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16.6.2023

[Vie au bureau] Le Baromètre Actineo 2023 lève le voile sur «l’après-Covid »

Télétravail plébiscité, aspiration à plus d’autonomie, essor des tiers-lieux… Le dixième Observatoire d’Actineo traduit les évolutions pouvant être vues comme positives qui ont modifié la vie au bureau – devenus « les bureaux » – depuis la pandémie. Il rappelle aussi les insuffisances qui n’évoluent guère, comme le manque d’ergonomie des postes de travail, et la prise en compte insuffisante du bien-être de salariés qui expriment une préoccupante montée du niveau de stress.

Chacun s’en souvient : la crise de la Covid-19 et les confinements successifs ont été une véritable déflagration pour le monde du travail tertiaire. Dans l’impossibilité de se rendre au bureau normalement, il a fallu s’organiser avec les moyens du bord… c’est-à-dire télétravailler ! Un peu plus d’un an après la fin de la crise, le dixième Baromètre Actineo, de l’Observatoire de la qualité de vie au travail, était donc attendu comme un bilan d’étape, et un décryptage pour essayer de démêler ce qui relève du retour à l’avant-crise, et ce qui a vraiment changé de manière irréversible. Pour cette nouvelle mouture, l’Ameublement français, et particulièrement son groupement mobilier de bureau, qui sont à l’origine de la création d’Actineo, ont travaillé en partenariat avec Maison&Objet, l’agence d’architecture d’intérieur Saguez & Partners, et l’enseigne de co-working Wojo, sous oublier bien sûr le soutien du Codifab*. Pour livrer sa moisson de chiffres et de commentaires, Actineo s’est appuyé sur l’enquête, réalisée à sa demande par l’ObSoCo (Observatoire Société et Consommation), qui a interrogé en ligne un échantillon représentatif de 1200 actifs travaillant dans les bureaux, selon la méthode des quotas (genre, âge, région, situation professionnelle, secteur professionnel, taille d’entreprise, CSP).

Le télétravail, un acquis plébiscité

Le premier enseignement de ce dixième baromètre est le fait que, depuis la pandémie, le télétravail est définitivement entré dans les mœurs. En effet, 72 % des actifs travaillent en 2023 en dehors du bureau, même occasionnellement (contre 53 % en 2019). Plus précisément, 42 % des personnes interrogées travaillent au moins une fois par mois depuis leur domicile, et 36 % y télétravaillent toutes les semaines. Mais surtout, 88 % d’entre eux en sont ravis ! La grande majorité des salariés sont contre un retour au 100 % présentiel, et près de la moitié des Français (47 %) disent vouloir télétravailler davantage à l’avenir, jusqu’à 2,5 jours par semaine. Qu’est-ce qui leur plaît dans ce nouveau mode de travail ? L’autonomie de l’organisation de son temps de travail, mais aussi le choix des pauses, le niveau de bruit, la qualité de l’éclairage et de la température… sans oublier une plus grande liberté d’esprit : on peut davantage être soi-même, et échapper au rôle de représentation sociale exigé par la vie en entreprise ! En conséquence, ils sont 70 % à estimer souhaitable que l’employeur équipe le domicile de ses salariés de mobilier ergonomique pour leur permettre de travailler confortablement. Ils sont aussi 45 % à estimer qu’il devrait contribuer au financement des frais (énergie, internet, équipement, mobilier) dans le cadre de l’exercice du travail à la maison.

Bien entendu, le télétravail a aussi des limites, et des inconvénients : 45 % des personnes interrogées mentionnent une plus grande difficulté à dissocier vie privée et vie professionnelle. Du côté des managers, ils considèrent qu’il est moins facile de communiquer efficacement avec les personnes encadrées qui travaillent aussi en dehors du bureau, d’effectuer la formation des nouveaux arrivants, ou de créer un sentiment de collectif et de transmettre la culture d’entreprise.

ObSoCo et Actineo / Illustration Freepik

Le bureau, un lieu de socialisation…

Comme le rappelle le Baromètre, les bureaux « classiques » sont néanmoins loin d’avoir disparu : en France, 56 % des personnes travaillent en présentiel, notamment les salariés des communes peu denses et en région, les CSP-, les employés, et les plus de 55 ans. 61 % des personnes interrogées travaillent encore dans un bureau fermé. Contrairement aux craintes exprimées juste après la crise sanitaire, le bureau en entreprise ne fait pas l’objet d’un rejet, mais d’attentes nouvelles. En effet, les actifs sont d’accord pour se rendre au bureau au moins une partie de la semaine, mais avec une motivation principale : les interactions avec les autres, et les dimensions fonctionnelles. Pour 82 % des personnes interrogées, le bureau est en effet le lieu par excellence où l’on a la possibilité d’échanger et de travailler avec d’autres personnes, et 70 % d’entre elles sont d’accord pour dire que l’intérêt de venir au bureau se trouve particulièrement dans les rapports sociaux de convivialité. Or une bonne qualité de vie au travail passe pour 81 % des sondés par la création de ce lien interpersonnel. Actineo en déduit que, « pour faire revenir les salariés, il faut donc créer les espaces propices à ce lien social : un coin thé / café, une terrasse, un espace de détente, une cuisine en libre accès, une cafétéria, un restaurant d’entreprise… qui sont particulièrement prisés des actifs ».

Source : ObSoCo et Actineo

…qui peut mieux faire !

Face à un tel enjeu, quel est le rôle qui revient aux espaces de travail, dans la qualité de vie au bureau ? Pour 95 % des répondants, ils sont essentiels pour le bien-être et l’efficacité, et 94 %, les jugent tout aussi importants pour la motivation et la santé. 89 % des gens satisfaits par leur qualité de vie au bureau le sont aussi par leurs espaces de travail (pour seulement 48 % des insatisfaits), ce qui crée une corrélation directe entre les deux. Mais hélas, les aménagements ne sont pas toujours à la hauteur des espérances : 29 % des actifs travaillant au bureau ne sont pas satisfaits des espaces de travail, et 25 % d’entre eux estiment que leurs espaces de travail ne sont pas bien adaptés à leurs besoins. Ils sont 94 % à estimer importante la présence d’équipements permettant le bien-être et l’ergonomie du travail – confort du siège, des yeux, acoustique, thermique…) – or le niveau de prise en en compte estimé de l’entreprise n’est que de 54 %. Par exemple, 37 % des salariés ont du mal à se concentrer au bureau, un pourcentage qui atteint 43 % pour les personnes travaillant dans un open space, dans lequel 48 % souffrent encore du bruit. 84 % des répondants trouvent souhaitable que pour l’aménagement des lieux de travail, les entreprises donnent la priorité au bien-être des salariés (espaces conviviaux, respects des temps de connexion, etc.). 72 % des sondés sont d’accord avec l’idée que « l’entreprise doit proposer des espaces de travail mieux qu’à la maison ».

Source : ObSoCo et Actineo

Un nouveau statut pour les tiers-lieux

Le bureau s’émancipe, par le télétravail à domicile, mais aussi par l’utilisation toujours plus grande des tiers-lieux : en 2023, le nomadisme, c’est jusqu’à 3 lieux de travail différents au cours d’une même semaine ; le mouvement de « déspatialisation » du travail se poursuit, avec une volonté de plus de liberté pour organiser son travail, aussi bien dans l’espace que dans le temps : 55 % des Français aimeraient organiser leur semaine de travail en toute liberté, sans horaires fixes ou de différences entre la semaine et le week-end ! Les tiers-lieux jouent un rôle certain dans cette liberté d’organisation. Aujourd’hui, les actifs sont 36 % à travailler au moins une fois par mois dans un tiers-lieu, qui n’est ni leur bureau, ni leur domicile : locaux des clients (14 %), transports en communs (13 %), extérieur (12 %), restaurants et cafés (12 %), hôtels (7 %) ou encore lieu de coworking (6 %). Seuls 9 % sont de vrais nomades, travaillant dans au moins trois lieux différents au cours d’une même semaine (CSP+, Franciliens, salariés des services et du commerce).

Parmi tous ces tiers-lieux, l’hôtel semble appelé à jouer un rôle central, puisque 72 % des actifs y travaillent lors de déplacements professionnels, plutôt dans leur chambre, car ils ne sont que 17 % à la faire dans une salle de réunion proposée par l’hôtel. Une catégorie d’établissements qui semble avoir une belle marge de progression pour attirer les télétravailleurs, car 76 % se disent contraints d’y travailler mais préféreraient ne pas le faire. Les hôtels obtiennent aussi les plus mauvais scores concernant la satisfaction : 60 % pour la température et l’éclairage (contre 80 % au domicile), 50 % pour la place disponible pour ranger ses affaires (contre 73 % au bureau), 55 % pour la qualité du mobilier et de l’aménagement pour travailler (contre 69 % au bureau), et enfin 46 % pour l’ergonomie et le confort de l’espace de travail (contre 68 % en site de coworking). Les espaces de coworking enregistrent au contraire une majorité de répondants satisfaits (56 %), parmi lesquels 72 % y apprécient les conditions de travail, 66 % saluent la qualité du mobilier et de l’aménagement, et 68 % l’ergonomie et le confort de travail.

Source : ObSoCo et Actineo

Rêvons un peu…

En conclusion, Actineo a demandé aux sondés quelles seraient leurs attentes prioritaires pour dessiner le bureau idéal de demain. Ils citent en premier lieu la liberté de choisir ses lieux de travail, un item considéré comme « souhaitable » pour 66 % d’entre eux. Ils citent aussi la liberté d’organiser son temps de travail, souhaitable à 55 %, avec une prime à la semaine de 4 jours et un temps de travail réduit à 32 heures (pour 68 %). Autre attente prioritaire, une amélioration du bien-être au bureau, attendu par une immense majorité (84 %). Enfin, ils insistent aussi sur l’importance de disposer d’un mobilier ergonomique pour bien travailler chez soi (pour 70 %), fourni par les employeurs, sans se faire trop d’illusions, puisque 42 % jugent ce cas de figure « probable », contre 48 % « peu probable ».

*L’inégralité de l’étude est consultable en ligne sur le site d’Actineo.

[F. S.]

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[Zoom]

Qualité de vie au travail en recul, niveau de stress en hausse

Le seul point vraiment préoccupant de ce Baromètre semble être le recul de la qualité de vie au travail. En effet, seuls 77 % des actifs se disent satisfaits (- 10 points par rapport à 2019).
45 % des gens interrogés pensent que leur employeur ne se préoccupe pas de leur bien-être au travail (+ 8 points/2019), et 40 % ne se sentent pas écoutés par leur hiérarchie. Pire, 30 % des salariés interrogés envisagent de quitter leur travail dans les prochains mois (35-44 ans, Ile-de-France) ! 42 % se sentent peu engagés dans leur travail et font ce qui leur est demandé, sans plus (18-34 ans, CSP-). Des chiffres qui confirment la tendance à la Grande Démission et au quiet quitting (démission silencieuse), des thématiques largement évoquées ces derniers mois. En parallèle, la moitié des actifs (50 %) se disent stressés au travail, sentiment partagé par 60 % des 35-44 ans. Une tendance qui est à rapprocher des attentes fortes exprimées en faveur d’un meilleur bien-être au travail.

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