Pour la première fois sans doute en France, 2 salons de la machine à bois auront lieu le même mois, en novembre prochain : Eurobois à Lyon Eurexpo et Expobois à Paris Nord Villepinte. Si le choix a été difficile pour bon nombre d’exposants certains n’ayant pas exclu d’être présents sur les 2 manifestations il sera tout aussi compliqué pour les visiteurs, étant donné leur positionnement très proche. Notre dossier, avec Michel Loyet (Expobois), Florence Mompo (Eurobois), Laurent Maziès (Biesse), Bertrand Prévot (Weinig – Holz-Her), Christophe Chenu (Blum), Eric Tiberghien (Salice) et Jean-Philippe Robin (AkzoNobel).
Eurobois, Expobois : les raisons d’un choix
Si les 2 principaux salons français de la machine à bois ont longtemps cohabité sans encombre, 2016 marquera sans doute un tournant. Aussi bien Eurobois à Lyon Eurexpo, que Expobois à Paris Nord Villepinte, avaient lieu tous les deux ans en alternance, autour du mois de février, les années paires pour le premier, celles de la Ligna de Hanovre, et les années impaires pour le second, celles de Xylexpo à Milan, les deux salons majeurs du secteur en Europe. Tout change donc cette année : décalé depuis 2014 au mois de novembre, Expobois, qui vient d’être racheté par Deutsche Messe AG l’organisateur de la Ligna, qui devient co-organisateur de la manifestation avec le SYMOP ouvrira ses portes à Paris du 22 au 25 novembre prochain.
Expobois reporté à 2018
Eurobois, organisé par GL Events, existe désormais par lui-même dans une nouvelle formule, et indépendamment de l’événement transversal BePositive, consacré au bois énergie et aux énergies renouvelables, un vaste ensemble où il risquait de perdre son identité.

Salon Eurobois.
Avancé de 3 mois par rapport à sa périodicité antérieure, il ouvrira ses portes une semaine avant, du 15 au 18 novembre à Lyon. Les exposants et les visiteurs du secteur se trouvent donc dans la situation, pour le moins compliquée, de devoir exposer ou visiter 2 salons à quelques jours d’intervalle. « Il s’agit d’une situation tout à fait paradoxale, commente Laurent Maziès, le directeur de Biesse France. Alors qu’l n’y a pratiquement plus de constructeur de machines à bois en France, nous étions le seul pays européen à avoir un salon annuel dédié au secteur, ce qui était déjà beaucoup. Il y en a maintenant 2 le même mois, ce qui met les fabricants et les visiteurs professionnels dans une situation ubuesque. » Depuis que ces nouvelles dates sont connues, les fabricants sont confrontés au fait de devoir choisir l’une des deux manifestations, alors que le plus souvent, ils étaient présents aux deux. Bon nombre se sont déjà engagés sur Paris (SCM, Weinig, Holz-Her…) ou sur Lyon (Biesse, Felder…), tandis que certains leaders hésitent encore, voire se ménagent la possibilité d’avoir une présence principale sur l’un des salons, et plus symbolique sur l’autre, pour ne pas laisser entièrement le champ libre à leurs concurrents directs ed-hrvatski.com.
Un positionnement légèrement différent
Expobois comme Eurobois ont un positionnement très voisin, qui recouvre les différents segments de la machine à bois : de l’exploitation forestière et bois énergie à la scierie et la première transformation, de la deuxième transformation (travail du bois massif, panneau et placage notamment pour les industries du meuble, de l’agencement et de la menuiserie) jusqu’aux composants pour les industries qui utilisent du bois, notamment les ferrures et les produits de finition. Cinq mois avant l’ouverture du salon, les chiffres communiqués par les organisateurs ne peuvent être que provisoires. Eurobois annonce cependant la présence confirmée de 200 exposants sur environ 20 000 m² d’exposition. « 35 % de ces exposants sont internationaux, en provenance de 15 pays, déclare Florence Mompo, la directrice du salon. Parmi eux, nous constatons à la fois la présence d’exposants historiques, et de nouveaux qui n’ont jamais exposé à Eurobois, ce qui est pour nous un bon signe. » De son côté, Expobois avance un objectif de 200 exposants. Pour l’atteindre, le salon compte désormais sur son nouvel actionnaire Deutsche Messe AG afin d’accroître le rayonnement international du salon, et attirer un nombre croissant d’exposants étrangers.

Salon Expobois.
Si l’offre définitive reste à préciser, on peut penser qu’Expobois se positionne un peu plus sur la première transformation, puisque l’édition 2016 sera tout particulièrement marquée par un renforcement du pôle dédié à l’exploitation forestière et à la transformation primaire : « Grâce à l’appui de l’organisme européen KWF (Centre de compétence pour la logistique, le travail et les techniques forestiers, et à celui de l’ONF (Office national des forêts), nous serons en mesure de montrer sur le salon en quoi consiste une exploitation durable, susceptible de générer une économie forestière rentable », estime Kai Varrelmann, de Hannover Fairs International, une filiale de Deutsche Messe AG. De son côté, Eurobois devrait logiquement réunir une offre plus importante en termes de composants pour l’ameublement et l’agencement, due à l’existence historique de son salon associé Eurotips, qui s’adresse aux fabricants de ferrures, et de composants pour le meuble et l’agencement comme les tiroirs et luminaires, aux fabricants de produits de finition, aux acteurs spécialisés dans les services et la distribution de ces différents produits. Cependant, les lignes évoluent aussi sur ce segment de l’offre, puisque Expobois annonce pour cette année un élargissement de sa nomenclature, qui intègrera un « Univers Bois » dédié aux produits finis, à la décoration et aux fournitures.
Deux visitorats qui se recoupent
En ce qui concerne les visitorats revendiqués par les salons, ils comportent tous les 2 des exploitants forestiers et de scieries, et des professionnels de la seconde transformation : menuisiers, charpentiers, constructeurs bois, fabricants de meubles et de cuisine, agenceurs… Les statistiques d’Expobois nous apprennent que les catégories les plus présentes à l’édition 2014 sont les agenceurs (23 %), suivis des menuisiers (17 %),
et de la scierie et sylviculture (15 %), les fabricants de meubles et de cuisine représentant respectivement 5 % et 4 % du visitorat. « Expobois a historiquement un important visitorat dans le secteur des fabricants de meuble et des agenceurs. Ainsi, 44 % du visitorat en 2014 correspondait à cette cible au sens large, dont 25 % d’agenceurs » commente Michel Loyet, commissaire d’Expobois 2016. Pour attirer les professionnels de ces secteurs, Eurobois aussi bien que Expobois misent sur leur offre à double face, à la fois en machines de deuxième transformation, et en composants et fournitures pour le meuble et l’agencement.
XYLEXPO : UNE BELLE HAUSSE DE FRÉQUENTATION
Enfin, pour ce qui est de la provenance géographique des visiteurs, Expobois mise sur la France et les pays limitrophes, mais veut aussi attirer un visitorat plus international en provenance du Maghreb et des pays francophones. De son côté, Eurobois met en avant son implantation en région Rhône-Alpes, qui est la première région pour la transformation du bois, mais aussi le grand Sud-Est PACA, Languedoc Roussillon, Auvergne tout en signalant qu’il attire aussi des visiteurs venus de la France du nord et de la Belgique, et de l’Europe du sud (Italie, Espagne, Portugal…). Parallèlement aux 2 salons leaders en Europe Ligna et Xylexpo qui s’adressent notamment à la grande industrie, Expobois et Eurobois conservent majoritairement leur positionnement vers les TPE et PME, en privilégiant les machines et équipements à la fois sophistiqués et performants, mais accessibles aux petites structures.
Se distinguer par les animations et services
Si le profil de leurs exposants et visiteurs sont très similaires, les 2 salons tentent de créer de la différenciation grâce à leur programme d’animations, dont les grandes lignes commencent à être définies. Ainsi, Expobois proposera un cycle de conférences sur le thème de l’industrie du futur : « Organisé par le SYMOP avec l’alliance Industrie du futur, ce forum montrera comment les technologies de transformation du bois sont des vecteurs de compétitivité pour les industries du meuble et l’agencement », précise Michel Loyet. Le programme mettra aussi l’accent sur la robotisation de l’outil de production, en partenariat avec l’UNIFA, et sur les différents modes de financement possibles pour les projets, grâce aux aides publiques existant dans la filière, en partenariat avec la BPI. Pour donner des clés de compréhension du marché à son visitorat, Eurobois organisera un plateau TV dans un format adapté au peu de temps disponible sur les salons : « Nous proposerons des conférences de 10 à 15 minutes, courtes et expertes, pour ne pas entraver les visites sur les stands, ajoute Florence Mompo.

Elles donneront lieu à des captations vidéo qui seront ensuite diffusées sur notre site Internet et sur les réseaux sociaux, à la disposition des visiteurs. » Si les sujets restent à préciser, l’Ameublement Français et les enjeux de la fabrication occuperont une place importante dans les thèmes abordés. Pour mettre en valeur les process de leurs exposants, les 2 salons s’engagent à réaliser de nombreuses démonstrations en live, comme ce sera le cas par exemple avec les Compagnons du devoir sur Eurobois : les gardiens de la tradition de l’ébénisterie feront étalage de leur modernité en réalisant des pièces de meuble en impression 3D. L’innovation sera à l’honneur à Paris comme à Lyon : Expobois attribuera ses Awards, sous la bannière de l’industrie du futur, et Eurobois ses Trophées, qui seront attribués par un jury composé à la fois d’experts et d’une représentation de visiteurs professionnels. Le salon lyonnais innovera aussi en créant des « woodmeetings », des rendez-vous ciblés proposés en amont du salon pour aider exposants et visiteurs à identifier les interlocuteurs les plus pertinentes par rapport à leurs attentes.
ROBOTISER POUR GAGNER EN COMPÉTITIVITÉ
En définitive, les nombreuses similitudes entre les deux manifestations risquent de diviser en 2 l’offre qu’elles réunissaient auparavant en un seul lieu, et de générer une déception du visitorat : « Il est à craindre que les visiteurs aient vite fait le tour d’une offre incomplète à Paris comme à Lyon, ce qui affaiblirait et mettrait en danger les 2 salons, analyse Laurent Maziès (Biesse), par ailleurs membre du SYMOP et donc entre deux feux. La meilleure solution aurait été un Expobois organisé tous les deux ans par GL Events à Paris, pour profiter de cet important carrefour européen, mais nous n’en sommes pas là. » En attendant, les visiteurs fabricants de meubles, menuisiers et agenceurs, dont le temps est plus que jamais compté, vont devoir faire une véritable analyse comparative avant de se décider pour l’un des 2 rendez-vous. Ils risquent de fonder leur choix sur des considérations pratiques comme la proximité géographique, plutôt que de privilégier le contenu du salon, et la recherche de technologies innovantes pour développer et pérenniser leur activité.
[F.S.]