L’édition 2016 de cet évènement organisé par Sofinco, l’IPEA et Le Courrier, a été l’occasion de dévoiler une nouvelle formule : les décideurs de l’équipement de la maison ont été reçus au sein du Village Crédit Agricole de Paris, qui héberge une centaine de start-up. Un CEDEM ainsi placé sous le signe de l’innovation et de l’avenir, dont l’intervention majeure, passionnante, a livré à l’assemblée une autre vision du management : celui d’une « entreprise libérée », qui mise sur l’autonomie de ses salariés.
CEDEM OCTOBRE 2016: Les photos
A la fois dans la lignée des précédentes et voulant se démarquer par une évolution pour encore plus de dynamisme, cette édition 2016 du CEDEM – le Cercle des Décideurs de l’Equipement de la Maison – organisée conjointement par Sofinco, l’IPEA et Le Courrier du Meuble et de l’Habitat, a réuni, le 12 octobre dernier, une trentaine de participants. Fabricants, distributeurs et partenaires du meuble se sont retrouvés, cette fois, au cœur du Village Crédit Agricole rue de la Boétie à Paris, ce qui leur a d’abord donné l’occasion de découvrir ce lieu étonnant, ainsi que les concepts de plusieurs start-up qui y sont hébergées.

« Embarquer nos collaborateurs dans ce monde qui change »
Après l’introduction de Thibault Leclerc, dirigeant du Courrier / groupe Bee Medias, il est revenu à Fabrice Marsella, hôte de ce CEDEM 2016, de présenter le concept de ce « Village by CA » dont il est le maire. Créé en juin 2014, ce lieu, issu d’un projet monté entre le Crédit Agricole, maison-mère de Sofinco, et une vingtaine de grands groupes partenaires, accueille aujourd’hui 90 start-up ; ces dernières, rigoureusement sélectionnées – jusqu’alors, 1 200 dossiers ont été reçus – bénéficient, durant deux ans, d’un loyer subventionné pour moitié : au-delà de cette période de deux ans, elles sortent de la pépinière, mais peuvent choisir de rester au sein du Village si elles le souhaitent en assumant, cette fois, la totalité du loyer. « Ce lieu exceptionnel a été conçu pour nous aider à accélérer notre transformation, nous aider à embarquer nos collaborateurs dans ce monde qui change et impacter leur travail » avance Fabrice Marsella. Ces Villages CA – il en existe une bonne dizaine en France, avec des antennes dans le monde, et d’autres sont en cours d’ouverture – permettent bien évidemment les relations entre start-up (comme le font toutes les pépinières) mais également, et cela est plus rare, les échanges entre start-up et grands groupes, et de grand groupe à grand groupe… Pour intégrer l’un des Villages CA, peu importe le secteur d’activité où se positionne la start-up, mais le critère majeur est sa maturité :
« Ces entreprises sont prêtes à venir dans nos pépinières dès lors que leur chef est en capacité d’échanger avec les dirigeants de grands groupes, ce qui peut se faire généralement au bout de 6 à 36 mois d’existence » résume Fabrice
Marsella.

Le Maire du Village by CA a ensuite laissé la place à deux start-up, actuellement hébergées dans la pépinière, afin qu’elles exposent leur concept à l’assemblée. Christophe Jacquet, dirigeant de One 4 You, a ainsi présenté sa société créée en juin 2014 qui se veut le pionnier du corporate shopping au service des comités d’entreprise : en d’autres termes, One 4 You négocie et sélectionne les meilleures remises et avantages pour ses membres sur leurs achats quotidiens de mode, beauté, maison, gourmet, voyage et lifestyle… avec des marques de luxe, grand public et jeunes talents, françaises et étrangères. Cédric Naintré, co-fondateur de Lofty, est lui aussi venu faire découvrir aux participants cette start-up « née de besoins réels », spécialisée dans le stockage d’objets pour les particuliers. A la demande de l’utilisateur, via une application dédiée, Lofty lui livre à domicile une ou plusieurs boîtes d’une capacité de 120 litres, conditionnée(s) à plat ; une fois ces dernières remplies d’objets à stocker, celles-ci sont enlevées par l’entreprise au domicile du client, puis acheminées vers un entrepôt chauffé en région parisienne… Le service coûte 6,90 € par mois et par boîte, tandis que le retour des affaires au domicile du client (dans la journée après demande effectuée via l’application, et quel que soit le nombre de boîtes) est facturé 14,90 € ; l’assurance est comprise. « Nous sommes dans l’hyperservice, explique Cédric Naintré, mais c’est également une nouvelle catégorie de service, qui répond à un besoin bien spécifique des consommateurs qui comprennent qu’aujourd’hui, leur habitat est fait pour vivre et non pour stocker. » Lofty existe depuis six mois, et compte pour l’instant une petite centaine de clients.
Supprimer la hiérarchie pour garder l’intelligence
La seconde partie de ce CEDEM 2016 a été consacrée à l’intervention de Stanislas
Desjonquères, dirigeant de l’entreprise aurillacoise Biose, spécialisée dans la recherche sur les microbiotes : ces ensembles de bactéries, virus et levures, offrent un grand potentiel thérapeutique, et se révèlent ainsi véritablement bienfaisants pour la santé. Existant depuis 60 ans, cette société qui emploie une centaine de personnes et réalise 13 millions € de CA, se démarque aujourd’hui, notamment, par son mode de management.
Stanislas Desjonquères, qui se dit fier d’être à la tête d’une SARA – pour « Société à Responsabilité Augmentée » – résume ainsi ce concept : « On remplace la relation de pouvoir et donc de hiérarchie par l’autorité, qui possède la même racine, en latin, que le mot « autonomie ». Cette autorité se déploie sur quatre plans :
– L’autorité de compétence : « Tout simplement, c’est celui qui sait, qui se fait obéir ». En d’autres termes, à partir du moment où on est compétent, on est autonome. « Mais attention, prévient Stanislas Desjonquères, dans cette situation, il peut y avoir de l’abus » : c’est alors qu’intervient le deuxième type d’autorité.
– L’autorité de coopération : dans la mesure où un salarié n’est jamais seul dans son entreprise, il doit prendre en compte les critiques et autres suggestions.
– L’autorité de mission : « Tous les actes effectués dans le cadre de la coopération doivent tendre vers ce but : mener à bien la mission de l’entreprise » avance Stanislas Desjonquères.
– Enfin, l’autorité des règles : celles-ci organisent, par définition, les compétences et la coopération.
« En résumé, démontre l’intervenant, le patron manager est directif sur le cadre, mais pas sur les personnes. Il ne dirige pas, mais organise : et cela, c’est indispensable. N’oublions pas, cependant, que chacun a besoin de sentir qu’il y a une autorité, et donc sanction si besoin ». Une SARA fait ainsi confiance à ses salariés, qui peuvent donc plus facilement prendre des initiatives : « Et on peut être surpris du niveau d’ambition dont ces derniers témoignent pour leur entreprise » constate Stanislas Desjonquères, faisant par ailleurs remarquer, non sans un certain humour, qu’ « il n’y a rien de plus émouvant qu’un problème qui se règle sans l’intervention du dirigeant ». L’application d’une telle philosophie peut évidemment ne pas être immédiate ni parfaitement réalisable, à première vue, dans tous les types d’entreprises – c’est du moins l’impression que nous avons pu recueillir auprès de quelques participants après l’exposé ! – mais la prise de mesures simples, au niveau de la direction, peut tendre vers ce principe :
« Par exemple, arrêter de vérifier systématiquement les notes de frais, ou ne plus prendre la parole avant tout le monde lors des réunions de travail » énumère le dirigeant de Biose, qui affirme également avoir supprimé les codir. Et de conclure : « L’être humain est naturellement fait pour s’engager, avoir des projets, réaliser de belles choses et cela, que ce soit dans sa vie personnelle ou professionnelle ». Une très belle intervention sur laquelle a rebondi Etienne Epitalon, directeur du marché de l’équipement des ventes chez Sofinco, pour clôturer ce CEDEM 2016, évoquant le management de la fonderie Favi : implantée dans la Somme, cette entreprise libérée de première génération a développé dans les années 80 un management atypique prônant « la recherche permanente de l’amour du client, la confiance en l’homme et l’innovation ». Une ligne de conduite idéale !