Newsletter
7.7.2022

Workspace Expo, révélateur de tendances

Légèrement décalé par les derniers soubresauts de la crise sanitaire, le salon des espaces tertiaires et du mobilier bureau Workspace Expo a fermé ses portes le 1er juin à Paris Porte de Versailles, sur une note positive en termes de fréquentation et de climat d’affaires. Ce rendez-vous a montré que les lignes bougent : le modèle hier dominant de l’open space est en voie de remplacement par des mini-architectures modulaires, qui transforment les plateaux de bureaux en archipels multifonctionnels adaptés à la diversité des situations de travail.

Dans un contexte de retour à la normale sur le plan sanitaire, le salon du mobilier de bureau Workspace Expo a connu un bon succès de fréquentation, et renoué avec un bon climat d’affaires. Dans l’attente d’un bilan chiffré de cette édition 2022, Laurent Botton, directeur de pôle chez Weyou Group et directeur du salon, n’a pas caché sa satisfaction : « Le salon se porte bien, il y a beaucoup de nouveautés, beaucoup de nouvelles marques, et je constate que le niveau des stands est en nette progression, c’est de bon augure pour la suite, même si l’immobilier tertiaire et les aménagements des espaces de bureaux sont en pleine mutation. » Le directeur du salon confirme en même temps le retour l’année prochaine au calendrier habituel, puisque le salon se tiendra du 4 au 6 avril 2023, et fêtera par ailleurs son dixième anniversaire.  C’est un constat partagé : le bureau d’aujourd’hui, celui qui répond aux aspirations des salariés, n’a plus rien à voir avec celui d’avant la pandémie : « Le bureau fixe où on vient pour s’asseoir et travailler toute la journée en faisant la même chose, est en voie de disparition, explique Jérôme Padioleau, directeur général de Gautier Office. Aujourd’hui, les employeurs veulent pouvoir reconfigurer leurs espaces, ils veulent de la modularité, de la polyvalence. Il faut pouvoir faire une réunion, travailler de façon isolée, prendre son repas seul ou à plusieurs, prendre une pause dans un siège confortable… ». En résumé, le bureau d’aujourd’hui, c’est celui où un même espace se prête à une multitude de fonctions. C’est dans cette optique que Gautier Office a conçu sa gamme phare, Connexion, exposée sur le salon. Ce mobilier permet en effet de composer ses bureaux de façon très personnalisée, en aménageant des espaces collaboratifs ou individuels, avec là où il faut des « benchs », et ailleurs au contraire un poste de travail « manager » isolé, sans oublier de proposer deux hauteurs de plateaux, pour briser la monotonie d’ensemble, et proposer un format réunion debout improvisée, voire repas sur le pouce… Avec cette très large gamme, le fabricant français met en avant toute la flexibilité de son outil de production, son implantation made in France, et sa capacité à prendre en charge un projet d’aménagement de A à Z.

L’open space est mort ? Vive le bureau dynamique !

Certains n’hésitent pas à prédire la fin de l’open space, comme le fait Robert Acouri, le président de l’entreprise française Cider : « Si sa fin était déjà proche avant la pandémie, l’open space laisse progressivement sa place au bureau dynamique, véritable « ubi-bureau » aux multiples promesses pour les entreprises et les salariés, déclare-t-il. La fin de l’ère de l’open space a sonné. Bien que largement pratiqué avant la crise du Covid-19, il est désormais bel et bien mis sur le banc de touche par les collaborateurs qui portent à présent de nouvelles attentes vis-à-vis de leur environnement de travail. Choisir son bureau en fonction de son besoin en concentration, en fonction du type d’assise ou encore de son exposition à la lumière naturelle est devenu à présent une nécessité. » Il est vrai que, pendant la pandémie et les confinements successifs, un grand nombre de salariés ont goûté à l’atmosphère plus cosy du home office, plus calme et plus confortable qu’un plateau de bureaux. Au moment de revenir travailler en entreprise, les employeurs doivent désormais adapter leurs standards notamment en confort d’assises, niveau acoustique et qualité d’éclairage, pour séduire et fidéliser des salariés devenus plus regardants en la matière. Car l’existence même du lieu de travail, avec ses espaces partagés, n’est pas remise en cause, il doit simplement se métamorphoser : « Au-delà des réunions virtuelles et des communications distancielles permises par la technologie, il est nécessaire de se retrouver au bureau pour mieux sentir les interactions, connaître ses collègues et comprendre leur façon de fonctionner, de s’exprimer et d’être. On y crée du lien et de l’empathie, tandis que la distance peut créer des incompréhensions, de l’interprétation à mauvais escient, de l’isolement pour les plus introvertis, ajoute le président de Cider. Dans un monde du travail hybride, le bureau doit devenir un hub collaboratif. C’est de la rencontre sur le lieu de travail que jaillit la créativité et l’innovation. C’est en collaborant que des salariés de différentes fonctions et services peuvent résoudre des problèmes complexes et générer des idées innovantes. » Pour tourner la page de l’open space, Cider a notamment lancé sur le salon le concept Tribu, imaginé par son nouveau directeur artistique, le designer Mathieu Girard, nommé en avril dernier. Ce dernier se compose de pièces à composer – assises rembourrées, plateaux, parois verticales – pour organiser ses espaces de travail librement, autant d’éléments qui peuvent être assemblés ou séparés à l’aide d’une astucieuse pièce de liaison, en fonderie de métal, par simple clipsage et sans outil.

Programme Connexion (Gautier Office).

La montée des espaces informels

Si le poste de travail fixe composé d’un bureau, d’une chaise et d’un rangement semble avoir vécu, alors par quoi faut-il le remplacer ? Par des mini-architectures composables, souvent organisées autour des assises, et modulaires en fonction de l’espace disponible et du nombre de salariés. C’est le cas par exemple de Cabana Lounge, la nouveauté phare signée Patricia Urquiola, lancée sur le salon par Haworth. Son module de base est un élégant canapé, qui peut être utilisé isolément ou en les réunissant grâce à une pièce de liaison dans une composition angulaire, qui est complété par une série d’accessoires comme des parois acoustiques, des tables basses pour y poser des objets, ou des tablettes hautes pour y poser un ordinateur…  On peut donc indifféremment, dans ce « salon » destiné au travail échanger, téléphoner discrètement, consulter ses mails, ou rédiger un rapport de réunion… L’allemand Sedus opte lui aussi pour une déstructuration des espaces de travail, avec le concept se:works, construit aussi autour d’un canapé, qui offre de nombreuses configurations et accessoirisations possibles. La singularité de ce programme, c’est de pouvoir recevoir, derrière le dossier, un plan de travail horizontal sur lequel peuvent travailler jusqu’à 6 personnes. Se:works trouve donc très bien sa place au milieu d’un plateau, et plus qu’un meuble, il s’agit d’une mini-architecture qui peut structurer l’espace.

En contrepoint de ces espaces « ouverts » et informels, les acteurs du mobilier de bureau sont aussi de plus en plus nombreux à proposer des « cabines » acoustiques et modulaires, où les salariés peuvent s’isoler seul, à plusieurs, ou pour recevoir un client en garantissant une confidentialité des échanges, ce qui montre bien à quel point les espaces tertiaires doivent aujourd’hui proposer une grande diversité de fonctionnalités. On peut citer à titre d’exemple la Flex Cab de Cider, ou le se:cube de Sedus, en précisant que ces cabines restent de conception légère, pour pouvoir être montées et démontées, connectées et déconnectées facilement pour être déplacées à volonté, ce qui les rapproche davantage d’un meuble que d’un élément de second œuvre rattaché à la structure du bâtiment.

Concept Cabana Lounge, design Patricia Urquiola (Haworth). © Leigh Ann Cobb Photography

L’essor du développement durable

Les visiteurs de ce Workspace Expo 2022 ont pu mesurer que le développement durable et l’économie circulaire gagnent de plus en plus de terrain chez les fabricants. Cela se traduit par exemple avec la présence accrue de matériaux issus du recyclage, comme par exemple le matériau à base de plastique recyclé mis au point par la start-up francilienne Le Pavé®, et son esthétique identifiable proche du terrazzo, qui trouve des applications dans les plateaux horizontaux de bureaux. C’est si vrai que Silvera, l’un des acteurs majeurs dans l’aménagement des espaces tertiaires en Ile-de-France, a fait de ses engagements en RSE – responsabilité sociétale des entreprises – l’axe majeur de son stand. Ce distributeur est notamment signataire de la Charte des Achats Responsable, et propose plus de 3 000 produits labellisés Greenguard, Craddle to craddle, ou disposant d’un écolabel comme Blue Angel, et fut l’un des premiers à promouvoir l’économie circulaire en offrant une seconde vie au mobilier d’entreprise dans son dépôt de Saint-Ouen, Design Outlet. Sur le salon, cette démarche a été traduite par l’exposition d’une sélection de produits à forte connotation développement durable, à commencer par la cabine acoustique Framery One, conçue pour durer jusqu’à 50 ans, et réalisée avec 95 % de matériaux recyclables, qui pourront être facilement valorisés en fin de vie. Silvera a également mis en avant deux créations du fabricant italien Arper, le fauteuil Kata, dont le revêtement est issu de matières plastiques recyclées transformées en fibres légères et résistantes grâce à une technologie de tissage 3D, et le fauteuil Adell, un modèle composé à 80 % de matériaux recyclables. Parmi les mini-architectures qui structurent l’espace, citons aussi le Muud Silent Sofa de Walter Knoll, qui permet de créer des espaces semi-fermés, de façon modulaire : en L il brise la perspective de l’open space, et en U il privatise l’espace de la conversation.

Acteur montant de l’économie circulaire, la société Bluedigo a pour positionnement de collecter le mobilier de bureau au moment des déménagements des sièges sociaux, d’en vérifier le bon état et de le proposer en seconde main aux entreprises qui s’installent, en complément de produits neufs, notamment pour répondre aux nouvelles exigences de la loi AGEC (anti-gaspillage et Économie Circulaire), qui va sous peu imposer un pourcentage de produits issus du réemploi. « La difficulté que nous rencontrons, c’est la rareté de sièges de travail en bon état, contrairement bureaux et rangement, disponibles en grande quantité, explique son directeur Maxime Baffert. Nous avons donc pris l’initiative de créer en complément notre propre gamme de sièges issus du recyclage. » Bluedigo a ainsi profité du salon pour présenter sa première collection de sièges de bureaux – les chaises ergonomiques Ergo, Ergo Plus et Ergo Premium, la chaise visiteur Flex – conçus en intégrant 30 % de matériaux recyclés, et fabriqués avec un industriel français du secteur, pour rester dans une perspective de RSE.

——————

[Zooms]

Modul@ (Eurosit) : la transversalité du bureau à la maison

Avec ce nouveau concept, Eurosit propose un mobilier très polyvalent, qui se sent bien partout. Organisé en îlot, cette assise confortable et composable, accompagnée de plateaux et de parois acoustiques, trouve sa place dans le secteur hôtelier, où elle permet de structurer les espaces, et d’offrir un accueil de qualité, pour faire de l’hôtel un lieu de vie, notamment pendant les heures creuses de la journée. Grâce à son esthétique « vintage », et à ses finitions chaleureuses, Modul@ est aussi à l’aise à la maison, où ses dimensions variables et ses accotoirs offrent différentes déclinaisons de confort pour la conception des espaces lounge. Enfin, ce concept s’adapte aussi aux espaces de bureaux, par la sobriété de ses lignes, mais aussi par sa fonctionnalité : les dossiers peuvent être équipés de tablettes en bois, d’une hauteur de 900 mm, pour prendre des notes ou participer à une réunion. Les modules légers offrent des possibilités de configurations variées, et réalisables par une seule personne.

Concept Modul@ (Eurosit).

Buronomic mise sur le home office

Fabricant de mobilier pour les espaces tertiaires, Buronomic fait une incursion dans le domaine du home office, en lançant Wire, un produit résolument tourné vers l’habitat. L’originalité de ce bureau de dimensions compactes, de fabrication à 100 % normande, est de bénéficier d’une structure en treillis de métal rigide, qui fait office de piétement, et permet de ne pas cloisonner l’espace, tout en offrant la possibilité de régler le plateau à deux hauteurs différentes, pour une meilleure ergonomie en fonction de la taille de l’utilisateur. Avec ce produit, le fabricant propose une solution de home office à la fois créative, fonctionnelle et différenciante.

Bureau de home office Wire (Buronomic).

Linak : toujours plus loin dans l’ergonomie

Équipementier innovant du secteur du mobilier de bureau, expert du vérin linéaire motorisé, le danois Linak a lancé sur le salon des nouveautés qui permettent aux fabricants de faire progresser encore l’ergonomie de leur mobilier de bureau. Il s’agit tout d’abord de la nouvelle colonne motorisée « High Speed ». Comme son nom l’indique, cette colonne est équipée d’un nouveau vérin linéaire plus puissant, qui permet de faire descendre ou monter un plateau de bureau à la vitesse de 80 mm/ par seconde au lieu de 60 mm/par seconde. Autre nouveauté, le fournisseur a exposé une nouvelle architecture motorisée, qui rend possible la réalisation de bureaux assis-debout multi-postes, dans une configuration de type « bench ». En parallèle, Linak lance le concept « click on feet », qui simplifie encore le montage, par l’installateur, de bureaux assis-debout proposés en kits : grâce à un mécanisme à base de ressorts, l’embase du piétement peut désormais être assemblée par simple clipsage, ce qui simplifie considérablement l’opération.

Concept clik-on-feet, un assemblage par clipsage (Linak).
Abonnez-vous à notre Newsletter pour être toujours à jour sur nos dernières actualités.