Newsletter

Les Tours Duo

7.1.2021

[Architectes d’intérieur & agenceurs] La force du collectif

La série de webinaires de l’Ameublement français axés sur le secteur du contract a mis en lumière plusieurs lieux « créés pour recevoir », ce qui a constitué un prétexte pour mettre en avant la collaboration étroite, riche et indispensable qu’il existe entre le créateur du lieu – designer, architecte d’intérieur… - et l’agenceur. Deux exemples, l’Hôtel de la Poste du Louvre et les Tours Duo, conçus par le groupe Laurent Taïeb – représenté à ce webinaire par son dirigeant - en sont les parfaits symboles. Philippe Denavit et Edwin Durrleman (groupe Malvaux) ont pu évoquer leur savoir-faire et leurs enjeux en tant qu’agenceur, dans ce secteur hôtelier qui n’aura jamais autant muté ces cinq dernières années…

« Proposer des choses qui n’existent pas dans l’hôtellerie existante : cela a toujours été notre ligne de conduite ». Les bases sont posées. Avec enthousiasme, Laurent Taïeb, dirigeant du groupe éponyme dont la mission est de créer, exploiter et animer des lieux de vie sous la forme d’hôtels, restaurants et autres bars, a évoqué l’essence même de son métier aujourd’hui, lors de ce webinaire particulièrement intéressant organisé dans le cadre de cette thématique « Recevoir à la française » initiée par l’Ameublement français, en partenariat avec le groupe Intramuros dont fait partie Le Courrier du Meuble. Désormais en effet, plus que jamais, le rôle de l’hôtellerie est bien celui-ci : il s’agit de créer un « parcours émotionnel », et cela passe forcément par l’innovation. Mais que veut-on signifier, exactement, par « parcours émotionnel » ?

« Ce que l’on ne voit pas, mais qui accroche l’œil »

Laurent Taïeb, qui officie dans le secteur depuis 30 ans, se plaît à se remémorer des expériences vécues plus jeune, notamment celle de l’hôtel Standard à New York : « Le parcours émotionnel, ce sont des choses que l’on ne voit pas au premier abord, mais qui accrochent l’œil, et vous mettent dans une situation d’émotion. Dans cette chambre du Standard, c’est le fait que, assis sur le canapé ou allongé sur le lit, vous pouvez admirer les bateaux passer sur l’Hudson au soleil couchant car ces meubles sont savamment positionnés pour vous faire vivre cette expérience… de sorte que, le soir venu, vous avez hâte de regagner votre hôtel. Vous êtes déjà dans une espèce de désir ». Et c’est justement cela que Laurent Taïeb a voulu recréer dans ses projets en bâtissant son groupe, jugeant cette inspiration prise à l’étranger comme une formidable opportunité pour donner une nouvelle dimension à l’hôtellerie et à la restauration en France. Lô Sushi avec Andrée Putman en 1999, Bon, premier restaurant 100 % bio avec Philippe Starck en 2000 et bien d’autres… Des endroits avant-gardistes imaginés par le groupe, auxquels viennent s’ajouter, dernièrement, deux projets spectaculaires d’hôtels : La Poste du Louvre et les Tours Duo, respectivement situés dans les Ier et XIIIe arrondissements de la capitale. « Comme pour les restaurants, il s’agit, ici, de proposer des choses véritablement novatrices - qui n’existaient pas, jusqu’alors, dans le secteur de l’hôtellerie – au service de l’émotion » avance Laurent Taïeb, qui confie avoir grandi aux puces de Saint-Ouen, donc avoir eu le temps de s’imprégner, avec passion, de l’histoire du mobilier, des différents styles, en ayant rencontré des designers très tôt : « Le design est porteur d’émotion, et l’hôtellerie est la mise en scène de cette émotion » résume-t-il, comme pour mettre en évidence le lien qu’il existe entre cette passion qui l’a toujours animé, et son savoir-faire d’aujourd’hui, très reconnu dans le secteur.

[caption id="attachment_18805" align="alignnone" width="854"]

Les Tours Duo

Mixité, services, nouveaux usages

Pour le spécialiste, la crise que nous vivons actuellement va précipiter trois mutations majeures dans ce monde de l’hôtellerie. D’abord, les établissements vont tendre à devenir des lieux de vie, et non plus des lieux de passage : « Les lobbys vont devoir se réinventer, et s’ouvrir à la clientèle extérieure. Par exemple, les citadins auront certainement envie de quitter un peu leurs appartements urbains, souvent petits, pour télétravailler dans un nouveau lieu ». Ensuite, les services vont, toujours plus, gagner en importance, et l’enjeu est de taille face à une concurrence étrangère de très haut niveau sur ce point : « Aujourd’hui, il est impératif de savoir accueillir, et de proposer des services de qualité extrêmement variés, toujours dans cette idée de « brasser » la clientèle, car il est important d’avoir des « locaux » dans ces lieux, l’expérience n’en est que plus enrichissante ! Prenons l’exemple du rooftop (toit terrasse) des Tours Duo, qui saura attirer, à n’en pas douter, de nombreux Parisiens ». L’hôtel, par ailleurs, proposera des tarifs minimum de chambre entre 200 et 250 euros, sans doute plus accessibles que d’autres établissements de ce type, en offrant, en plus, l’expérience de la vue époustouflante à ses clients… Enfin, nous allons assister à un « mélange des genres » dans les hôtels : « Cela n’était pas la norme avant, mais aujourd’hui, il devient tendance d’aller dîner dans un hôtel, d’aller y pratiquer de la gymnastique, y profiter d’un spa… »

L’agenceur, pour « traduire les émotions »

Face à tous ces enjeux, les architectes d’intérieur et autres designers ont des idées… et sont aidés, pour les concrétiser, par les agenceurs ! Philippe Denavit, dirigeant du groupe Malvaux et président du groupement contract de l’Ameublement français, résume son rôle en tant que spécialiste de l’aménagement pour l’hôtellerie (Malvaux Interior Agencement… sachant que l’entreprise est également ancrée dans le nautisme, avec Malvaux Marine) : « Notre mission est d’accompagner, d’agencer, mais surtout de se mettre au service du designer, du créateur, de l’investisseur, etc. Nous sommes là pour traduire une émotion, avec la qualité attendue ». Le président du groupe Malvaux confirme avoir constater une forte évolution, cette dernière décennie, de l’hôtellerie : « Avant, nous avions une hôtellerie très standardisée, monotypée, chaque niveau d’établissement avait sa typologie de clientèle… Progressivement, ces derniers ont gagné en mixité, en polyvalence. Depuis 4 ou 5 ans, les nouveaux projets permettent une mixité accrue, en proposant des espaces partagés – coworking, spas… - tournés vers l’extérieur, pour que l’hôtel devienne un lieu de partage entre des personnes qui viennent d’ailleurs et des gens de la ville. C’est une évolution cruciale. En somme, l’hôtel devient une agora, un lieu de partage au cœur de la ville ! » L’agenceur aide donc à accompagner cette évolution, en se montrant force de proposition pour amener des réponses aux souhaites du designer et de l’investisseur. Et cette mission comprend de nombreux enjeux, comme l’explique Edwin Durrleman, directeur de Malvaux Interior Agencement : « Nous avons besoin de bien comprendre les besoins, attentes et usages futurs du projet, afin de trouver la meilleure solution pour traduire l’émotion demandée. Nous devons maîtriser, utiliser différents produits à base de matériaux très divers, en sachant contourner les contraintes de fabrication pour les adapter au projet… Il nous faut coordonner, fabriquer dans nos ateliers, afin que tout se mette en œuvre sur le chantier dans le respect de la qualité, du prix, des délais convenus. Ainsi, le réseau est important, l’expérience aussi ». De ce fait, les agenceurs, finalement, sont assez peu nombreux à pouvoir répondre à tous les niveaux d’exigence : entrent en jeu la capacité de production, la capacité de gestion d’une certaine taille de projets, la connaissance des différents métiers, les référencements dont ils peuvent témoigner… Et sur ces points – le savoir-faire et l’expérience – les entreprises françaises spécialistes de l’agencement peuvent se vanter, aujourd’hui, d’avoir acquis de belles renommées : « L’idée est de travailler la force du collectif, car nous avons en face de nous une forte concurrence européenne, avec des acteurs qui se sont solidement organisés, conclut Philippe Denavit. Nous avons désormais réussi à créer des liens étroits avec les designers. Et cette crise sanitaire, finalement, nous « rend service » en empêchant les dossiers de partir à l’étranger, puisque les investisseurs préfèrent sécuriser les choses en gardant leurs prestataires en France. La finalité est que cela nous permet de mettre en avant cette vraie force collective qui se met en place. Notre différenciation est basée dans l’origine de nos métiers, et des savoir-faire de l’agencement français ».

Abonnez-vous à notre Newsletter pour être toujours à jour sur nos dernières actualités.