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7.10.2022

Maison&Objet se rapproche de ses standards d’avant-crise

Dans un contexte de retour à la normale, Maison&Objet a fermé ses portes le 12 septembre sur une note positive, en renouant avec ses fondamentaux, une offre très internationale en produits créatifs pour la maison, un visitorat venu des quatre coins du monde et un décryptage des tendances. Freiné par le ralentissement du marché en Europe, une chaîne logistique convalescente et un contexte tendu à l’Est de l’Europe, le salon est en bonne voie pour retrouver tout son rayonnement.

Comme tous les salons professionnels, Maison&Objet retrouve ses esprits après les années de pandémie qui ont au pire entraîné leur annulation, quelquefois leur tenue en ligne, et au mieux bouleversé leur calendrier. Cette édition de rentrée a été la première à part entière depuis la fin de la pandémie, c’est-à-dire occupant la totalité des halls, et renouant avec son contenu événementiel, présentation du Créateur de l’année, espaces de tendances What’s new, Rising Talents, conférences… Les professionnels qui se sont rendu à Paris-Nord Villepinte ont pu constater le retour d’une fréquentation importante, sans être égale pour autant aux éditions les plus fastes. En résumé, a-t-on assisté à un total retour à la normale ? Pas tout à fait, si on en croit les déclarations du nouveau directeur du salon Guillaume Prot, quelques heures avant la fermeture : « Cette édition est équivalente aux trois quarts des sessions de septembre d’avant la crise, c’est-à-dire que la surface de stand était d’environ 75 000 m² au lieu de 100 000, de même que le nombre de visiteurs – les trois quarts d’une édition habituelle – qui reste pénalisé par l’absence des acheteurs chinois pour cause de restrictions sanitaires, et des russes pour cause de guerre en Ukraine, a-t-il expliqué. Malgré tout, le retour de marques importantes, et la présence importante des autres acheteurs asiatiques – japonais, coréens, indiens – et du Moyen-Orient, qui s’ajoutent aux visiteurs français et européens, nous montre que nous sommes sur la bonne voie. » Dans son communiqué final, la société organisatrice (Safi) fait état de plus de 2200 marques de 66 nationalités – dont près de 600 nouveaux exposants – dont une petite moitié de françaises, le reste étant internationales, tandis que le visitorat est proche des 60 000 acheteurs et prescripteurs en provenance de 147 pays, dont presque deux tiers de français, et un petit tiers d’internationaux [voir encadré].

Bureau Bupo (Maximum).

Bilan mitigé pour les fabricants

Les fabricants de meubles que nous avons rencontrés tirent un bilan inégal de cette édition de rentrée, quelquefois en dessous de leurs attentes, ce qu’ils attribuent principalement à une conjoncture moins favorable, et à un ralentissement du marché courant 2022. « La fréquentation a été très bonne le jeudi et le vendredi, et moins bonne au week-end, qui a été en plus pénalisé par un problème de transport en commun, déclare Eric Delpierre, directeur commercial du fabricant de canapés Home Spirit. Nos prises de commandes sont équivalentes à celles de septembre dernier, mais le marché devient plus difficile. L’export reste porteur, avec de nouveaux clients notamment en Amérique du Sud. » De retour pour la première fois depuis la pandémie, le fabricant belge de mobilier en bois massif Ethnicraft se félicite d’avoir fait ce choix. « C’est, de notre côté, un retour gagnant, constate Romain Gros, directeur des ventes pour la France. Le salon nous a permis de répondre à nos clients distributeurs en lançant de nombreuses nouveautés pour renouveler leur offre. » D’autres exposants sont cependant restés sur leur faim, comme le fabricant de mobilier de complément Galéa : « Il s’agit pour nous d’une édition frustrante, parce que notre cible de clientèle n’a pas fait le déplacement, regrette Christophe Galéa son directeur général. Notre salon sera moins bon qu’en septembre dernier, mais il faut dire que la tendance du marché s’est retournée, la fréquentation en magasin est à la baisse. » Sur le plan de la chaîne logistique, le fabricant indique que la disponibilité des matériaux et les délais de transport se sont améliorés par rapport au cœur de la crise, sans retrouver cependant un fonctionnement et des niveaux de prix normaux. Une certaine déception était également perceptible chez le fabricant de mobilier contemporain rhônalpin Zago. « Pour nous, la fréquentation a été moins bonne qu’en septembre dernier, et nous n’avons pas senti la même dynamique que d’habitude, constate Thierry Favre, son directeur général. La conjoncture devient plus tendue, il y a une hausse des prix des matériaux et une réduction de nos marges, la question d’exposer deux fois par an à Maison&Objet se pose ». Pour contourner les tensions liées à la chaîne logistique, le fabricant évolue vers un sourcing plus européen, avec une nouvelle gamme en chêne massif et céramique fabriquée en Italie, et du placage de chêne en provenance du Portugal.

Les upcyclers colonisent l’espace Work !

Cette édition a également été marquée par la faible présence des fabricants de mobilier de bureau, habituellement présents dans le secteur Work ! du salon en septembre. Une absence qui pourrait s’expliquer par les difficultés rencontrées par l’immobilier tertiaire depuis la crise du Covid-19, qui a redistribué les cartes entre les espaces tertiaires, les tiers lieux et le home office. Mais, la nature ayant horreur du vide, cet espace du hall 6 a été investi par Domocité, le laboratoire d’innovation dans l’habitat durable de l’Ameublement français, et par une génération émergente d’acteurs du mobilier, les upcycleurs, qui ont pour caractéristique de créer des produits à partir de résidus issus de l’industrie, et conçus pour être facilement recyclables, dans une logique d’économie circulaire. C’est le cas par exemple de Maximum, qui a lancé sur le salon Bupo, un élégant bureau, proposé en différentes tailles, dont le plateau est réalisé avec une porte de bâtiment tertiaire, fraisée et cintrée, puis équipée d’un câblage pour y brancher tout type d’appareil nomade. La ressource disponible – des centaines de milliers de portes mises au rebut chaque année – et son design réussi en font un modèle de produit upcyclé. Autre nom émergeant de l’upcycling, Noma a pour ADN de sélectionner et magnifier les matériaux issus du recyclage en les associant à la créativité des designers dans un but similaire : réduire son empreinte environnementale. L’entreprise a mis en avant entre autres produits la gamme d’assises Laime, signée Charlotte Juillard, également siège de travail grâce à sa tablette associée, qui met en œuvre 42 % de matériaux recyclés, notamment de l’acier et de la mousse. Noma annonce qu’elle vient d’obtenir la certification « B Corp », attribuée aux entreprises ayant un modèle économique particulièrement responsable. Autre exemple, la jeune structure Kataba a exposé le luminaire Horizon, développé avec l’agence Saguez & Partners pour équiper la prestigieuse tour du même nom en construction sur l’île Seguin à Boulogne-Billancourt. Un objet très réussi, obtenu par le réemploi de tôles techniques issues du bâtiment, et par la technique du repoussage sur métaux associée à une finition avec peinture thermolaquée pour un bilan carbone remarquablement bas.

Soulignons pour finir les synergies de l’édition physique de Maison&Objet avec la Paris Design Week lors de l’édition de septembre, et avec le parcours « In the City » pour la prochaine édition de janvier, sans oublier la plateforme en ligne MOM, très présente sur les réseaux sociaux, qui en font une manifestation hybride adaptée aux nouvelles façons de communiquer et de faire du commerce.

[F. S.]

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[Zooms]

Les chiffres de Maison&Objet septembre 2022

> 56 688 visiteurs uniques en provenance de 147 pays

> 37 663 visiteurs français

> 21025 visiteurs internationaux

> Top 5 par pays visiteur (hors France) : Belgique, Italie, Pays-Bas, Allemagne, Royaume-Uni

> 2 269 marques exposantes de 66 pays

> 1 058 marques françaises

> 1 211 marques internationales

> Top 5 par pays exposant (hors France) : Italie, Pays-Bas, Belgique, Allemagne, Danemark

> Plateforme digitale MOM : 5 000 marques, 270 000 membres, 3 millions de visites par an dont 46 % de prescripteurs et 48 % de distributeurs.

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Zuiver, à l’avant-garde de l’économie circulaire

Exposant régulier de Maison&Objet, la marque néerlandaise Zuiver, créée en 2011, fait sans doute partie des industriels du meuble les plus engagés dans le développement durable. Pour réduire son impact sur l’environnement, l’entreprise s’emploie depuis 2020 à réduire l’utilisation de matières premières grâce à l’emploi de matériaux alternatifs – bouteilles en plastique, résidus de café ou encore plastiques recyclés issus des océans … – pour créer du mobilier design qui n’a rien à envier aux produits conventionnels. Dernier exemple marquant, la présentation sur le salon de la chaise Ocean, un produit polyvalent pour la maison ou le contract, conçu en collaboration avec le studio APE, basé à Amsterdam, dont la coque est entièrement fabriquée à partir de déchets plastiques récupérés dans nos océans. Le cadre est en acier 100% recyclable. Avec sa silhouette épurée et organique et ses cinq options unicolores (lait de coco, riz brun, sauge du désert, noir et, bien sûr, bleu océan), la chaise Ocean est l’amie de tous les intérieurs. Le développement durable est devenu un véritable projet d’entreprise pour Zuiver, qui s’est fixé à l’horizon 2030 de nouveaux objectifs : 49 % d’émissions de CO2 en moins, une réduction significative des ressources premières, des emballages entièrement recyclables et recyclés, et un passeport d’origine des produits avec des informations sur le sourcing des matériaux.

Chaise Ocean en plastique océanique recyclé (Zuiver).

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Flam&Luce, le luminaire inséparable du meuble

Créée à Paris en 2001, rachetée par son actuelle dirigeante Silvia Fernandes dix ans plus tard, Flam&Luce a rappelé sur le salon à quel point de luminaire est un territoire de création imprégné de tendances, à l’égal du meuble dont il est un complément indispensable dans l’univers de la décoration. L’éditeur a en effet exposé de nombreuses nouveautés, parmi lesquelles le bois est très présent, comme les collections Liam, qui associe le bois et le médium laqué, et Lio, dont les palettes en chêne, hêtre et noyer sculptent la lumière. Dans un registre ethnique, l’entreprise lance la lampe à poser Etiopia et le lampadaire Nairobi, teintés d’exotisme. Autres nouveautés, la collection Hugo en métal fait la part belle au laiton, tandis que la ligne Pop décline des lampes nomades de style contemporain avec télécommande. Flam&Luce jouit d’un savoir-faire hors pair en fabriquant l’intégralité de ses lampes artisanalement dans son usine d’Alcobaça au Portugal. La maison d’édition distribue ses produits dans plus de 90 pays, et notamment en France qui occupe une position historiquement très stratégique, à travers un réseau B2B de revendeurs. Flam&Luce fournit aussi bien les magasins de mobilier que les spécialistes de l’éclairage, cabinets d’architectes ou encore designers d’intérieur.

Lampe à poser Etiopia (Flam & Luce).
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