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Magasin Alinea de Caen - Visuel d'illustration
En repli de – 5,1 %, le marche du meuble repasse sous la barre des 14 Mds€ en 2024
Poursuivant la baisse amorcée en 2023, le marché du meuble creuse son repli en 2024, affichant une variation de – 5,1 %, totalisant 13,8 Mds€ de ventes (contre 14,6 Mds€ l’année précédente). Des résultats parfaitement conformes à ce qui avait été anticipé, depuis quelques mois, par l’IPEA, et qui témoignent tout-de-même d’une certaine résistance du secteur au vu des conditions actuelles… De quoi nourrir l’espoir d’une (petite) reprise dès la fin de ce premier semestre ?
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Depuis plusieurs mois, glanant les données, au fur-et-à-mesure, des enseignes du secteur intégrant son panel, l’IPEA évoquait un atterrissage, fin 2024, « avec un repli d’au moins 5 % » : ce 11 février 2025, lors de la traditionnelle conférence de presse organisée par l’Ameublement français, la CNEF et l’Institut, ces prévisions ont été effectivement confirmées, avec la livraison du bilan officiel de l’exercice 2024 pour le marché de l’ameublement en France. Le repli (en valeur), sur ces douze mois, atteint très exactement – 5,1 %, équivalant à un recul des ventes d’un peu plus de 700 M€… ce qui fait repasser ledit marché sous le seuil symbolique des 14 Mds€, qu’il avait pu atteindre en 2021 au sortir de la crise du Covid : en 2024, les ventes de mobilier totalisent précisément 13,8 Mds€. Cet exercice s’inscrivant, donc, dans le rouge, fait suite à un bilan 2023 qui avait amorcé cette tendance baissière avec, rappelons-le, - 2,5 % enregistrés sur la période. Aussi, comment le recul du marché du meuble s’est-il creusé en 2024 ? Les raisons sont multiples, et bien connues puisque particulièrement persistantes : l’inflation, encore présente, et le pouvoir d’achat, toujours limité même si amélioré au cours de l’année, entraînent fatalement l’arbitrage des ménages – ou tout au moins un certain attentisme – pour équiper leur intérieur ; l’immobilier – duquel l’équipement de la maison, et particulièrement l’ameublement, dépend fortement – demeure plongé dans une crise profonde… Sur ce point, précisons qu’en 2024, seulement 263 100 logements ont été mis en chantier, soit 11,1 % de moins qu’en 2023 selon les données du Ministère de l’Aménagement du Territoire : une telle variation peut faire « relativiser » la baisse enregistrée par le marché du meuble sur l’année, qui peut en effet apparaître somme toute limitée face à de telles conditions. « Notre secteur se tend, mais résiste » soulignent ainsi les organisations, qui évoquent aussi, pour nuancer le bilan avec quelques notes positives, quelques exceptions « favorables » au niveau des familles de produits ou des profils de consommateurs toujours prêts à investir concrètement dans leur maison.
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La literie, a « seulement » - 2,1 %, limite la casse
En termes de produits, justement, notons qu’en accusant une baisse plus de deux fois inférieure à celle du marché du meuble en général, la literie s’en sort le moins mal, avec – 2,1 % (totalisant des ventes à 2 Mds€) : promotions encore plus marquées qu’au cours des années précédentes, intensification du maillage des spécialistes observé sur ces douze mois, succès des grandes tailles (non seulement 160, mais également 180), accès à la consommation de la fameuse « Génération Z »… sont les raisons essentielles à ce bilan.
Avec – 4 %, le segment des sièges rembourrés affiche lui aussi une baisse moins marquée que celle du marché du meuble (2,5 Mds€ de ventes) : ici, canapés et fauteuils résistent mieux que la banquette, avec une mention spéciale, concernant les premiers, pour les modèles convertibles ou à coffre, qui savent répondre aux besoins d’espace et de fonctionnalité exprimés par les consommateurs.
On note, ainsi, une disparité entre les familles de produits dites « de confort » (literie, sièges), qui enregistrent des évolutions supérieures à celles du marché global, et les autres. Le meublant, en effet (au troisième rang) est la première à se trouver au-dessous de la variation globale, avec – 5,3 % (4,5 Mds€ de ventes) ; au sein de cette catégorie, toutefois, le mobilier de chambre à coucher se distingue en reculant de manière moins importante, profitant d’un certain engouement des Français pour la fameuse « suite parentale », qui favorise aussi, d’ailleurs, le lit-coffre, celui-ci sachant répondre parfaitement au besoin de rangement exprimé dans ce cadre… Dans la pièce salon, l’écart entre meuble de confort (canapé) et d’équipement / rangement (meublant type buffet, TV, etc.) est évident, au détriment du second.
La cuisine intégrée continue de souffrir particulièrement, avec – 6,2 % (3,7 Mds€ de ventes) : cette famille est, pour sa part, impactée de plein fouet par les difficultés de l’immobilier neuf et ancien… Tout comme peut l’être le mobilier de salle de bains qui, de son côté, affiche – 7,2 % (0,5 Md€ de ventes).
Enfin, le mobilier de jardin ferme la marche (- 8,4 %, 0,6 Md€ de ventes), étant toujours très dépendant de la météo.
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La baisse de frequentation n’epargne (quasiment) aucun circuit
Du côté des circuits de distribution, 2024 s’inscrit, en quelque sorte, dans la lignée de 2023 en n’ayant pas observé de relance de la fréquentation en magasins (sauf chez les discounters) mais le classement des évolutions de chaque catégorie d’acteur est quelque peu différent.
On retrouve en tête, justement, les autres circuits, désignant ainsi, selon l’IPEA, les magasins non spécialisés meubles, dont les GSA et, en effet, les discounters multi-produits type Gifi, Centrakor, etc. Accusant une baisse limitée de – 3,2 %, et représentant « seulement » 4,2 % de parts de marché du meuble (0,6 Md€ en valeur), ils parviennent néanmoins – cela est notamment vrai pour le discount – à « prendre des ventes » de mobilier aux autres circuits plus traditionnels, étant donné leurs prix attractifs, qui savent séduire les consommateurs qui, pourtant, ne sont pas forcément entrés dans leurs magasins pour trouver du meuble…
Avec la même variation (- 4,2 %), les spécialistes et les acteurs de l’ameublement milieu / haut-de-gamme se trouvent au deuxième rang, réalisant respectivement des chiffres d’affaires de 3,4 Mds€ et 1,5 Md€ sur l’année 2024. Concernant les premiers, les conditions sont assez hétérogènes selon les familles de produits sur lesquels ils sont positionnés : les litiers voient leurs ventes progresser en valeur (faiblement, certes) sur l’exercice, tandis que les salonistes résistent bien, affichant juste une légère baisse. Les cuisinistes voient leur évolution calquée sur celle du produit cuisine [voir plus haut]. Les distributeurs de meubles milieu / haut-de-gamme, quant à eux, profitent, semble-t-il, de leur ancrage rural, l’IPEA constatant que, dans ces zones, le consommateur apparaît moins frileux, moins « influençable » que l’acheteur urbain face au contexte général tendu… et donc toujours disposé à investir pour son habitat.
Elle était, en 2023, le seul circuit à observer une croissance de ses ventes : en 2024, la tendance s’inverse, puisqu’elle se retrouve même au quatrième rang des évolutions… La grande distribution ameublement, avec 5,4 Mds€ TTC générés en 2024, accuse un repli de – 4,4 %, maintenant toutefois sa part de marché (38,7 %). L’IPEA explique cette situation en évoquant les difficultés rencontrées par ses acteurs sur le produit meublant, lequel représente près de la moitié de leurs ventes en valeur. « Le produit, plus que le prix, revêt encore de l’importance pour de nombreux consommateurs » résume l’Institut.
Autre grande différence par rapport à l’exercice 2023 que l’évolution des acteurs de l’e-commerce (sont pris en compte, uniquement, les pure players) qui, s’ils avaient limité leur baisse l’année précédente, font face, cette fois, à une sévère chute de – 6,9 % (mais réussissant à maintenir des parts de marché aux alentours de 9 %, avec des ventes à 1,2 Md€). Les organisations analysent ainsi cette variation : « Ces acteurs sont pris en étau entre les ventes en ligne des enseignes physiques, et l’explosion des places de marché. Le retour du consommateur vers le magasin, amorcé après les confinements des années 2020 et 2021, semble également se poursuivre en 2024, ce qui n’est donc pas sans impact sur la valeur, d’autant que de nombreux acteurs historiques du web auront continué à multiplier les promotions tout au long de l’année ».
Fermant la marche, les GSB souffrent particulièrement, avec un recul d’activité de – 8,7 % en 2024 (ventes à 1,7 Md€) : la fréquentation est en fort recul au sein de ces points de vente (après les très belles années post-Covid), et les performances très mitigées des quatre familles sur lesquelles ce circuit opère (meublant, cuisine, salle de bains et jardin) contribuent logiquement à cette baisse très marquée.
Et maintenant ?
Ce bilan posé, et alors que l’exercice 2025 est désormais bien entamé, peut-on légitimement espérer un signe de reprise, si petit soit-il, pour les prochains mois ? Là encore, l’IPEA, dans son colloque de début décembre dernier, préférait rester prudent en évoquant un repli général un tantinet limité en 2025, par rapport à ce qui était alors attendu pour 2024 : selon l’Institut, l’année en cours pourrait bien se terminer sur un repli de « seulement » - 4 %. Ceci signifierait ainsi qu’une petite reprise pourrait se dessiner d’ici-là… mais sous conditions !
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Nous savons, déjà, que le marché du meuble connaît une évolution cyclique – avec des oscillations d’une durée moyenne de cinq ans – mais celle-ci a été considérablement perturbée par les événements exceptionnels des dernières années (période Covid atypique, et inflation marquée) : ainsi, même si la valeur du marché du meuble en 2024 demeure supérieure à celle de la dernière année de référence qu’est 2019 (elle était alors de 13,4 Mds€), on constate que depuis la fin 2022, le recul de l’activité retarde le potentiel « retour à la normale » que l’on peut être légitimement en droit d’attendre au vu dudit caractère cyclique de notre marché.
Malgré tout, l’on peut relever quelques éléments favorables apparus au cours des dernières semaines, voire des derniers mois, et qui, en étant réunis, pourraient bien être porteurs d’espoir pour envisager une reprise (même timide) de la consommation d’ameublement… pour un redémarrage du marché au second semestre 2025 ? Nous savons, par exemple, que le pouvoir d’achat des ménages se restaure quelque peu – de manière certes lente, mais continue – sous l’effet, notamment, du recul de l’inflation générale, et du ralentissement de la hausse des coûts de l’énergie. Concernant l’immobilier, de premiers frémissements apparaissent avec, par exemple, un nombre de permis de construire accordés en augmentation en octobre 2024… Une situation inédite, depuis plusieurs mois ! Le nombre de mises en chantier s’est également accru entre septembre et octobre 2024 (+ 11,5 %)... De manière générale, la FNAIM anticipe une « légère amélioration » du marché immobilier au cours de cette année 2025, avec un volume de transactions pouvant augmenter de 6 %. En revanche, la question des taux d’intérêt des prêts pour l’achat d’un logement, elle, reste relativement floue à date, puisque si ces derniers avaient baissé depuis plus d’un an, il semblerait, début février, que plusieurs banques aient déjà remonté leurs indicateurs.
Beaucoup d’éléments, ainsi, sont à « mouliner » pour espérer pouvoir dessiner une tendance de reprise et, surtout, pour en établir la date et l’ampleur exactes le cas échéant. Ceci d’autant que de nombreux facteurs extérieurs, desquels la consommation de meubles ne dépend a priori pas directement, continuent de sévir (conflits, situation politique en France, etc.) L’enjeu, ainsi, est, plus-que-jamais, de remporter l’arbitrage des consommateurs au profit de l’ameublement ! En cela, les professionnels distributeurs du secteur savent faire preuve d’une belle proactivité, en dévoilant des concepts novateurs, en menant des politiques de baisses de prix et / ou de promotion, ou encore en ajustant leurs solutions de financement, pour répondre aux besoins et aux contraintes des consommateurs. Un dynamisme trouvant également toute son expression du côté de l’industrie, dont les acteurs s’approprient, chacun à leur rythme, les énormes opportunités qu’offre la montée en puissance des nouvelles technologies – on pense particulièrement à l’IA – pour optimiser leur productivité et leurs services.