Le PDG de l’enseigne ne manque pas de projets pour développer ses activités sur d’autres marchés et de nouveaux segments. L’arrivée d’Arnaud Montebourg à l’innovation souligne la stratégie créative d’Habitat, qui entend se placer là où on ne l’attend pas.

Hervé Giaoui, PDG d’Habitat
« Arnaud Montebourg va innover sur la distribution et les services »
Le 19 mars dernier, Arnaud Montebourg a été nommé vice-président du conseil d’administration d’Habitat, en charge de l’innovation. S’il peut être évidemment perçu comme un « coup de communication », ce mandat de 3 ans favorisera le rayonnement de l’enseigne qui promeut le sourcing français. Celui qui fut ministre de l’Economie et du Redressement Productif (de mai 2012 à août 2014) fera en effet jouer ses réseaux et sa force de conviction pour nouer des partenariats et engager de nouveaux chantiers… et déjà, ceux-ci ne manquent pas. Explications d’Hervé Giaoui, président d’Habitat et PDG du groupe CAFOM.
Comment avez-vous décidé de confier la charge de l’innovation à Arnaud Montebourg ?
Arnaud Montebourg a des idées, il montre une audace créative et s’intéresse beaucoup au design et à l’innovation(1). Nous nous sommes rencontrés en janvier 2014 lorsqu’il était ministre : il était venu visiter notre studio de design et a été interpellé par notre concept de « design social »…
Quand il a quitté le gouvernement en septembre 2014, il m’a appelé et nous nous sommes revus 2 ou 3 fois pour reparler de nouvelles formes de fabrication et de distribution dans l’ameublement. Ensuite, il a fallu l’accord de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, qui a validé le 19 février l’absence de conflit d’intérêts, Arnaud Montebourg ayant occupé des fonctions ministérielles.

Habitat Portet-sur-Garonne
Au-delà de la « représentation VIP », quelles missions va-t-il accomplir ?
Bien sûr, Arnaud Montebourg a une aura nationale et internationale qui nous intéresse ; il est une image du « made in France »…
En particulier en Asie, où les marques françaises sont très appréciées, et aux Etats-Unis, où il est reconnu. Mais en France aussi, son aide nous sera précieuse, car il a la force de conviction nécessaire pour aller voir les industriels, les motiver, leur expliquer qu’ils peuvent utiliser leur outil de production autrement. Je pense qu’il a envie de s’investir à fond pour prouver qu’il peut réussir dans le monde de l’entreprise.
A quelles innovations pensez-vous ?
Arnaud Montebourg va nous aider, notamment, à imaginer de nouvelles formes de distribution et de services que nous pouvons proposer à nos clients, de nouvelles sources de revenus. Cela concerne aussi l’industrie : beaucoup d’entreprises ont des outils de production sous-exploités, qui pourraient être rentabilisés dans notre secteur. Nous en avons déjà donné un exemple en relocalisant la fabrication de la lampe Ribbon : elle est aujourd’hui usinée chez Poncin Metal, spécialiste des tubes métalliques, qui travaillait essentiellement pour le BTP. On peut ainsi, avec un même outil, créer autre chose que ce qu’on a l’habitude de faire… Il faut faire adhérer les industriels français à cette idée d’ouverture et d’innovation. L’industrie du meuble a malheureusement beaucoup souffert en péchant sur ces deux points. Nous avons perdu les trois quarts de notre production, et autant chez notre distribution. Il faut faire quelque chose.
D’où votre notion de « design social »…
Le design social, c’est l’idée que si l’on veut fabriquer en France, il faut intégrer les contraintes dès l’origine, c’est à dire dans le dessin même du produit : l’esthétique, les matériaux, l’accessibilité, les coûts de production… Si le dessin ne correspond pas aux contraintes d’un industriel français ou intègre trop de main d’œuvre, il ne sera pas rentable de le fabriquer en France.
Voir le flash info sur: Arnaud Montebourg