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5.4.2021

EBIA : l’enjeu de la Responsabilité Elargie du Producteur

L’association des fabricants européens de literie travaille actuellement un axe crucial, à savoir le développement d’une économie circulaire autour du cycle de vie d’un matelas, produit encore trop peu valorisé dans de nombreux pays.

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Parmi les chantiers définis par l’EBIA, celui de la responsabilité environnementale de ses membres, les industriels européens de la literie, en est un majeur. C’est ainsi que la dernière assemblée générale de l’Association, organisée en septembre 2020 – pour la première fois en ligne – a consacré une large partie à cet axe de travail, à travers l’intervention d’Owain Griffiths, responsable de la stratégie d’économie circulaire au sein du cabinet Oakdene Hollins*. Ce dernier était invité à présenter les résultats finaux de l’étude commandée par l’EBIA sur la question de la fin de vie du matelas, et du « fameux » concept de la Responsabilité Elargie du Producteur (REP).

Une avancée différente selon les pays

Rappelons que cette notion de REP désigne l’ensemble des démarches et dispositifs qui restaurent la responsabilité du fabricant de produits manufacturés, en ce qui concerne la gestion des déchets finaux ou intermédiaires générés par ces produits qu’il a fabriqués ou mis sur le marché. La question est particulièrement cruciale dans le domaine de la literie, puisque les matelas notamment, intégrant de nombreuses et diverses matières, offrent de grandes opportunités en termes de valorisation ; pourtant, cette dernière est encore très insuffisamment aboutie dans plusieurs pays…

C’est ce qu’ont justement montré les conclusions de l’étude présentée par Oakdene Hollins lors de cette assemblée générale de septembre. Cette étude a permis d’établir le flux de ressources, d’analyser les conditions du marché dans sept états membres, et de les transposer au niveau des 28 pays de l’UE (les sept pays représentant 68 % des ventes, en volume, des 28). Autrement dit, il s’agissait, pour l’EBIA, de comprendre le flux de matériaux, les conditions des marchés et chaque paysage politique, afin de jouer un rôle proactif sur la question de la REP.

Les résultats mettent en évidence le fait que la plupart des pays de l’Union manquent actuellement d’infrastructures de démantèlement et de recyclage, et que les matelas demeurent des déchets problématiques, puisque la mise en décharge est toujours le principal mode d’élimination.

La REP, qui veut donc, entre autres, encourager l’éco-conception en responsabilisant les industriels quant à la fin de vie de leurs produits, est appliquée en France depuis 2013 pour les matelas (via Eco-Mobilier) ; la Belgique et les Pays-Bas doivent mettre en œuvre leurs propres systèmes cette année, tandis que l’Ecosse a lancé une consultation en mai dernier sur la question d’une REP appliquée aux matelas, avec l’intention de la mettre en œuvre à l’échelle du Royaume-Uni… Et alors que, jusqu’à présent, aucune mesure concrète n’a été prise en Espagne sur le sujet, le gouvernement allemand a organisé une audience publique sur cette question de la REP, dans le cadre de la loi du pays portant sur l’économie circulaire. Signalons, également, que le gouvernement italien travaille sur un décret visant à mettre en place une REP pour les matelas. Ainsi, si une grande partie de l’Europe manque de capacités en termes de recyclage des matelas, il faut garder à l’esprit que la REP pourrait offrir de belles opportunités pour explorer l’éco-conception, et donc mettre en place de nouveaux partenariats…

« Mettre en place des systèmes de REP plus aboutis »

Pour évoquer des chiffres concrets, précisons que dans les sept pays considérés par l’étude d’Oakdene Hollins, 360 millions de matelas composent actuellement le parc existant. 32,5 millions d’unités sont vendues chaque année, et 29,1 millions sont éliminées dans le même temps… Considérant les 28, ce sont 47,2 millions de matelas vendus chaque année, pour 42,5 millions mis au rebut. Les sept pays ont un taux moyen de recyclage des matelas de 20 % ; à l’échelle de l’UE, le taux de recyclage moyen tombe à 14 %… « Cet écart dans les performances de recyclage pourrait inciter à mettre en place des systèmes de REP plus aboutis » commente Oakdene Hollins. Dans l’Europe des 28, il faudrait que la capacité de recyclage actuelle soit multipliée par cinq « au moins » pour atteindre un taux global de recyclage des matelas compris entre 70 et 75 %… En attendant, si l’on se rapporte aux différentes politiques évoquées plus haut, d’ici 2025, 34 % du marché des 28 – soit 16 millions de matelas – devaient être concernés par des REP.

Ainsi, pour l’association européenne des industriels de la literie, il est nécessaire de mener des discussions proactives sur une approche du principe de la REP appliquée à tous les pays de l’UE, tout en tenant compte, évidemment, des problématiques à l’échelle de chacun… De manière plus générale, l’EBIA continuera à travailler avec la commission européenne sur le plan d’action pour la mise en place d’une économie circulaire autour du produit matelas.

*Oakdene Hollins est un cabinet de conseil technique et scientifique en matière d’économie circulaire, qui propose des solutions créatives, stratégiques et pratiques pour aider ses clients à se distinguer en matière d’environnement et de développement durable dans leurs domaines d’activités.  

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