-vis des pouvoirs publics que face aux partenaires sociaux. Précisons également qu’au-delà des chiffres, nous rassemblons la quasi-totalité des enseignes en mesure de respecter nos règles d’adhésion et de cotisation, chacune d’entre elles acceptant de se porter « ducroire » pour le règlement de la cotisation de l’ensemble de ses magasins métropolitains. Figurent ainsi, parmi nos adhérents, les principales enseignes de la vente à emporter, celles du négoce généraliste milieu et haut de gamme, la très grande majorité des spécialistes literie, les spécialistes luminaires et revêtements de sol (relevant de notre convention collective), mais aussi les cuisinistes, sans oublier des spécialistes de la vente de meubles en ligne.
En résumé, tous les modes de distribution (succursales, franchises, coopératives, indépendants) et tous les segments du marché sont représentés au sein de la FNAEM, dès lors qu’ils sont actifs sur le marché français de l’ameublement et de l’équipement de la maison. La FNAEM mérite donc désormais pleinement sa dénomination de fédération française du négoce de l’ameublement et de l’équipement de la maison.
Vous ne semblez donc pas trop inquiet pour l’avenir, notamment par rapport aux nouvelles obligations légales des organisations professionnelles en termes de représentativité ?
L’histoire, encore très récente, de notre profession, nous rappelle que nous vivons dans un monde instable et que plusieurs centaines de magasins peuvent rapidement disparaître. La vulnérabilité économique n’est plus l’apanage des fabricants, dans un marché durablement dégradé et dans un contexte d’augmentation constante des coûts d’exploitation… Toute autosatisfaction serait donc déplacée, et seule doit compter l’efficacité, autrement dit l’atteinte des objectifs assignés à notre Fédération par son Conseil d’Administration.
S’agissant de l’obligation faite aux organisations professionnelles de rassembler, à compter de 2015, au minimum 8 % des entreprises de leur branche adhérentes à une organisation professionnelle : elle ne m’inquiète donc pas, dans la mesure où nous rassemblons 3 300 des 6 500 magasins de meubles recensés dans notre profession, et sans équivalent dans le secteur… Cette nouvelle obligation nous obligera, en revanche, à dénombrer les effectifs salariés de nos adhérents, via un questionnaire que chacun d’entre eux recevra très prochainement.
Quels sont les principaux dossiers actuellement suivis par la FNAEM pour le compte de ses adhérents ?
Ils sont de 2 ordres : ceux visant à permettre une meilleure activité par une relance du marché, et ceux ayant pour objectif d’optimiser les conditions d’exploitation des magasins.
C’est-à-dire ?
S’agissant de la relance du marché, nous nous activons, en étroite coordination avec l’UNIFA, pour que les Français puissent débloquer une partie des 200 milliards d’euros actuellement bloqués sur les PEL au profit de l’achat de meubles neufs. Alors qu’une fraction significative des détenteurs de PEL possède déjà sa résidence principale et ne peut donc utiliser cette épargne à d’autres fins, une telle mesure pourrait, comme au milieu des années 1980, soutenir la consommation de meubles… Mais dans ce dossier, nous n’avons pas que des amis, et les banques sont farouchement opposées à cette mesure, soucieuses de conserver leur épargne ! Après plusieurs échecs au cours des discussions de la loi Macron à l’Assemblée nationale, nous avons finalement obtenu le soutien de sénateurs de gauche et de droite – chose rare, qui mérite d’être soulignée ! – pour adopter cette mesure au Sénat, contre l’avis du gouvernement. Il reste à faire en sorte qu’elle ne soit pas remise en cause lors de la dernière étape législative : nous serons fixés d’ici fin juillet.
Je tiens ici à souligner l’appui déterminant qu’ont apporté à l’avancement de ce dossier de nombreux fabricants et distributeurs, qui ont contacté sur le terrain leurs parlementaires pour les convaincre de soutenir cette mesure. Je les en remercie tous vivement ! Je tiens également à mettre en avant le rôle décisif de nos 30 chambres territoriales dans ce type de mobilisation de terrain. Un négociant local a souvent autant, si ce n’est davantage de poids que le président de sa fédération auprès de ses élus locaux !
Mais si cette mesure venait à ne pas être adoptée ?
D’abord, il ne faut jamais renoncer, et seule l’obstination finit par payer, dans ce genre d’affaires. Plusieurs parlementaires nous ont d’ailleurs assuré de leur soutien au-delà de l’actuelle discussion du projet de loi Macron. D’autres discussions ne manqueraient alors pas d’intervenir, lors des prochaines lois de finances, notamment. Nous travaillons d’ailleurs étroitement au développement et à l’entretien d’un réseau parlementaire utile à la filière meuble sur ce dossier, et sur bien d’autres. Avec Dominique Weber, président de l’UNIFA, nous avons décidé d’aller à la rencontre des parlementaires sur le terrain, sous la forme de petits déjeuners, assortis de visites de sites. Nous expérimentons cette formule 2 fois cette année. La FNAEM s’est chargée d’organiser une première rencontre qui se déroulera dans les Vosges d’ici quelques jours, le 26 juin : 5 députés et sénateurs s’y sont inscrits, et 2 autres veulent être tenus informés des suites. Ce sera, pour les responsables de l’UNIFA et de la FNAEM, une occasion privilégiée de faire passer des messages, tout en expliquant les réalités concrètes de notre filière meuble.
L’UNIFA travaille déjà à la préparation de la seconde de ces rencontres 2015, dès l’automne prochain, dans l’Ouest du pays. En cas de succès, l’expérience sera à renouveler en 2016 dans d’autres régions. A terme, il serait bon que notre profession dispose d’un réseau de parlementaires « amis de l’ameublement » !
Ensuite, il faut toujours avoir 2 fers au feu. C’est la raison pour laquelle notre Assemblée Générale annuelle du 4 juin a adopté, à l’unanimité, une campagne de promotion collective du marché du meuble, que nous lui avons soumise.
Les volets de cette campagne de promotion collective ont été dévoilés en avant-première dans le précédent numéro du Courrier, mais pouvez-vous nous les rappeler ?
La FNAEM financera intégralement, grâce aux fonds propres issus de son développement et de sa gestion rigoureuse, une campagne nationale, digitale et numérique, de promotion du marché du meuble au profit de ses adhérents, à compter de la fin de cette année, le temps pour nous de la mettre en place.
Sous le thème de la « Meublothérapie » (ou l’art de se faire du bien par le meuble), cette campagne reposera sur un site Internet animé par des journalistes et des spécialistes de la décoration, sous forme de vidéos et de conseils incitant les consommateurs à l’amélioration de leur bien-être intérieur par le renouvellement de leurs meubles. Ce site comprendra une carte de géolocalisation répertoriant les 3 300 magasins adhérents : par ailleurs, un espace de ce site sera régulièrement placé à disposition de chacune de nos enseignes, pour un reportage qualitatif. Des relais en magasin seront également diffusés à tous nos adhérents, sous forme d’une vitrophanie « meublothérapeute 2016 », de flyers et autres PLV.
La promotion du site et de ses déclinaisons magasins sera assurée par l’achat de référencements et d’espaces d’animation sur plusieurs réseaux sociaux (Facebook, blogs de décoration connus et fréquentés etc.).
Quels est l’objectif de cette opération ?
Il est précisément défini : restaurer la confiance des consommateurs en notre profession, puis accroître la fréquentation en magasin, en touchant un peu plus d’un million de personnes par an. L’avantage des médias digitaux est leur plus faible coût et, surtout, la capacité qu’ils offrent à mesurer les retours, à l’unité près… Notre conseil d’administration en tirera le bilan fin 2016.
En période de crise majeure pour nos adhérents, la FNAEM se devait de les aider directement en réinvestissant à leur profit une partie de leur cotisation. Songez que sous la conduite de ses présidents successifs, et avec la bienveillance continue de Wolf Stolpner, l’APL a prouvé que l’on pouvait animer un marché grâce aux nouvelles technologies, à moindre coût qu’auparavant !