Workspace Expo : le mobilier de bureau, entre hybridation et développement durable
Avec deux mois et demi de décalage par rapport à son calendrier habituel, le salon du mobilier de bureau et des aménagements des espaces tertiaires Workspace Expo 2022 se déroulera à la Porte de Versailles du 30 mai au 1er juin prochains. Une occasion de découvrir comment les fabricants de mobilier de bureau s’adaptent aux nouvelles attentes des donneurs d’ordres, en termes de confort, d’ergonomie, mais aussi d’achat responsable.
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Rarement les espaces tertiaires et le travail de bureau auront été autant chamboulés que ces deux dernières années. Les remises en causes sont profondes : les confinements successifs ont imposé à des millions de salariés un télétravail auxquels ils n’étaient pas préparés… mais auquel bon nombre d’entre eux ont fini par prendre goût. Pendant des mois, le rythme de la journée de travail a changé du tout au tout : plus besoin de se lever à l’aube en raison d’une à deux heures de transport à l’aller et autant au retour pour rejoindre le bureau, possibilité de consacrer ce temps gagné à la vie de famille… d’où une moindre fatigue accumulée en fin de semaine, et la satisfaction de contribuer à la réduction de l’empreinte carbone des transports. Dans le même temps, le monde de l’entreprise a trouvé des moyens de poursuivre l’activité, en développant les échanges à distance, notamment sous forme de visioconférence. Une fois cette période de crise aigüe derrière nous, employeurs et salariés semblent s’accorder sur le fait que le « tout télétravail » n’est pas non plus une solution, car il est nécessaire pour maintenir la motivation des salariés, la cohésion des équipes, et un management digne de ce nom, d’entretenir des relations suivies sous forme présentielle. Voilà pourquoi, après deux années chaotiques, et comme bon nombre d’études le mettent en évidence, les souhaits exprimés par les employeurs et les salariés penchent en faveur d’une partie de la semaine en télétravail, et une partie dans l’entreprise – sans oublier le rôle des lieux de coworking – c’est-à-dire une hybridation des lieux de travail qui n’est pas sans conséquence sur l’aménagement des sièges sociaux.
Des nouvelles attentes qui se précisent
Workspace Expo s’ouvre donc dans un contexte de fortes mutations à la fois chez les employeurs et chez les salariés. L’offre du salon reflètera cette situation. Rappelons qu’elle avait réuni, lors de l’édition 2021, environ 300 marques, dont 130 internationales, ce qui en fait le salon annuel leader en Europe pour le design, le mobilier, et l’aménagement des espaces de travail. Quant aux visiteurs, ce sont en majorité des donneurs d’ordre et des prescripteurs, rattachés aux directions générales et directions des environnements de travail, directions des services généraux, directions des achats, ou encore directions des ressources humaines, au sein des entreprises industrielles ou tertiaires, et des administrations publiques et autres collectivités locales. Pour tous ces employeurs et aménageurs, les défis à venir sont grands. C’est ce que souligne Lyreco, l’un des leaders européens dans la distribution de produits et de services pour l’environnement de travail, avec un chiffre d’affaires d’environ 500 millions d’euros, 2 000 collaborateurs, et une présence dans 25 pays en Europe et en Asie, qui sera exposant sur le salon. « Avec les mutations profondes engendrées par la crise sanitaire, le travail s’est réinventé et, avec lui, les espaces qui lui sont dédiés. La maison s’est transformée en bureau et le bureau est devenu un lieu de destination vers lequel on ne vient plus par automatisme. Entre modularité, santé, bien-être et écoresponsabilité, il faut répondre au défi d’attirer les collaborateurs sur leur lieu de travail, primordial pour assurer la cohésion des équipes et la construction de la culture d’entreprise », peut-on lire dans le carnet de tendances 2022/2023 que le distributeur présentera sur le salon. Un document qui met en évidence quatre tendances majeures. Il s’agit tout d’abord de « Feel good », qui traduit l’idée que le bureau, à l’instar de l’hôtel, devient un lieu de destination et d’émotion. Autrement dit, les entreprises doivent donner aux collaborateurs l’envie de venir sur leur lieu de travail, en offrant du confort, du design, de la flexibilité, un niveau sonore maîtrisé, ou encore des services complémentaires comme conciergerie ou espace de détente. Deuxième tendance, « Stay Safe », correspond à l’idée qu’il faut privilégier la santé et le bien-être au travail, et se traduit par une lutte contre le mal de dos, les maux de tête, la fatigue oculaire et les troubles muscolosquelettiques, notamment par l’utilisation d’un mobilier ergonomique (bureau debout-assis en autres). Troisièmement, la tendance «Redefine » consiste redéfinir les espaces, en tournant le dos à la grande salle de réunion unique, au profit de zones dédiées tantôt aux réunions connectées, aux travaux collaboratifs, à l’isolement et concentration, une configuration où le bureau individuel conserve sa place, sous forme partagée. Enfin, Lyreco a aussi identifié une « Green attitude », qui se traduit par une végétalisation croissante des espaces de travail, et la volonté d’adopter une politique d’achats responsable, à travers du mobilier éco-conçu ou issu de la récupération, et des produits fabriqués en France. Lyreco s’associe d’ailleurs à la campagne Meublez-vous français de l’Ameublement français, et 58 % de son offre en mobilier 2022 est fabriquée en France.
De la modularité à l’hybridation
Pour répondre à ces attentes nouvelles, des solutions innovantes se font jour chez les fabricants de mobilier, comme le montre par exemple le concept Comma mis au point par Vitra, exposant pour la deuxième fois sur le salon, qui profitera de cette occasion pour le lancer officiellement sur marché français. Inspiré du principe de l’échafaudage, Comma est un mobilier de bureau totalement modulaire, et facilement configurable en assemblant six éléments de base pour construire postes de travail individuels ou groupés, séparés ou non par des parois acoustiques, alimentés ou non par un bloc connectique, mais aussi des rangements d’une portée de 40 cm à 2 m. Proposé dans une palette de couleurs, ce « mécano » peut être construit et déconstruit sans outils – au moyen d’une « griffe » – et il comporte un aspect économie circulaire, puisque les éléments verticaux – écrans de séparation, parois arrière des étagères – sont à base de plastique à usage unique revalorisé, et que les matériaux sont facilement séparables en fin de vie. Les aménageurs disposent ainsi d’un exemple de mobilier très flexible pour s’adapter aux activités multiples et aux effectifs variables au bureau.
Quant à l’hybridation des espaces de travail, autrement dit le fait qu’on retrouve de plus en plus, sur les lieux de travail, un mélange de mobilier professionnel qui est d’abord fonctionnel, et de mobilier domestique qui véhicule les codes et le confort de l’habitat, elle semble elle semble elle aussi en marche. Tel est le sens du « partenariat à long terme » que le fabricant de mobilier danois domestique BoConcept et le groupe américain Haworth, l’un des leaders mondiaux du mobilier de bureau, viennent de signer en mars dernier. Dans le cadre de ce partenariat, les produits BoConcept – caractérisés par un design danois « haut de gamme et abordable » – intègrent l’offre de Haworth, diffusée dans le monde entier par un vaste réseau de distributeurs, ce qui va permettre à la marque danoise d’accéder à un nouveau portefeuille de clients B to B. Dans le même temps, les synergies entre les deux marques vont permettre au nouvel ensemble de mieux répondre aux attentes des entreprises tertiaires. « Le partenariat BoConcept-Haworth est une alliance puissante qui réunit deux leaders internationaux du mobilier ayant des valeurs et une histoire communes. Les nombreuses solutions de personnalisation et les fonctionnalités des produits BoConcept, combinées au vaste réseau de clients de Haworth et à sa connaissance du secteur, nous permettent de transformer les espaces de travail en lieux extraordinaires, tout en stimulant la croissance de notre marque sur de nouveaux marchés », déclare Mikael Kruse Jensen, PDG de BoConcept. Le groupe Haworth, qui a réalisé 2,3 milliards de $ de chiffre d’affaires en 2019 – et BoConcept – 1,2 milliard de couronnes danoises sur le dernier exercice – attendent de ce rapprochement un nouveau bond en avant de leur activité. Dans le même mouvement, on peut aussi évoquer le récent rachat de Knoll, après de nombreux autres éditeurs domestiques, par le groupe Herman Miller (mobilier de bureau). L’hybridation sera aussi au centre de l’Espace Tendances, à découvrir sur Workspace Expo 2022, qui a demandé à l’architecte Karl Petit de concevoir un espace sur le thème « La maison au bureau ».
Le développement durable de plus en plus présent
Sans surprise, le développement durable, qui est à l’œuvre sous la forme d’une imprégnation lente pour toute l’industrie du mobilier, sera aussi très présent dans les thématiques du salon. Pour citer un exemple en amont de la filière, Cider, qui figure parmi les fabricants français les plus créatifs dans le mobilier de bureau, s’est engagé dans le programme Reforest’Action, en contribuant à la replantation de 17 600 arbres afin de restaurer nos forêts, indispensables pourvoyeuses de CO2. Cette action permet à cet important transformateur de matériaux à base de bois de contribuer au renouvellement de la ressource, notamment au Bois de la Côte de Rogerville (Saint-Aubin Routot, Seine-Maritime), où ont été plantés 15 600 chênes sessiles, hêtres communs, érables sycomores et douglas, ou encore au Bois de Chaumesnil (Aube), où ont été plantés 2000 arbres, avec de nombreux bénéfices comme la protection des sols, la défense de la biodiversité et une contribution à la lutte contre le réchauffement climatique. En aval de la filière cette fois, le salon accueillera un nouvel acteur du mobilier de bureau, Bluedigo, qui a pour activité l’aménagement des espaces de travail avec du mobilier de réemploi, qu’il récupère à grande échelle lors des déménagements de sièges sociaux, complété par du mobilier neuf éco-conçu. Véritable pionnier de l’économie circulaire, ce nouveau label expliquera sur son stand comment il peut proposer du mobilier de grandes marques – Steelcase, Haworth, Hermann Miller, Vitra… – de seconde main, avec des conditions avantageuses, et aider ainsi les donneurs d’ordre à remplir leurs obligations en matière de RSE, récemment renforcées par la loi AGEC (anti-gaspillage et économie circulaire). L’environnement sera aussi au coeur du cycle de conférences proposé par le salon, avec notamment une conférence sur la REP Produits et Matériaux de Construction du Bâtiment (PMCB), en complément de nombreuses interventions sur les mutations de l’immobilier tertiaire et des aménagements des espaces de travail.