En plus des nouveaux laboratoires d’essais, pour remplir mieux que jamais les missions de normalisation et de certification qui lui incombent, FCBA disposera aussi, sur le nouveau site de Champs-sur-Marne qu’il occupe depuis fin 2014, d’outils de nouvelle génération– Living Lab, cabine de réalité virtuelle, Fab Lab… – pour accompagner les entreprises de l’ameublement dans la conception et le développement de leurs nouveaux produits. Retour sur les compétences traditionnelles et élargies du Centre Technique, avec son directeur général Georges-Henri Florentin.

Le FCBA vient de transférer ses locaux parisiens dans un nouveau bâtiment innovant situé à Champs-sur-Marne. Quels changements peut-on attendre de ce déménagement ?
Une nouvelle période exaltante s’ouvre pour le FCBA et ses professions, notamment celles de l’ameublement, avec notre départ du site historique de l’avenue de Saint-Mandé à Paris, pour nous installer au sein du cluster « Habitat et ville durable » de la Cité Descartes à Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne). Ce choix stratégique traduit la double volonté de nous inscrire dans la fidélité à notre matériau et à nos professions, et de relever les challenges du XXIe siècle en matière de développement et d’innovation. C’est ce que nous voulons montrer avec notre nouveau bâtiment, deux fois primé (voir encadré). Mais surtout, ce site va bénéficier d’équipements nouveaux, notamment dans nos laboratoires d’essais, avec 10 % de machines nouvelles sur 6400 m2 de plain pied, qui nous rendront plus performants en la matière pour les industriels de nos secteurs. Il nous permettra aussi de développer des concepts innovants de « Living Lab » et de « Fab Lab », des outils tournés vers l’avenir pour aider nos professionnels dans leur adaptation aux mutations du marché.
Pouvez-vous nous rappeler le statut du FCBA et ses grandes missions vis-à-vis du secteur de l’ameublement ?
L’Institut Technologique FCBA (Forêt, Cellulose, Bois-Construction et Ameublement) est l’un des 20 Centres Techniques Industriels français (CTI) qui ont été créés par une loi en 1948 pour accompagner les secteurs dont ils ont la charge dans la modernisation de leurs technologies, l’innovation, et la défense de leurs intérêts industriels. FCBA est le 2ème CTI en importance avec 350 personnes et un chiffre d’affaires de 32 M €.
Ses secteurs de compétence sont la forêt, la première transformation (scierie, panneaux, pâte à papier), le bois construction et le secteur de l’ameublement. Son Pôle Ameublement, dirigé par Valérie Gourvès, représente près de 20 % de nos activités.
Une partie de ses missions sont des missions collectives, c’est-à-dire qu’elles concernent l’ensemble ou un ensemble d’industriels de nos secteurs. Ce sont d’abord la préparation du futur, avec la recherche et l’innovation, pilotées pour l’ameublement par Marie-Lise Roux en liaison avec notre Direction Innovation Recherche, mais aussi la normalisation, en liaison avec notre Bureau de Normalisation Bois et Ameublement (BNBA) ou encore la diffusion de savoir et la veille technologique, grâce au site www.fcba.fr, à la publication de notre
« brève ameublement », et aux journées techniques que nous organisons (la dernière a eu lieu le 2 décembre dernier sur le thème des panneaux bois). Les missions collectives représentent environ 40 % de nos activités et sont financées principalement par le Codifab (1), le Ministère chargé de l’industrie, l’Europe, les Régions et des agences comme l’Ademe.
FCBA réalise parallèlement des missions privées, c’est-à-dire à la demande d’entreprises individuellement, à commencer par la certification, au travers des Marques NF Ameublement ou NF Environnement-Ameublement, mais aussi PEFC et FSC pour la gestion durable des forêts, ou encore OFG (Origine France Garantie). On ne sait sans doute pas assez que FCBA est le 2ème organisme certificateur de produits volontaires au niveau français. La certification du secteur Ameublement est pilotée par Alain Smith, sous l’autorité de Valérie Gourvès. Autres missions privées, l’ensemble des essais : nous couvrons les domaines de la mécanique, des matériaux, des finitions et du feu, qui sont pour l’ameublement sous la responsabilité d’Éric Launay et Nathalie Serant. Enfin, nous avons aussi une importante activité de conseil et d’accompagnement dans la conception, l’innovation et l’éco-conception des produits, qui est la mission de notre Innovathèque, dirigée par Jean-Marc Barbier. FCBA assure aussi, de façon limitée, de la formation professionnelle dans le secteur de l’ameublement et de l’agencement.
Vous évoquez la présence, sur votre nouveau site, d’un « Living Lab ». De quoi s’agit-il et quel est son intérêt pour les entreprises de l’ameublement ?
Les industriels du meuble doivent aujourd’hui relever un défi majeur : fabriquer des produits qui correspondent aux attentes et aux usages actuels des utilisateurs. C’est pour eux un moyen de créer de la valeur ajoutée, de la différenciation, et de reprendre ainsi des parts de marché, par rapport aux produits standard que l’on voit partout. Pendant longtemps, FCBA a regroupé ses compétences dans ce domaine sous le terme « d’ergonomie » : pour concevoir le produit juste, on prenait en compte les caractéristiques techniques, biomécaniques, voire physiologiques de l’utilisateur. Mais nous devons aujourd’hui aller beaucoup plus loin, en intégrant à notre analyse les évolutions sociétales – augmentation des familles recomposées, du nombre de personnes âgées (les + 65 ans représentent 18 % de la population française), des célibataires (8 millions actuellement en France), augmentation de la taille des individus (10 % des jeunes hommes de 20 ans mesurent 1,90 m et plus), etc – autant d’évolutions qui modifient les usages. Autre exemple, le développement des technologies numériques a modifié les comportements, notamment l’utilisation des sièges et des rangements, il faut le prendre en compte dans nos nouveaux produits. Obtenir une analyse précise de ces comportements et usages, telle est la fonction du « Living Lab », piloté par Jean-Marc Barbier et Valérie Gourvès, qui s’appuie sur 3 « briques ». La première consiste à observer les usages, soit en utilisant de façon classique des panels d’utilisateurs, en conditions réelles chez eux ou dans tout espace de vie, soit en recourant à l’auto-observation, c’est-à-dire en leur fournissant un kit qui leur permet de nous renvoyer tout un ensemble d’informations sous forme de questionnaires, de photos ou de vidéos, soit encore en utilisant les réseaux sociaux, en activant des communautés d’utilisateurs fidélisés et qualifiés, pour qu’ils nous fournissent un ensemble d’informations exploitables.
(1) Le Comité Professionnel de Développement des Industries Françaises de l’Ameublement et du Bois (Codifab) est l’organisme chargé du recouvrement et de la gestion de la taxe fiscale affectée aux industries du bois et de l’ameublement.