Du 9 au 14 avril, le Salon du meuble de Milan proposera une nouvelle grand’messe du design, entre ses murs et dans toute la ville. Cette 58e édition sera marquée la tenue du 30e salon international du luminaire Euroluce, et placée sous l’image tutélaire de Léonard de Vinci, disparu il y a 500 ans. Les exposants français, réunis dans la collective du GEM ou à titre individuel, misent sur les nouveaux espaces dédiés aux projets (S.Projects) et les opportunités au grand export.
Après le gros succès de l’édition 2018 – environ 2100 exposants et 370 000 visiteurs de 188 pays, en incluant les journées grand public – les organisateurs du Salon du meuble de Milan ont décidé de conserver les ingrédients qui marchent : une composante « business », qui prend place essentiellement dans le parc des expositions de Rho, et une composante « culture », qui se traduit dans la mobilisation entière de la ville pour accueillir les très nombreuses manifestations du « off ». Lors de la présentation de l’événement, le 14 février dernier dans le cadre de la Triennale de design de Milan, les organisateurs ont beaucoup insisté sur l’importance de la ville de Milan, en tant que berceau du design italien, et arrière-plan sur lequel tous les participants du salon inscrivent leur participation, leurs innovations, leurs projets. Cette 58e édition aura cependant une tonalité particulière, puisqu’elle coïncide avec le 500e anniversaire de la mort de Léonard de Vinci, fils adoptif de Milan où il a vécu vingt ans, et grand génie universel. Ses recherches sur la mécanique, et ses nombreux dessins d’ingénierie, font de lui un précurseur du design moderne. Un double hommage lui sera rendu, à la ville avec l’installation « Aqua, la vision de Léonard », un cabinet de curiosités animé par des technologies de pointe qui sera implanté dans la Conca dell’Incoronata, une écluse conçue et réalisée en présence du Maître à la fin du XVe siècle et toujours visible aujourd’hui. Dans le salon lui-même, dans le pavillon 24, les visiteurs pourront découvrir l’exposition « DE-SIGN, l’art du design italien avant et après Léonard », qui retrace le legs de ce génie au design industriel actuel.
Un nouveau statut pour les projets
La manifestation réunira plusieurs salons en un seul, à commencer par le salon du meuble, qui comptabilise environ 1150 exposants dans une quinzaine de pavillons et trois grandes sections : le meuble classique et ses savoir-faire traditionnels, le meuble design et contemporain, avec son aspect fonctionnalité et innovation, et enfin le meuble de luxe, de style intemporel, dans la section xLux. Le salon se caractérise par la présence de grandes marques internationales, souvent leaders de leur marché, dans toutes les catégories de meubles, du meublant au meuble de complément, du siège rembourré au mobilier outdoor en passant par la chambre d’enfant. Deuxième section importante, Workspace 3.0 propose une vision globale des aménagements des espaces tertiaires, orientée vers les modes de travail de demain, sous l’angle du design et des technologies. La grande nouveauté de cette 58e édition, est que ses exposants, environ une cinquantaine, ne seront plus concentrés dans des halls dédiés au bureau, mais exposeront de façon panachée avec les marques pour l’habitat, dans une dizaine de pavillons. Une volonté de traduire les interactions croissantes entre les deux univers, et l’hybridation du meuble pour aménager des espaces de plus en plus polyvalents pour le travail et la vie privée.
Cependant, la nouveauté la plus marquante est certainement le lancement de la nouvelle section S.Project, qui réunit dans les pavillons 22 et 24 les exposants orientés vers les solutions techniques, décoratives et design au service des projets d’architecture d’intérieur. Riche d’une petite centaine d’exposants, cet espace proposera aussi bien du mobilier indoor et outdoor, des tissus, des solutions d’éclairage et acoustiques, que des produits de revêtement et de finition. Il s’agit d’une nouvelle plateforme B to B, qui met en avant l’excellence de la fabrication et des services, et s’adresse aussi bien aux entreprises qu’aux distributeurs et aux designers. Pour être complets, évoquons aussi la 30e édition du salon des accessoires et textiles d’ameublement – environ 200 exposants, dans une quinzaine de pavillons – le salon Satellite dédié aux jeunes designers de moins de 35 ans – environ 550 designers et de nombreuses écoles de design dans les pavillons 22 et 24 – et comme toutes les années impaires, Euroluce, qui fêtera lui aussi son 30e anniversaire. Le salon du luminaire réunira plus de 400 exposants, souvent porteurs d’innovations notamment en matière de LEDs de dernière génération, d’outils numériques, d’économie d’énergies et de développement durable, dans les pavillons 9, 11, 13 et 15.
Les exposants français au rendez-vous
Dans ce vaste ensemble, les exposants français seront positionnés en fonction de leur profil et de leur stratégie. Ainsi, une collective du GEM, soutenue par le Codifab, réunira comme chaque année, dans la partie design contemporain du salon, des petites structures ayant une vocation à l’exportation (voir encadré). « Le principe de la collective reste inchangé, notre concept fédère des entreprises de fabrication française sous la bannière « My furniture is french », pour leur donner la meilleure visibilité possible et les soutenir à l’export, déclare Isabelle Hernio, directrice du GEM. Mais logiquement, certaines sociétés qui volent désormais de leurs propres ailes quittent cette année notre collective, remplacées par des nouveaux membres comme Lafuma Mobilier et Objet de curiosité. » Les entreprises ayant quitté la collective sont le spécialiste du mobilier en chêne massif design Alki et le spécialiste du outdoor Sifas, toutes les deux très exportatrices, qui exposeront dans le nouveau secteur S.Project.
La présence française à Milan représente dans ses grandes lignes la structure de notre industrie, sous l’angle de l’export. On y trouve notamment des gros industriels ayant une politique de marque et une forte présence à l’international, comme Fermob, Temahome, ou Gautier. « Notre présence à Milan a pour objectif de rencontrer notre réseau de magasins à notre marque, qui est aujourd’hui mondial, et de prospecter de nouveaux pays, explique David Soulard, directeur général de Gautier. Nous aurons cette année une attention particulière pour notre activité contract business que nous appelons Gautier Pro, que nous allons mettre en avant pour les nombreux prescripteurs, architectes d’intérieur ou acheteurs des grands groupes hôteliers qui visitent le salon. » Autre profil de fabricant français à Milan, les petits fabricants créatifs, à l’image de Tolix dans le mobilier métallique design, ou de Ego Paris dans le outdoor, qui réalise 70 % de son chiffre d’affaires à l’export, et expose à Milan depuis plus de 10 ans. « Nos clients continuent de vouloir voir et toucher les produits, commente Nicolas Sommereux, le directeur de l’entreprise. Milan est aussi un lieu d’émulation qui réunit tout l’écosystème du meuble, où nous devons en tant que marque être présent. » Le fabricant exposera deux nouveautés, la collection de siège modulaire en teck Sutra créé avec les 5.5 designers, et l’ensemble table et chaise Marumi avec structure en aluminium thermolaquée et habillage bois ou aluminium, signé Thomas Sauvage, dans une scénographie exclusive inspirée du mouvement Memphis. A noter également, la présence du fabricant de sommiers à lattes Ebac sas, exposant pour la première fois à Milan, et du groupe Adova (Treca), qui sera présent dans le secteur dédié au luxe xLux. Enfin, les éditeurs de la nouvelle génération – La chance, Petite friture, Objekto, RED Edition – complètent une présence française éclectique.
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Lancé en 2018, le Manifeste du Salon du meuble de Milan, une profession de foi des organisateurs qui repose sur des mots d’ordre comme émotion, entreprise, qualité, projet, communication ou culture, s’enrichit cette année du mot « ingéniosité » ou « génie ». « Il faut comprendre dans ce mot la capacité à créer et penser pour déclencher des façons nouvelles de regarder le monde et faire naître des solutions brillantes et efficaces », conclut Claudio Luti, le président du salon. Et de suivre ainsi l’exemple du grand Léonard.
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GEM : une collective aux couleurs du French Design
La collective du GEM réunira cette année sur une surface de 230 m2 dans le pavillon 10 quatre exposants, dont deux étaient déjà présents en 2018 : le fabricant de mobilier métallique Matière grise, qui s’appuie sur son « intelligence créative » pour élaborer des collections à la fois inspirées et fonctionnelles en collaboration avec des designers (Constance Guisset) ; et Soca, une marque de référence dans le mobilier pour collectivité design, qui exposera ses derniers modèles d’assises signés notamment Thierry d’Istria et Margot Keller. Également du voyage, Objet de curiosité est une société singulière, qui propose des objets de décoration hors du commun, des fossiles aux insectes naturalisés, des minéraux aux compositions végétales, imprégnés d’exotisme et d’un esprit vintage qui leur vient des cabinets de curiosité en vogue à la fin du XIXe siècle. Enfin, ce sera une première pour le spécialiste du outdoor Lafuma Mobilier : « Cette présence matérialise le tournant que nous avons pris en devenant fabricant de mobilier design et en nous tournant vers l’export, qui représente déjà 60 % de notre chiffre d’affaires, explique Arnaud du Mesnil, directeur général de l’entreprise. La collective du GEM nous permet de mettre un pied à Milan, et de multiplier nos contacts à l’international, tout en exprimant le « made in France » de nos produits, un pilier de notre ADN. » Le fabricant implanté à Anneyron (Vienne) exposera sa nouvelle collection Horizon, conçue avec le collectif de designers Big Game et destinée aux marchés des CHR, et a collection premium Privilège, déclinée en fauteuils et bains de soleil Cocoon, Sphinx et Translounge, avec revêtements matelassés pour allier qualité, design et confort.